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Les PleursMadame Goullet, libraire (p. 21-24).
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DORS-TU ?

IV.

Et toi ! dors-tu quand la nuit est si belle,
Quand l’eau me cherche et me fuit comme toi ;
Quand je te donne un cœur long-temps rebelle ?
Dors-tu, ma vie ! ou rêves-tu de moi ?

Démêles-tu, dans ton ame confuse,
Les doux secrets qui brûlent entre nous ?

Ces longs secrets dont l’amour nous accuse,
Viens-tu les rompre en songe à mes genoux ?

As-tu livré ta voix tendre et hardie
Aux fraîches voix qui font trembler les fleurs ?
Non ! c’est du soir la vague mélodie ;
Ton souffle encor n’a pas séché mes pleurs !

Garde toujours ce douloureux empire
Sur notre amour qui cherche à nous trahir :
Mais garde aussi son mal dont je soupire ;
Son mal est doux, bien qu’il fasse mourir !