Les Poètes du terroir T I/Bretagne, notice

Bretagne, noticeLibrairie Ch. Delagrave Tome premier (p. 331-342).

BRETAGNE

LEONAIS, CORNOUAILLES, TRÉGORROIS, LANNONAIS,
VANNETAIS, ANCIEN DUCHÉ DE PENTHIÈVRE,
HAUTE BRETAGNE PROPREMENT DITE, PAYS DE COISLIN,
PAYS DE RETZ, ETC.


Terre de granit recouverte de chênes, selon l’expression du poète, la Bretagne dépend tout entière de sa configuration géographique. L’Océan est son maître, un maître dur, irascible, qui lui a imposé ce nom, de forme gaélique, Armor, ou Pays de la mer. « Triangle formidable, a-t-on écrit[1], appuyant sa base aux collines du Maine et aux ondulations de la Touraine, mordu par la mer aux deux flancs, dans la baie du Mont Saint-Michel et dans la large échancrure précédant la Loire, — l’Armor présente aux flots rongeurs les doux longs remparts bastionnés de rochers des Côtes-du-Nord et du Morbihan et jette en avant, en un corps-à-corps prodigieux, le massif puissant du Finistère, creusé de deux larges baies, hérissé de trois caps et demi-vaincu par les eaux, demi-vainquour de leur effort, faisant face à l’ouest, à la grande colère du large, au libre Atlantique déchaîné.

« Solide ossature interne, deux chaînes parallèles, mais rudes, sauvages, massives, s’allongent dans le sens de l’occident venant mourir, monts d’Arrée et montagnes Noires, avec le triple sommet du chauve et dénudé Menez-Hom, tout au bout du Finistère. Entre les deux, une faille où serpentent des eaux.

« Au nord, un pays ondulé, crénelé de pointes rocailleuses, mordu de grèves immenses, pays assez bas, sans grandes falaises, mais infiniment déchiqueté, — Trégorrois, Lannionais, pays de Léon : bon terroir à champs de sarrasin, à pâturages pour chevaux, à culture de pommiers, à taillis et futaies, restes des forêts de la légende.

« Au sud, un pays assez plat également, entamé de la profonde déchirure du Mor’bihan, la petite mer, riche, fertile plus encore, avec des côtes basses formidablement armées d’écueils à Pen’marc’h, merveilleusement chevelues de pins à la baie de la Forêt.

« A l’ouest, le trident farouche par quoi se terminent le Léonois et la Cornouailles, extrémité de l’Europe, aboutissement du monde, pays de l’horreur et de la désolation, ossature rocheuse sur laquelle le vent de la mer a tué toute végétation tandis que l’âcre baiser des embruns de tempête en stérilisait le peu de terre végétale qu’y ont laissé les ouragans : Pointe de Saint-Mathieu-Fin-de-Terre (Loc-Mazé-Pen-ar-bed) avec son avant-garde Ouessant, l’Île de l’Epouvante, Molène, Béniguet, archipel sinistre que bat le terrible courant Fromvour et le phare des Pierres-Noires : presqu’île de Crozon avec ses roches géantes des Tas de Pois, sa meute effroyable des écueils du Toulinguet, son cap menaçant de la Chèvre ; — pointe du Raz avec son morne cimetière de la baie des Trépassés, grève sinistre, et sa sentinelle farouche, l’Île de Sein, l’île druidique des Sept-Sommeils, les rochers des Chats et le phare de Tevennec. »

Voilà pour le coté pittoresque et descriptif. Examinons maintenant le caractère historique de cette province. Quand, à la suite de César, les légions romaines franchiront les Alpes pour venir soumettre le peuple celte, elles se brisèrent à la résistance armoricaine. Le sol conquis, c’est en vain que le vainqueur s’employa à imposer ses mœurs et à faire prédominer son langage. Au contraire, il subit l’influence des populations, à tel point qu’on n’est guère surpris de voir cette immense colonie latine gouvernée au vie siècle par des chefs originaires du pays. Race attachée fortement à ses traditions, à ses dialectes, le Breton ne sacrifia rien de son indépendance. Ni l’invasion normande au xie siècle, ni la croisade de 1245 et les querelles sanglantes entre les deux maisons de Blois et de Montfort, ni l’annexion à la couronne en 1532, ne parvinrent à le réduire. Lutte incessante et obstinée, telle apparaît son action à travers les siècles. Nous le trouvons aujourd’hui tel qu’hier, ayant conscience de sa destinée et gardant farouchement le patrimoine des ancêtres. Non qu’il méconnaisse le principe d’évolution, mais fonciérement individualiste, s’il se donne, c’est pour se reprendre ensuite.

La Révobition, en ôtant a la Bretagne ce qui lui restait de ses libertés anciennes, divisa, morcela cette « terre du passé », mais ne parvint point à ruiner son esprit original. Ce dernier a subi des modifications, mais il persiste à peu près intégralement. Il a, pour s’affirmer, un instrument unique : sa langue, dont l’origine remonte au temps des invasions saxonnes (vie siècle de notre ère). L’idiome celtique, répandu sur divers points du territoire armoricain, se divise en quatre dialectes : trégorrois, léonais, dialecte de Cornouailles, vannetais, celui-ci assez différent pour qu’il soit difficile à un Breton de Quimper de comprendre un Breton de Vannes. Il appartient au groupe linguistique qu’un savant professeur, M. J. Loth, divise en deux rameaux : le gaëlique et le breton proprement dit. Au gaélique se rattache l’irlandais, l’écossais des Highlands et le dialecte de l’île de Man ; au breton, le gallois, le cornouaillais et le breton armoricain[2].

la bretagne

« La limite des deux langues — écrit M. J. Loth — va de Plouha (près de la Manche) à l’embouchure de la Vilaine, englobant dans le domaine du breton, Guingamp, Pontivy, Locminé, Vannes. Il y a un siècle ou deux, on parlait breton dans une grande partie de la péninsule de Guérande ; on ne le parle plus de ce côté que dans quelques hameaux avoisinant Batz. Il y a donc encore peu de temps, le breton dominait sur toute la côte sud, à peu près jusqu’à l’embouchure de la Loire. On remarquera que la ligne de démarcation fléchit considérablement vers l’ouest, à l’intérieur, et que sur la côte nord le breton a perdu à peu près toute l’étendue des anciens évêchés de Saint-Brieuc, Saint-Malo et Dol[3]. »

Il y a deux époques distinctes dans l’histoire de la culture bretonne ; l’une, héroïque, précédant la Révolution et l’Empire ; l’autre, contemporaine, s’inspirant de Brizeux et acquérant son plus grand développement en 1889, avec la publication du Parnasse Breton, de M. Louis Tiercelin : toutes deux également traditionnelles et dignes d’être observées tour à tour. On l’a dit, le véritable titre littéraire de la Bretagne, c’est sa merveilleuse collection de légendes et de chansons populaires. Son mérite le plus sûr, ajouterons-nous, c’est d’en avoir perpétué le souvenir. Œuvre considérable, qui s’est accrue avec les ans, qui s’accroît chaque jour de nouvelles découvertes, la poésie d’expression celtique est le plus souvent orale, et partant anonyme. Ses premiers monuments ne sont peut-être pas aussi anciens qu’on l’a cru, mais ils se distinguent de toutes les compositions du même genre, recueillies sur le sol de la vieille France, par une saveur archaïque, une puissance évocatoire qu’on serait eu peine de trouver ailleurs.

« Une seule province, écrivait en substance George Sand (Promenades autour d’un village, p. 206), est à la hauteur de ce que le génie des plus grands poètes et celui des nations les plus poétiques ont jamais produit. Nous voulons parler de la Bretagne. » En 1836, Émile Souvestre évaluait le nombre des textes originaux réunis à huit ou dix mille. Les travaux récents des folkloristes et des philologues prouvent qu’il était loin d’en avoir fixé le chiffre exact.

Peu de témoignages des premiers âges sont parvenus jusqu’à nous. Ce n’est qu’à partir du xvie siècle que les bardes bretons ont commencé à imprimer sur des feuilles volantes leurs gwerzious et leurs sonious, que colportaient, de pardon en

[4] pardon, les chanteurs ambulants. Au xviie et au xviiie siècle, la production littéraire devient très intense, sans que l’on parvienne à rien connaître des auteurs de ces mélopées, complaintes, fantaisies, etc., qui révèlent d’une manière si saisissante l’âme de la race. Il semble que c’est là un apport mystérieux dos foules plutôt qu’une création d’art. Un nom seul domine cette première période : celui de Michel le Nobletz de Kéroden, écrivain populaire qui, vers la fin du xvie siècle, tenta de faire échec au courant français établi par le gouvernement d’Île-de-France. Michel le Nobletz allait de ville en ville, prêchant le retour aux idées celtiques, déclamant des poèmes de sa composition, dont les copies se vendaient par milliers. Son succès fut assez grand pour lui valoir des disciples qui, après sa mort, continuèrent son œuvre[5]. Action vaine, qui ne devait pas avoir de lendemain. Quelques villages seulement tentèrent de soulever le joug. Le réveil de l’âme celtique devait avoir lieu beaucoup plus tard. Au début du xixe siècle, Le Gonidec, Brizeux, Émile Souvestre, La Villemarqué, s’employèrent à la résurrection de l’art provincial. D’autres les suivirent : Luzel, Anatole Le Braz, Narcisse Quellien, etc. Parmi les premiers, il en est un qui mérite une place à part, non point seulement a cause de sa contribution à la renaissance poétique, mais parce que son bagage, après avoir connu l’engouement du public et des savants, est renié aujourd’hui par ceux-là mêmes qui devraient lui reconnaître une sorte de priorité. Nous avons nommé le vicomte Hersart de La Villemarqué. Lorsque, en 1838, il publia le Barzaz Breiz (Le Barde de Bretagne), il était loin de se douter que ce recueil de chants populaires aurait un tel retentissement et provoquerait par la suite tant de colères et de violences. Nous n’avons ni le loisir ni la compétence nécessaires pour intervenir daus une querelle qui a trop duré. L’œuvre de La Villemarquc n’est pas pure, nous en convenons, mais elle a concouru plus qu’aucun ouvrage d’érudition au développement de la pensée celtique. Outre cela, elle offre de telles beautés qu’on est tenté de passer condamnation au génie de son collecteur. Les recueils de gwerzious et de sonious formés plus tard par Luzel et continués par M. Anatole Le Braz, bien que d’une incontestable authenticité, sont loin de valoir le Barzaz Breiz. Sans La Villemarqué, connaîtrions-nous les merveilleuses ressources de la poésie celtique ? Sans La Villemarqué, y aurait-il jamais eu cette renaissance du bardisme dont tout Breton a lieu de s’enorgueillir ? Qui se soucierait des vieux « bretonnants » du dernier siècle : Jean le Guenn, l’aveugle de Tréguier[6], Guill.-René de Kerambrun[7], Prosper Proux, « le mieux doué de tous les bardes de Cornouailles[8] », Jean-Marie Le Jean[9], Jean-Pierre Le Scour[10] (nous en passons, et des meilleurs), et cet Olivier Souvestre, auteur d’un chef-d’œuvre épique : Le Roi Gralon et la ville d’Is[11]. Sans La Villemarqué Brizeux eut-il jamais accordé la Harpe d’Armorique (Telen Arvor) et fait vibrer les distiques d’airain de Sagesse de Bretagne (Furnez Breiz) ? Nous posséderions, certes, ce beau livre d’Émile Souvestre, Les Derniers Bretons, ainsi que la Grammaire celto-bretonne et les Dictionnaires de Le Gonidec[12] ; mais pourrions-nous joindre aux recueils théoriques un véritable trésor de lyrisme et de tradition locale ? Et c’est d’autant vrai, l’exemple de La Villemarqué aura été si fécond, que les plus dociles imitateurs de Brizeux n’auront fait que s’inspirer des anciens concepts armoricains. Brizeux lui-même, si original et si pénétrant, Brizeux le plus grand des poètes bretons et le fondateur de toute renaissance provinciale, n’aura pas échappé à linfluence du Barzaz Breiz. Il lui devra cette sorte d’exaltation mystique qui ne sera pas l’une de ses moindres qualités d’artiste.

Qui osera maintenant détacher un anneau — fùt-il de provenance douteuse — de la chaîne traditionnelle ?

Dirons-nous après cela les mérites de la littérature bretonne d’expression française ? Tâche stérile, objecteront dédaigneusement quelques-uns. Pourtant, il y a là une idée de beauté, indépendante de toute école, et qui ne doit rien aux formes dont elle s’est revêtue. Ne suffit-il point que les mots éprouvent une atmosphère inaccoutumée et subissent l’empreinte des races pour qu’ils deviennent soudain des motifs émotionnels ? Nous connaissons par le menu l’œuvre du siècle qui nous précéda, mais nous n’osons nous flatter d’en avoir donné un tableau complet et fidèle, tant la production poétique est abondante. Cette réserve n’existe point pour les époques antérieures. Jusqu’au xixe siècle les poètes français sont si peu nombreux en Bretagne qu’au cours de près de quatre cents ans c’est à peine si nous relevons cinq noms dignes de mémoire. On nous représentera vainement qu’il en est d’autres qu’un ouvrage récent a mis en lumière[13]. Parce qu’un écrivain est né sur la terre bretonne, il ne s’ensuit pas nécessairement qu’il soit représentatif de cette province. Il est des exemples contraires. Parmi les auteurs du xviie siècle on s’est plu à signaler : Nicolas Dadier, François Auffray, Paul Hay du Chatelet, René de Ceriziers, Philippe Le Noir, du Bois Hus, Jean de Montigny, l’abbé de Francheville, qui sais-je encore ? C’était montrer plus de complaisance que d’esprit critique. Versificateurs qui ne se recommandent ni par l’esprit ni par la langue ou l’imagination, ces derniers appartiennent trop souvent au sillage laissé par un écrivain notoire, ou bien se rattachent à la décadence d’une école. Les uns sont renaissants après Ronsard, précieux avec les beaux esprits : les autres se montrent élégiaques ou didactiques, selon la fortune du temps. Il en est enfin qui ne se recommandent de rien ni de [12] personne, mais qui n’en demeurent pas moins fort médiocres. François-Séraphique Bertrand, avocat nantais, le trop fameux abbé de La Murre, Sainte-Foix lui-mème, Pierre Ginguené, aw xviiie siècle, comptent parmi ceux-là[14].

En fait, la poésie bretonne, telle qu’on la connaît, date des premieres années du xixe siècle. Que de noms à mentionner si l’on veut être complet ! Elle languit avec François Duault (1757-1833) ; Théopbhile-Marie Laënnec (1747-1836) ; Jean-Marie de Penguern (1776-1843) ; Edouard Mennechet (1794-1845) ; Ernest Fouinet (1799-1845) ; Dubois de Bcauchesne (1802-1890) : Eugène Lambert (1803-1879) ; Achille du Clésieux (1806-1893) ; Raymond du Doré (1807-1893) ; Pontavice de Heussey (1814-?) ; l’infortuné Auguste Le Bras (1816-1830) ; Charles Alexandre (1821-1871) Robinot-Bertrand (1833-1885), etc., vingt autres encore qu’on trouvera plus loin, et ne prend son essor qu’avec les romantiques et ces derniers venus : Louis Tiercelin, Anatole Le Braz, Tristan Corbière, Charles Le Goffic, etc.

Depuis la publication du Parnasse breton contemporain[15], lequel devait marquer une étape et réaliser les ressources d’une génération impatiente de se produire, elle s’est peu renouvelée, ce qui revient à dire qu’elle n’a pris qu’une faible revanche sur un passé médiocre et qu’elle a dédaigné tout brevet d’originalité. Aussi bien est-ce une chose singulière à observer que sa monotonie et la tristesse de son expression, où domine une étroite formule mystique. C’est à croire qu’elle n’a rien connu de toutes nos angoisses littéraires, et que des clichés lui suffirent pour transmettre ses joics et ses douleurs, sa résignation et son espoir. Cette insensibilité, ou plutôt cette indigence, étonne et déconcerte. Pourtant son sol est divers, impressionnant à l’exces. Il autorise toutes les audaces. Ah ! qui nous donnera le grand poète de ces landes solitaires, de ce sol de granit, de ces côtes rocheuses où tous les paysages se confondent, où tous les éléments se heurtent et se combinent sous la voix formidable de l’Océan[16] ?

Pour terminer, quelle place assignerons-nous, dans la poésie bretonne, au génie féminin, seul capable, assure-t-on, de noter le caprice du flot et de rendre la grâce touchante de certains aspects du terroir ? Hélas ! quoi qu’il nous en coûte à l’avouer, nous ne sommes pas dupe de la complaisance de quelques-uns envers de pauvres muses provinciales. Depuis le xvie siècle, la Bretagne a eu des poétesses. Elle peut fournir les noms d’Anne de Rohan, de Marie Desroches, de Mme Desormery (Louise Galliot-Desperières), de la princesse de Salm-Dyck, de Mlle Dudrezène, de la touchante Elisa Mercœur, de Sophie Ulliac Trémadeure, de Mélanie Waldor, de Mesdames Sophie Hüe, Léocadie Penguer, Adeline Riom, etc. mais parmi ces dernières combien y en a-t-il qui, par leur talent, l’aient réellement honorée ? Aux critiques d’en décider. Pour nous, il en est deux qui ont su éviter la médiocrité : encore n’ont-elles presque rien fait voir des qualités qui constituent le vrai poète breton. Elles se nomment Mélanie Waldor et Elisa Mercœur[17]

Bibliographie. — Paul-Yves Pezron, Antiquités de la nation et de la langue des Celtes, 1703. — Pelloutier, Histoire des Celtes, 1740. — Jacques Le Brigant, Observations fondamentales sur les langues anciennes et modernes, 1787. — La Tour d’Auvergne, Recherches sur la langue, l’origine et les antiquités des Celto-Bretons de l’Armorique, an V. — Cambry, Voyage dans le Finistére, rapport sur l’état matériel et moral des populations de ce département (adressé au Directoire en 1794), Paris, an VII, 3 vol. in-8o. — Le Gonidec de Traissan, Dictionnaire français-breton, 1807 ; Miocec de Kerdenet, Notices chronologiques sur les théologiens, jurisconsultes, philosophes, artistes, littérateurs, etc., de la Bretagne, etc. ; Brest, Michel, 1818, in-8o. — Chevalier de Fréminville, Antiquités de la Bretagne, 1832-1837, 4 vol. in-8o. — L. Kerardven [L. Dufilhol], Guionvach’, études sur la Bretagne, Paris, Ebrard, 1835, in-8o. Émile Souvestre, Les Derniers Bretons ; Paris, Charpentier, 1835-1836, et Calmann-Lévy, 1854, 4 vol. in-12 ; En Bretagne ; Paris, Calmann-Lévy, 1867, in-12. — Hersart de la Villemarqué, Barzaz Breiz (Chants populaires de la Bretagne), 10e édit., Paris, Perrin, 1903, petit in-8o. (Du même, Contes popul. des anciens bretons ; Paris, W. Coquebert, 1842, vol. in-8o ; L’Avenir de la langue bretonne ; L’Hermine, 20 août 1901.) — Arm. Guérin, Bretagne ; Paris, Masgana, 1842, in-8o. — E. Gautier, Bibliothéque générale des écrivains bretons, 2e partie ; Brest, imprim. J.-B. Lefournier, 1850, in-8o. — P. Levot, Biographie bretonne ; Vannes, Caudéran, 1852-1853, 2 vol. in-4o. — Docteur A. Fouquet, Légendes, Contes et Chansons populaires du Morbihan ; Vannes, Caudéran, 1857, in-12. — Eug. Loudun, La Bretagne ; Paris, Brunet, 1861, in-12. — C. d’Amezeuil, Legendes bretonnes, souvenirs du Morbihan ; Paris, Dentu, s. d. (1863), in-12. — F.-M. Luzel, Gwerziou Breiz Izel (Chants populaires de la Basse Bretagne) ; Lorient, Corfmat, 1868-1874, 2 vol. in-8o ; De l’Authenticité des chants du Barzaz Breiz ; Paris, Franck, 1872, in-8o. — O. Pradère, La Bretagne poétique ; Paris, Libr.  générale, 1872, in-8o. — René Kerviler, La Bretagne à l’Académie française, xviie et xviii{{e} siècles ; Paris, Palmé, 1879-1889, 2 vol. in-8o ; Répertoire général de bibliographie bretonne, Rennes, J. Plihon et Hervé, 1886-1903, in-8o. — A. La Borderie, Archives du bibliophile breton ; Rennes, Plihon, 1880, in-18, t. Ier. — P. Sébillot, Littérature orale de la Haute Bretagne ; Paris, Maisonneuve, 1881, in-12 ; Traditions et Superstitions de la Haute Bretagne ; ibid., 1882, 2 vol. in-8o ; Coutumes populaires de la Haute Bretagne ; ibid., 1883, in-8o. Voyez en outre : Sur les limites du français et du breton, Paris, Hennuyer, 1878, in-8o. — H. Gaidoz et P. Sébillot, Bibliographie des traditions et de la littérature populaire de la Bretagne (extrait de la Revue celtique), Nogent-le-Rotrou, 1882, in-8o. — E. Rolland, Chansons de Bretagne, Almanach des traditions populaires, 1882. — J. Loth, L’Émigration bretonne en Armorique ; Paris, Picard, 1882, in-8o ; Chrestomathie bretonne, etc., t. Ier, Paris, Bouillon, 1890, gr. in-8o — L. Decombe, Chansons populaires recueillies dans le département d’Ille-et-Vilaine ; Rennes, Caillière, 1884, in-16. — Anthologie des poètes bretons du dix-septième siècle, publiée par S. Halgan, le comte de Saint-Jean, O. de Gourcuff et René Kerviler, Nantes, société des Bibliophiles bretons, 1884, in-4o. — Adolphe Orain, Glossaire du département d’Ille-et-Vilaine, etc., 1886, in-8° ; Le Folklore de l’Ille-et-Vilaine ; Paris, Maisonneuve, 1897, 2 vol. in-8o ; Chansons de la Haute-Bretagne ; Rennes, Caillière, 1902, in-16. — Louis Tiercelin et J.-Guy Ropartz, Le Parnasse breton contemporain ; Paris, Lemerre, 1889, in-8o. — Narcisse Quellien, Chansons et Danses des Bretons ; Paris, Maisonneuve, 1889, in-12 ; Rapport sur une mission en Basse Bretagne ; Archives des Missions, III{{e}] série, t. VIII, 1882. — F. Plaine, Recherches sur les origines littéraires de l’ancienne province de Bretagne ; Revue historique de l’Ouest, 1890, t. VI, I. — F.-M. Luzel et Anat. Le Braz, Soniou Breiz Izel (Chansons populaires de la Basse Bretagne) ; Paris, Bouillon, 1890, 2 vol. in-8o. Mme Riom (comte de Saint-Jean), Les Femmes poètes bretonnes ; 1892, in-8o. — Dietrich Behrens ; Bibliographie des patois gallo-romans, 2e édit., trad. par Eug. Rabiet ; Berlin, W. Gronau, 1893, in-8o. — Anatole Le Braz, La Légende de la Mort en Basse Bretagne ; Paris, Champion, 1893, in-12 ; Au pays des pardons ; Rennes, Caillière, 1894, in-12 ; Essai sur l’histoire du Théâtre celtique ; Paris, Calmann-Lévy, 1904, in-18 ; Textes bretons inédits pour servir à l’usage du Théâtre celtique, Paris, Champion, 1904, in-8o. — J. Rousse, La Poésie bretonne au dix-neuvième siècle ; Paris, Lethielleux 1895, in-18. — F. Duine, Chansons populaires du pays de Dol ; Annales de Bretagne, XII-XIV, 1897-1898. — Ch. Le Goffic, La Bretagne et les pays celtiques, L’Âme bretonne ; Paris, Champion, 1900, in-18. — Olivier de Gourcuff, Gens de Bretagne ; Paris, E. Le Chevalier, 1900, in-8o. — A. Mailloux, La Terre bretonne, Anthologie scolaire des écrivains bretons ; Nantes, Librairie des écoles, 1900, in-18. — Albert Grimaud, La Race et le Terroir ; Cahors, Petite Biblioth. prov., 1903, in-8o. — Dominique Caillé, La Poésie à Nantes sous le second empire ; Tours, Bousrez, 1905, in-8o. — Abbé H. Guillerm, Recueil de chants populaires bretons au pays de Cornouailles ; Rennes, F. Simon, 1905, in-18. — Maurice Duhamel, Essai sur la littérature bretonne ancienne ; Paris, Sansot, 1905, in-18. — A. Dagnet et J. Mathurin, Le Parler ou Langage populaire cancalais, 2{[e}} partie, 1906, in-8o. — J. Michelet, Notre France ; 9e édit., Paris, Colin, 1907, in-18.

Nous croyons inutile d’ajouter à cette bibliographie, à la fois trop courte et trop longue, les beaux travaux de M. H. d’Arbois de Jubainville, ainsi que l’étude d’Ernest Renan sur la poésie des races celtiques. Tous les travailleurs les connaissent.

On consultera en outre les périodiques, et particulièrement : La Revue de Bretagne ; Les Annales de Bretagne ; La Revue de Bretagne, de Vendée et d’Anjou ; La Revue des provinces de l’Ouest, La Revue celtique ; La Bretagne nouvelle ; La Revue des traditions populaires ; L’Hermine ; Le Fureteur breton ; Le Clocher breton ; La Paroisse bretonne de Paris ; Feiz ha Breiz (Foi et Bretagne) ; Ar Vro (Le Pays) ; Dihunamb ! (Réveillons-nous), etc.



    votre harpe d’or, Merlin, Gwenklan, Rivoal, bardes des temps passés ! Comme vous, d’une voix éclatante je jetterais aux échos de Breiz Izel un cri retentissant comme le son de l’airain, » etc.

  1. Cf. Maurice Duhamel, Essai sur la littérature bretonne ancienne.
  2. Toutes ces langues sœurs n’ont jamais cessé d’être parlées, sauf le cornouaillais, dont l’usage s’est éteint à la fin du xviiie siècle.
  3. L’Emigration bretonne en Armorique ; Paris, Picard, 1882, in-8°.
  4. C’est la forme de chants la plus usitée en Bretagne « bretonnante ». Les gwerzious, selon la définition fournie par F.-M. Luzel (avant-propos du tome II des Gwerziou Breiz-Izel), sont des « chants sombres, fantastiques, racontant des apparitions surnaturelles, des infanticides, des duels à mort, des trahisons, des enlèvements et des violences de toutes sortes. Dans les sonious « respire un autre ordre d’idées et de sentiments plus tendres et plus humains : chants d’amour, douces élégies, illusions et désillusions, refrains de danses, jeux et rondes enfantines ». « La gwerz, dit ailleurs le même écrivain, est la poésie des hommes forts et robustes, des hommes d’action, des caractères opiniâtres et vigoureusement trempés ; la sône est la poésie des femmes, des amoureux et des rêveurs. »
  5. Cf. Maurice Duhamel, article cité.
  6. M. Anatole Le Braz, dans l’édition des Soniou Breiz Izel, a donné sur Jean Le Guenn des détails fort intéressants. Ils ont été réimprimés dėjà par M. Jules Rousse dans son ouvrage sur la Poésie bretonne au dix-neuvième siècle, mais nous croyons qu’on les lira ici avec intérèt. « Il naquit sur la pente orientale de ce grand morne déchiqueté qui porte les communes de Plouguiel et de Plougrescant et qui est une des pointes extrêmes que pousse la Bretagne au cœur de la Manche. De bonne heure, il fut aveugle et il fit des vers… Il a fait imprimer de très jolies pièces, que le peuple accueillait avec plaisir. Il va sans dire qu’il ne les écrivait pas. En revanche, il les chantait bien. L’hiver, il s’enfermait dans sa chaumine de Kersuliet, près de la Roche-Jaune, au bord de la rivière de Tréguier. Là, assis au coin de son foyer, en compagnie de Marie Petibon, sa femme, tandis que s’harmonisaient au dehors les bruits de la marée et ceux du vent, il pratiquait son art et cousait des vers bretons l’un à l’autre. Le couplet terminé, il taillait dans un morceau de bois une coche, à la manière des boulangers. Chaque chanson avait tant de coches, c’est-à-dire tant de couplets… L’été venu, Iann Ar Guenn et Marie Petibon émigraient côte à côte et se promenaient de bourg en bourg, au hasard des fêtes locales. Adossé au mur du cimetière, Iann prenait une de ses lattes, en parcourant du doigt les tailles, y lisait avec les yeux de l’âme la sôn qu’il y avait sculptée et la chantait devant la foule. Ses pérégrinations aboutissaient toujours à Morlaix, ville des éditeurs bretons. On le voyait entrer chez Ledan. Quand il en sortait, la presse avait fixé, à l’usage du peuple, ses passagères inspirations. Grâce à ce papier à chandelle, Iann Ar Guenn eut la vogue et presque la gloire…»
  7. Il naquit a Begar (Côtes-du-Nord), le 6 juin 1813, et mourut le 2 mars 1852, chez son père, à Prat, arrondissement de Lannion. Non seulement il s’employa à rechercher des chants populaires, mais il en composa qu’il fit passer pour authentiques. Ces derniers, selon M. Jules Rousse, firent longtemps l’objet des dissertations savantes des érudits.
  8. Prosper Proux descendait d’une famille noble, les Duparc. Il était né au début du siècle dernier, à Poullaouen, près de Carhaix, au cœur du Finistère. Orphelin dès son jeune âge, il fit ses études au collège de Saint-Pol, dans les lycées de Saint-Brieuc et de Lorient, ensuite il voyagea. De retour au pays, il se maria et, pendant vingt ans, occupa l’emploi de percepteur. Il mourut de la rupture d’un anévrisme, à Morlaix, le 11 mai 1873, laissant deux recueils de vers bretons : Kananouennou gret gant ur C’hernevod (Chansons faites par un Cornouaillais), Saint-Brieuc, Prudhomme, 1838, in-8o ; Rombard Kerne (La Bombarde de Cornouaille), Guingamp, P. Le Goffic, 1866, in-8o. Il faut lire cette jolie pièce : Si j’étais barde (en breton : Mar vijen barz), insérée dans le Bleuniou Breiz de 1888, pour se faire une idée de son génie évocatoire. Nous traduisons : « Ah ! que n’ai-je
  9. Jean-Marie Le Jean était de Plounérin, canton de Plouaret (Côtes-du-Nord). Il compterait parmi les meilleurs bardes bretons si l’alcoolisme n’avait détruit ses facultés et abrégé sa carrière. Instituteur disgracié, il se réfugia à Paris en 1876 et termina sa triste vie sur un lit d’hôpital. Ses productions, éparses dans les Revues, l’avaient fait surnommer le Rossignol du Bois de la Nuit (Eostik Koat ann noz).
  10. Jean-Pierre Le Scour — qu’il ne faut pas confondre avec l’abbé François le Scour — naquit à Morlaix le 19 août 1870. « Il fut commerçant et ensuite juge au tribunal consulaire de cette ville. On l’appelait le Barde de N.-D. de Rumengol. » Il a laissé deux volumes de vers celtiques, La Harpe de Rumengol (1867) et La Harpe de Guingamp (1869).
  11. Ce poème vit le jour dans un roman autobiographique publié en 1862, chez Poulet-Malassis, sous le titre de Mikael, Kloarek breton. Il fut recueilli ensuite par l’éditeur Th. Clairet, de Quimper, qui l’inséra, avec une traduction française, dans les deux éditions qu’il donna du Bleunion Breiz, ou choix de poèmes celtiques de divers auteurs, en 1862 et en 1888. Son auteur, qui n’avait aucune parenté avec Émile Souvestre, était né, selon M. Jules Rousse, aux environs de Morlaix, vers 1835. Il appartenait à une famille modeste ; son père exerçait la profession de meunier. Lui-même était employé à la gare du chemin de fer d’Orléans, à Paris, en 1871. « Quand éclata l’insurrection de la Commune, il combattit parmi ses soldats et reçut une balle dans la bouche. Cette blessure ne put se guérir, et il succomba peu de temps après. » Avec lui finit la vieille école bardique. Mais que de noms pourrions-nous ajouter au sien, afin de faire revivre dans tout son éclat la poésie celtique d’un siecle entier !
  12. a et b Quelques mots sur l’éminent philologue surnommé si justement par Brizeux « le régulateur de la langue et de la littérature celto-bretonnes ». De race noble, Jean-François Le Gonidec était né au Conquet, le 4 septembre 1775. Livré à lui-même, il eut une jeunesse douloureuse, porta pendant quelque temps la soutane et fut jeté au milieu du drame révolutionnaire. Il échappa au danger des guerres civiles de l’Ouest et, sous l’Empire, entra dans l’administration forestière. Mis à la retraite en 1834, il vint se fixer à Paris et demanda un emploi à la Société des Assurances générales, afin de subvenir aux besoins de sa famille. Pendant ses loisirs, il dressa un monument durable à la langue bretonne, publia, outre ses travaux de linguistique, une traduction de la Bible et divers ouvrages religieux. Il est réellement l’initiateur de tout le mouvement celtique du dernier siècle. Après sa mort, arrivée le 22 octobre 1838, dans le modeste Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « p.359 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  13. Cf. Anthologie des poètes bretons du dix-septième siècle, par Stéphane Halgan, comte de Saint-Jean, O. de Gourcuff et René Kerviler, etc.
  14. Nous avons exclu de cette courte liste le comte de la Touraille, auteur de ce livre plaisant : Nouveau Recueil de gaiets et de philosophie, par un gentilhomme retiré du monde (Londres et Paris, Belin, 1785, in-12). Ce fut un esprit singulier.
  15. Le Parnasse breton contemporain, par Louis Ticreclin et J.-Guy Ropartz ; Paris, Lemerre, 1889, in-8o.
  16. Et pourtant ils sont légion, les poètes récents de la Bretagne ! Leur nombre est illimité. Quelques noms s’imposent parmi les « oubliés ». Citons, au hasard du souvenir : Émile Boissier, Jean Flémeur, Henri Droniou. Frédéric Blin, Hugues Rebell, J.-B. Illio, Raoul de la Grasserie, Fleuriot-Kérinou, Yann Nibor, Louis Marselleau, Armand Davot, Louis Ernault, Camille Lemercier d’Erm. etc., ete. Enfin, n’omettons point, parmi ceux d’hier, Charles Monselet, et ce glorieux enfant du terroir, Auguste de Villiers de l’Isle-Adam. Au lecteur qui s’étonnerait de ne point trouver dans notre choix tel faux « barde » dont la renommée s’étend loin du domaine des lettres, nous dirons que notre jugement s’embarrasse assez peu de l’engouement populaire. Au reste, nous avons accueilli ici des écrivains, et non de ces industriels susceptibles de déshonorer et la poésie et la province dont ils se prétendent originaires.
  17. Nous voudrions ajouter ici le nom de Mme Perdriel-Vaissière, malheureusement elle n’est Bretonne que d’élection.