Les Quatre Saisons (Merrill)/Chanson

Les Quatre SaisonsSociété du Mercure de France (p. 36-37).

CHANSON

Je ne sais pas pourquoi mon cœur
Est triste comme un tombeau vide
Sous cette aube où la joie avide
Chante avec la vie ivre en chœur.

Quand donc finira cette route ?

J’ai ri, comme un enfant, trop fort,
Lorsque du seuil des maisons closes
J’ai vu qu’on balayait les roses
Avec le geste de la mort.


La poussière a caché la route.

Je crois que je connus jadis
Celle, la seule, qui fut belle,
Et, depuis, mon âme rebelle
Rêve à la fille du roi d’Ys.

L’aube est rose au bout de la route.

C’est ce matin marché aux fleurs
On chantent les filles fluettes ;
Faut-il, pour de vaines bluettes,
Passer comme un poète en pleurs ?

Quelqu’un va mourir sur la route.