Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir Amour.

Pour les autres éditions de ce texte, voir Amour (« Ce que j’ai dans le cœur, brûlant comme notre âge, »).

Les PleursMadame Goullet, libraire (p. 25-28).

AMOUR.

Trop faibles que nous sommes ;
C’est toujours cet amour qui tourmente les hommes.

— ANDRÉ CHÉNIER. —

V.

Ce que j’ai dans le cœur, brûlant comme notre âge,
Si j’ose t’en parler, comment le définir ?
Est-ce un miroir ardent frappé de ton image ?
Un portrait palpitant né de ton souvenir ?

Vois ! je crois que c’est toi, même dans ton absence,
Dans le sommeil ; eh quoi ! peut-on veiller toujours ?

Ce bonheur accablant que donne ta présence,
Trop vite épuiserait la flamme de mes jours.

Le même ange peut-être a regardé nos mères ;
Peut-être une seule ame a formé deux enfans.
Oui ! la moitié qui manque à tes jours éphémères,
Elle bat dans mon sein où tes traits sont vivans !

Sous ce voile de feu j’emprisonne ta vie :
Là, je t’aime, innocente, et tu n’aimes que moi :
Ah ! si d’un tel repos l’existence est suivie,
Je voudrais mourir jeune, et mourir avec toi !