Vilmorin-Andrieux
Vilmorin-Andrieux & Cie (p. 210-217).
FÈVE
Faba vulgaris Mill.Vicia Faba L.
Fam. des Légumineuses.


Synonymes : Gorgane, Gourgane.
Noms étrangers : angl. Broad bean ; (Am.) English bean. all. Garten-Bohnen, Sau-Bohnen, Puff-Bohnen. flam. Platte boon. holl. Tuin boonen, Roomsche boonen. dan. Valske bonner. ital. Fava. esp. Haba. port. Fava.


Orient. Annuelle. — Cette plante est cultivée, autant qu’on peut croire, depuis une très haute antiquité ; les grandes dimensions de son grain et ses qualités alimentaires ont dû, en effet, la faire remarquer et cultiver dès les temps les plus reculés. Tige dressée, creuse, carrée, portant des feuilles alternes composées, pennées sans impaire, à folioles ovales-arrondies, larges, et d’un vert glauque ou cendré ; fleurs axillaires en grappes courtes portant de deux à huit fleurs blanches et noires, quelquefois teintées de violet. Gousses dressées ou courbées, larges, vertes, souvent aplaties, garnies intérieurement d’une sorte de duvet feutré, et renfermant de trois à huit grains de forme et de couleur variables. Ces gousses deviennent noires et fragiles à la maturité. Le volume du grain étant extrêmement différent d’une variété à l’autre, nous le ferons connaître à l’article particulier concernant chaque variété. Pour toutes, la durée germinative est de six années au moins.

Culture. — Les fèves se sèment communément en place à la sortie de l’hiver, c’est-à-dire vers la fin de février ou au commencement de mars ; elles préfèrent un sol riche, un peu frais et bien fumé, néanmoins elles peuvent réussir presque en tout terrain. Beaucoup de jardiniers sont dans l’usage de pincer l’extrémité des plantes au moment de la floraison. Autant que nous pouvons juger, cette opération est plutôt utile pour soustraire la planta aux attaques des pucerons que pour hâter ou augmenter la production. Il est avantageux de donner, quand on le peut, quelques binages aux fèves ; en général, la récolte en est faite avant qu’il soit nécessaire de les arroser. On peut également semer les fèves sous châssis dès le mois de janvier et les repiquer en place au bout d’un mois environ ; il n’est même pas impossible d’appliquer aux fèves, sous le climat de Paris, la culture d’hiver, qui est la règle générale dans tout le midi de l’Europe. Il faut pour cela semer à bonne exposition et en terre bien saine dès la fin d’octobre ou le commencement de novembre, et abriter pendant l’hiver les jeunes plants au moyen de châssis. Nous avons vu quelquefois suppléer avec succès à l’emploi des châssis, au moyen de cercles de tonneaux enfoncés en terre au-dessus des planches de fèves et formant une sorte de berceau servant à soutenir des paillassons qu’on y étendait pendant les fortes gelées. Cette culture convient particulièrement aux variétés naines ou demi-naines. Les plantes ainsi avancées produisent trois semaines au moins avant celles qui n’ont été semées qu’au printemps.

Usage. — On mange le grain cuit, vert ou sec ; dans le Midi, on mange quelquefois la cosse quand elle est encore toute jeune.



FÉVE DE MARAIS.


Synonyme : Fève grosse ordinaire.
Noms étrangers : angl. Large common field bean, Hang down long pod B.


Tige carrée, dressée, haute d’environ 0m,80, verte, mais presque toujours lavée de rouge ; feuilles composées habituellement de quatre ou cinq folioles ovales, d’un vert grisâtre. A la base de chaque feuille, la tige est entourée, sur les deux tiers de son pourtour, de deux larges stipules dentées, embrassantes et marquées d’une tache noirâtre. Fleurs réunies au nombre de cinq à huit, en grappes axillaires, dont la première se développe à la cinquième ou sixième feuille à compter du bas de la tige ; les fleurs sont assez grandes, blanches, marquées de stries brun foncé sur l’étendard, et d’une large macule d’un noir velouté sur chacune des ailes. Cosses souvent réunies par deux ou trois, se recourbant quelquefois quand elles sont développées, ou devenant pendantes par leur poids, d’autres fois restant tout à fait dressées. Elles sont larges de 0m,03 environ et longues de 0m,12 à 0m,15, et contiennent de deux à quatre grains très gros et plus longs que larges. Ces grains pèsent 645 grammes par litre, et 100 grammes en contiennent environ 55.

Il existe un grand nombre de sous-variétés de la F. de marais ; elles sont, en général, d’autant plus précoces qu’elles ont une origine plus méridionale.


FÉVE A LONGUE COSSE.


Plante un peu plus forte que la F. de marais, à feuillage foncé, assez ample ; tige carrée, souvent ramifiée. Cosses réunies par deux, rarement trois, d’abord très dressées, ensuite obliques ou horizontales, passablement aplaties et contenant trois ou quatre grains blancs, comme ceux de la F. de marais, plus longs que larges, assez épais, un peu déprimés au centre. Le litre de grains pèse 650 grammes, et 100 grammes en contiennent environ 60.

On cultive dans le midi de la France une variété qui se rapproche de celle-ci, mais s’en distingue pourtant par ses cosses plus minces, d’un vert foncé, presque cylindriques, dressées jusqu’à la maturité et réunies parfois au nombre de trois ou quatre. Le grain en est aussi un peu plus long et plus étroit.

Ces deux variétés sont productives et de quelques jours plus tardives que la F. de marais.



FÈVE DE WINDSOR.


Nom étranger : angl. Broad Windsor bean.


Tige très vigoureuse, carrée, dressée, haute de 0m,80 à 1 mètre, présentant une teinte rougeâtre ou bronzée s’étendant jusque sur les pétioles

Fève de Windsor.
réd. au tiers.
des feuilles, et plus accentuée que celle qu’on observe dans la F. de marais ; folioles grandes, ovales-arrondies, d’un vert glauque assez foncé ; fleurs moyennes, ressemblant à celles de la F. de marais, mais réunies seulement
en grappes de quatre à six, à calice rougeâtre ou violacé. La floraison, dans cette variété, ne commence guère que du huitième au dixième nœud. Cosses solitaires ou réunies par deux, presque toujours recourbées, et généralement très larges vers l’extrémité. Il s’y trouve rarement plus de deux ou trois grains bien développés. Ces grains sont très larges, et le pourtour en est presque régulièrement arrondi ; ils pèsent 635 grammes par litre, et 100 grammes en contiennent 40.



FÈVE DE WINDSOR VERTE.


Nom étranger : angl. Green Windsor bean.


Ne diffère de la F. de Windsor ordinaire que par la couleur de son grain, qui, même à la maturité, reste d’un vert foncé. Les fèves de Windsor sont très vigoureuses et productives, mais un peu tardives, et c’est un inconvénient assez grave pour les climats secs, où les fèves sont exposées à souffrir de la rouille et de l’invasion des pucerons.


Fève de Séville à longue cosse.
Cosses réd. au tiers.

FÈVE DE SÉVILLE
A LONGUE COSSE.


Nom étranger : angl. Seville long pod bean. esp. Haba de Sevilla o Tarragona.


Tige carrée, dressée, haute de 0m,60 à 0m,70, un peu faible, parfois complètement verte, parfois légèrement teintée de rouge. Le feuillage se distingue assez nettement de celui des autres variétés par sa teinte d’un vert plus blond et par la forme plus allongée des folioles. Les fleurs sont réunies en grappes très peu nombreuses (deux à quatre), quelquefois même elles sont solitaires ; l’étendard en est d’un blanc verdâtre, plus long que large, et il reste plié en son milieu, même lors de l’épanouissement complet. Cette particularité donne aux fleurs l’apparence d’être plus longues et plus étroites dans cette variété que dans les autres ; elles sont à peu près dépourvues de toute teinte rougeâtre ou violacée. La première grappe de fleurs se montre habituellement à l’aisselle de la septième feuille. Cosses larges de 0m,03 environ et longues de 0m,20 à 0m,30, solitaires ou réunies par deux, devenant rapidement pendantes par l’effet de leur poids, et contenant de quatre à huit grains rappelant par leur apparence ceux de la fève de marais, quoique, en général, un peu moins gros. Ces grains pèsent 620 grammes par litre, et 100 grammes en contiennent 50.

La F. de Séville est une variété hâtive, mais moins rustique que les précédentes ; elle dépasse toutes les autres fèves par la longueur de ses cosses.

Fève d'agua dulce. (cosses réd. au tiers).


La F. d’agua dulce, à immenses cosses, larges de près de 0m,04 et atteignant 0m,35 ou 0m,40 de longueur, n’est pas, à proprement parler, une variété distincte : c’est la F. de Séville dans toute sa pureté et présentant ses caractères particuliers à leur maximum de développement. Comme partout, du reste, le nombre des fruits est, dans ces plantes, en raison inverse de leur développement ; tandis que la F. de marais ou de Windsor peut avoir de dix à quinze cosses par tige, il est rare qu’un montant de F. de Séville ou d’agua dulce en porte plus de trois ou quatre bien développées.


FÈVE JULIENNE.


Cette plante se rapproche beaucoup, par son aspect, de la F. de marais.

Fève julienne.
Cosses réd. au tiers.
Les tiges en sont carrées, très dressées, rougeâtres ; elles atteignent une hauteur d’environ 0m, 70 ; le feuillage est grisâtre, les folioles ovales-arrondies ; fleurs à calice rougeâtre, ainsi que la base de l’étendard, taches noires des ailes bien marquées : elles sont réunies en grappes de quatre à six, dont la première se montre au cinquième ou au sixième nœud. Les cosses sont dressées, souvent réunies par trois ou quatre, presque cylindriques, dépassant peu la grosseur du doigt. Elles contiennent habituellement trois ou quatre grains allongés, assez épais, et non pas aplatis comme ceux des variétés précédentes. Ces grains pèsent en moyenne 720 grammes par litre, et 100 grammes en contiennent environ 110.

La F. julienne est rustique et moins sensible à la sécheresse que les fèves de Windsor ou de marais. Malgré la petitesse relative de son grain, elle n’est guère moins productive que ces dernières. Les cosses sont, dans la fève julienne, plus courtes et moins larges, mais beaucoup plus nombreuses que dans les variétés à gros grain ; en même temps le grain est très régulièrement plein et nourri.



FÈVE JULIENNE VERTE.


Les caractères de cette variété sont les mêmes que ceux de la précédente, à part la couleur vert foncé du grain, couleur qui se conserve jusqu’au delà de la maturité. La plante est aussi légèrement plus tardive et a le feuillage d’un vert un peu plus foncé.


FÈVE VIOLETTE.


Nom étranger : ital. Fava pavonazza.


Nous citons cette variété, bien qu’elle soit peu usitée aujourd’hui, à cause de la singulière couleur de son grain, qui prend à la maturité une teinte rougeâtre ou cuivrée assez foncée. Sous tous les autres rapports, cette variété ressemble passablement à la F. julienne. Les grains pèsent 630 grammes par litre, et 100 grammes en contiennent 72.

La F. violette de Sicile est également une race à grain violet. Ses caractères de végétation rappellent assez bien ceux de la F. de marais, quoiqu’elle soit moins grande et moins productive. Le grain en devient très franchement violet ; mais il ne commence à se colorer que quand il a atteint toute sa grosseur. Sa teinte particulière constitue plutôt un inconvénient qu’un avantage.


FÉVE DE MAZAGAN.


Nom étranger : angl. Early Mazagan bean.


Il se cultive sous ce nom plusieurs races, certainement distinctes entre elles, de fèves à petit grain, mais de hauteur et de précocité variables. Ce sont ordinairement des plantes à cosses nombreuses, dressées, très légèrement aplaties, contenant trois ou quatre grains à peu près intermédiaires entre celui de la F. julienne et celui d’une grosse féverole. Le litre de ces grains pèse 750 grammes, et 100 grammes en contiennent environ 115.

Fève naine hâtive à châssis.
réd. au tiers.

On peut recommander la F. de Mazagan pour la grande culture, mais elle parait sans intérêt pour le potager.


FÈVE NAINE HÂTIVE
            A CHÂSSIS


Noms étrangers : angl. Gluster bean, Dwarf fan B., Bog B.


Plante de 0m,35 à 0m,40 de hauteur, à tige carrée teintée de rouge brun ou cuivré, assez mince, mais raide et forte ; feuilles d’un vert glauque, à folioles assez petites, ovales allongées et pointues ; fleurs petites, en grappes de quatre à six, à calice légèrement rougeâtre et étendard plus ou moins marqué de violet à la base. Les premières fleurs commencent pi se montrer vers le sixième nœud. Cosses dressées, réunies par deux ou trois, contenant de deux Fève naine hâtive à châssis. quatre grains carrés, assez épais et renflés, de même couleur que ceux de la fève de marais. Ces grains pèsent 675 grammes par litre, et 100 grammes en contiennent environ 80.


FÈVE NAINE VERTE DE BECK.


Nom étranger : angl. Beck’s dwarf green gem bean.


Plante très ramassée, plus trapue que la précédente, ne dépassant pas 0m,30 à 0m,35 de hauteur ; à tige raide, courte, verte ou légèrement teintée de rouge ; feuilles très rapprochées, disposées en éventail des deux côtés de la tige, à folioles ovales, assez pointues, d’un vert glauque, un peu métallique ; fleurs assez petites, teintées de violet à la base de l’étendard. Cosses petites, mais nombreuses, de la dimension du petit doigt, contenant trois ou quatre grains d’un vert foncé, bien pleins et arrondis, ne dépassant guère le volume d’une bonne féverole. Les grains pèsent 690 grammes par litre, et 100 grammes en contiennent environ 110.

La F. naine hâtive, et surtout celle-ci, conviennent particulièrement à la culture forcée sous châssis. Malgré leur petite taille, elles sont fertiles, et peuvent donner un bon produit, même en pleine terre, sans avoir, comme les grandes fèves, l’inconvénient d’apporter trop d’ombrage aux cultures voisines.

La F. très naine rouge est une petite variété très hâtive, mais peu productive. Les cosses en sont dressées, minces, de la grosseur du petit doigt, et contiennent ordinairement deux ou trois grains oblongs, d’un rouge brun foncé.

On cultive quelquefois une variété de fève à fleur blanc pur et une autre à fleur rouge. Elles ne se distinguent ni l’une ni l’autre par aucun mérite spécial.