Les Pleurs/Amour
Pour les autres éditions de ce texte, voir Amour (« Ce que j’ai dans le cœur, brûlant comme notre âge, »).
AMOUR.
Trop faibles que nous sommes ;
C’est toujours cet amour qui tourmente les hommes.
V.
Ce que j’ai dans le cœur, brûlant comme notre âge,
Si j’ose t’en parler, comment le définir ?
Est-ce un miroir ardent frappé de ton image ?
Un portrait palpitant né de ton souvenir ?
Vois ! je crois que c’est toi, même dans ton absence,
Dans le sommeil ; eh quoi ! peut-on veiller toujours ?
Ce bonheur accablant que donne ta présence,
Trop vite épuiserait la flamme de mes jours.
Le même ange peut-être a regardé nos mères ;
Peut-être une seule ame a formé deux enfans.
Oui ! la moitié qui manque à tes jours éphémères,
Elle bat dans mon sein où tes traits sont vivans !
Sous ce voile de feu j’emprisonne ta vie :
Là, je t’aime, innocente, et tu n’aimes que moi :
Ah ! si d’un tel repos l’existence est suivie,
Je voudrais mourir jeune, et mourir avec toi !