Les Quarante Médaillons de l’Académie/09
IX
M. SYLVESTRE DE SACY
Un éplucheur d’éditions, un écrivain-Techener, qui n’écrit pas de notices, mais des notules : l’infiniment petit dans le sec ! Quand, les jours de dimanche, il se permet l’article au Journal des Débats il est plus long, mais il est sec toujours. Dans quoi faudrait-il le tremper pour qu’il devînt onctueux ? D’ailleurs, pour lui, sécheresse c’est noblesse. N’est-il pas Sacy ? N’appartient-il pas à une famille de jansénistes et à la tradition de cette maison de Port-Royal, qui n’a jamais donné un livre coloré et chaud à la France : car les Pensées de Pascal sont dues à la colique de miserere que l’idée de l’enfer donnait à cette grande imagination, impossible à dompter, même au jansénisme ! M. de Sacy a hérité de l’écritoire de plomb de ses pères. Il a édité l’ennuyeux Nicole. « Les attractions, disait Fourier, sont proportionnelles aux destinées. »
Au Journal des Débats, M. de Sacy passe pour le plus honnête homme de France, mais il manque d’agrément, même pour les Débats. C’est un père noble de la rédaction, qui écrit sa tartine comme feu Desmousseaux (de la Comédie-Française) disait sa tirade. Sa vertu, que je ne nie point, n’a pourtant rien d’intraitable. Dernièrement, dit-on, les sollicitudes de la paternité ont adouci son austérité politique, et le rédacteur des Débats a très-bien accepté les faveurs de l’Empire. C’est le contraire d’Hippolyte, dans Phèdre :
Jeune, charmant, mais fier, et même un peu farouche !