Les Poètes du terroir T I/Champagne, Chansons populaires

Les Poètes du terroir du XVe au XXe siècleLibrairie Ch. Delagrave Tome premier (p. 525-528).
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CHANSONS POPULAIRES



CHANSON COMPOSÉE À LANGRES
CONTRE LES HABITANTS DE CHAUMONT-EN-BASSIGNY

Ay[1] Langres y fait frod[2], dit-on ;
Mes y fait chaud ay Chaumont.
Car quand la bise ay vlu rentey[3]

Pour mieux l’attrappey,
Et l’einpochey[4] d’entrey,
Les pothes[5] y ont fait fromey[6]

Ay Chaumont, ay la Saint-Jean
Lay musique ç’ay du pien chant[7].
Stu[8] que fait la basse est obligey,

Pou grossir sa voix
Et pou mieux chantey,
To lé jo[9] d’salley baigney.

(Recherches sur l’histoire du langage et des patois de Champagne, par Tarbé.)


LA PETITE BUCHERONNE DES ARDENNES


J’ai pris ma jolie serpette [10],
Lire, lire et lire,
Au vert bois j’m'en suis allé,
Lire et lire au gué.

Je pensais être seulette,
Lire, lire et lire,
Un galant j’y ai trouvé,
Lire, etc.

Il m’a demandé : « La belle,
Lire, etc.,
Votre fagot est-il fait ?
Lire, etc.

S’il n’est pas fait, allons le faire,
Lire, etc.
Je serai votre valet. »
Lire, etc.

— J’aimerais mieux être morte,
Lire, etc.
Enterrée, empoisonnée,
Lire, etc.

Que d’avoir donné mon cœur,
Lire, etc.
À un si fier mirgalet,
Lire, etc.

Je le donnerai à un autre,
Lire, etc.
Qui saura mieux ce que c’est,
Lire, etc.


LA BELLE DE GRANCEY

Au beau pays de Grancey,
Qu’est l’pays que j’habitais,
Y avait trois gentilshommes
Qu’étaient amoureux d’mé.

O vertingué, o sis min fé
Et ioup, ioup, isup, e ioup min fé,
Ah ! ah ! qu’étaient amoureux d’mé,
In’dor’, in’dor’, ioup, ioup, ioup,
In’dor’, in’dor’, ioup min fé.
Y avait trois gentilshommes
Qu’étaient amoureux d’mé :

L’un était l’fils d’un prince,
L’autre était l’fils d’un rẻ.
O vertingué, etc.

L’un était l’fils d’un prince,
L’autre était l’fils d’un ré ;
Le troisième était comte,
Qu’était celui qu’j’aimais.
O vertingué, etc.

Le troisième était comte,
Qu’était celui qu’j’aimais.
Il avait une bague,
Il me la mit au dè.
O vertingué, etc.

Il avait une bague
Il me la mit au dè
En m’disant : Ma mignonne,
J’sis amoureux de tè.
O vertingué, etc.


LES GARÇONS D’AMBLY[11]


<poem>
Les garçons d’Ambly,
En revenant de Vêpres,
Se disent l’un à l’autre :
Où irons-nous aux veilles ?
Marchons, la la la la la,
Sur la jolie herbette.

Se disent l’un à l’autre :
Où irons-nous aux veilles ?
Nous s’en irons aux veilles
Là où sont les plus belles.
Marchons, etc.

Nous s’en irons aux veilles
Là où sont les plus belles,
Buquer à la fenêtre.

Ouvre la porte, la belle.
Marchons, etc.

Buquer à la fenêtre.
Ouvre la porte, la belle.
Quand la porte fut ouverte,
La belle se mit à braire,
Marchons, etc.

Quand la porte fut ouverte,
La belle se mit à braire.
Dépliant un mouchoir
Sentant la violette,
Marchons, etc.

Dépliant un mouchoir
Sentant la violette.
Aux quat’coins du mouchoir,
Quatre nouds d’amourette.
Marchons, etc.

Aux quat’coins du mouchoir,
Quatre nouds d’amourette ;
Au milieu du mouchoir,
Le cœur de la fillette.
Marchons, la la la la la,
Sur la jolie herbette.



  1. A.
  2. Froid.
  3. <A voulu rentrer.
  4. L’empôcher.
  5. Portes.
  6. Fermer.
  7. Plain-chant.
  8. Celui.
  9. Tous les jours.
  10. Cette chanson et la suivante sont extraites du Romancero de Champagne d’Edmond Tarbé (Reims, s. n. d’éd., 1863-1864, 5 vol. in-8o). Elles figurent au tome II de cet intéressant ouvrage, parmi un
    grand nombre de pièces du même genre.
  11. Cette chanson, recucillic à Ambly, a été publiée dans l’ouvrage d’A. Meyrac : Traditions, Coutumes, Légendes et Contes des Ardennes ; Charleville, 1890, in-4º.