Les Quarante Médaillons de l’Académie/10
X
M. DUPIN
On l’a appelé le Faune grêlé du Morvan. Si cela est, je plains les Nymphes de ses montagnes. La petite vérole est la seule ressemblance qu’il ait avec Mirabeau. Mais pourquoi, diable, dites-le-moi, est-il donc de l’Académie ? Elle se dit française et il ne sait pas un mot de français. Quels sont ses titres ? Sont-ce ses Mémoires à consulter ? Ils ont été payés et même assez cher. D’ailleurs, ils sont en morvanais ! Sont-ce des mercuriales d’audience ou des réquisitoires, toujours en morvanais ?… Est-ce la généreuse et grandiose rédaction du testament de Louis-Philippe ?… Sont-ce enfin des Manuels de théologie gallicane ? Il n’a pas même la prétention, si commune à ceux-là qui le sont le moins, d’être un homme de lettres, et il est le contraire. C’est un avocat. M. Dufaure, qui n’est qu’un avocat non plus, et même un avocat qui parle du nez, se croit une tête philosophique. M. Berryer se croit presque un grand seigneur… M. Dupin, lui ! ne se croit pas même un homme politique. Il ne veut être et n’est qu’un avocat. Patru l’était, je le sais bien, mais Patru aimait la langue française ! Mais vous figurez-vous Patru, lourdaud, pataud et en patois ?…