Les Quarante Médaillons de l’Académie/33

XXXIII

M. FLOURENS

C’est de la science en papillotes. Délicieux pour les petites filles du Sacré-Cœur. Qui sait ? Les petits garçons, qui deviennent si forts, le trouveraient peut-être un peu faible. M. Flourens est le Petit-Poucet, non mangé, mais pondu par Buffon. Quelqu’un, que je ne nommerai pas, l’appela un jour Buffonnet, pour lui être agréable, mais je ne crois pas qu’il ait senti le compliment. C’est le plus naturaliste des littérateurs, et c’est le plus littérateur des naturalistes. Aussi est-il des deux Instituts, corbleu ! Très-agréable anecdotier scientifique, qui, comme ce diogénique M. Babinet, bien plus amusant dans le capharnaüm de son appartement que dans ses livres, met la science à la portée de ceux qui ne savent absolument rien. Ils sont, l’un et l’autre, de vocation, professeurs de tous les MM. Jourdain de la terre, lesquels crient en les écoutant : Vive la science ! du fond de leur ânerie. Engageant, insinuant, émérillonné, M. Flourens, qui a l’esprit léger, ne craint pas de faire Turlututu à la Science majestueuse, comme s’il revenait de Saint-Cloud, et de compromettre sa gravité par des thèses paradoxales, qui s’élèvent, sans trembler, jusqu’au ridicule. (Voir sa Longévité.) M. Flourens est le plus joli gazon de l’Académie. Je parle des gazons ! La plus jolie perruque sur une tête fine. Ce n’est pas cette perruque-là, trouvée au coin d’une borne, que Frédérick-Lemaître, le créateur, brimballe au bout de son crochet (dans le Chiffonnier) et précipite dans sa hotte, en disant avec l’emphase d’un comique gigantesque :


académie françoise !


Déplacé donc par l’esprit, la vie, les manières aimables et la perruque, à l’Académie, c’est le comble de la séduction et du mystère qu’il y soit entré. Comment s’y est-il pris ?

Il devrait bien le dire à M. Jules Janin !