Les Mystères du confessionnal/Épilogue/11

Imprimerie E.-J. Carlier (p. 154-157).


ENCYCLIQUE

Une Encyclique (du grec εγκυκλιος, circulaire) est une lettre-circulaire adressée par le pape aux évêques de toute la chrétienté sur un point de dogme et de discipline


À tous nos vénérables frères les patriarches, les primats, les archevêques et évêques en grâce et en communion avec le Siége apostolique,


PIE IX, PAPE
Vénérables Frères,
Salut et bénédiction apostolique.

Vénérables frères, vous savez et vous voyez, comme tout le monde et mieux que personne, avec quelle sollicitude et quelle vigilance pastorale les Pontifes romains, nos prédécesseurs, ont rempli la charge qui leur a été confiée par Jésus-Christ lui-même dans la personne du Bienheureux Pierre, prince des apôtres, de paître les agneaux et les brebis, devoir qu’ils ont rempli fidèlement, en nourrissant toujours des paroles de la foi et de la doctrine du salut, tout le troupeau du Seigneur et en le détournant des pâturages empoisonnés.

Et, en effet, gardiens et vengeurs de l’auguste religion catholique, de la vérité et de la justice, pleins de sollicitude pour le salut des âmes, nos mêmes prédécesseurs n’ont rien négligé pour découvrir et condamner par leurs lettres et constitutions, chefs-d’œuvre de sagesse, toutes les hérésies et toutes les erreurs qui, contraires à notre foi divine, à la doctrine de l’Église catholique, à l’honnêteté des mœurs et au salut éternel des hommes, excitèrent souvent de violentes tempêtes et désolèrent l’Église et la société civile.

Aussi s’opposèrent-ils constamment avec une vigueur apostolique, aux coupables machinations de ces méchants qui, écumant de rage comme les flots d’une mer courroucée, promettant la liberté et se trouvant esclaves de la corruption, travaillaient par de fausses maximes et des écrits pernicieux, à ruiner les fondements de l’ordre religieux et social, à détruire toute vertu, à dépraver toutes les âmes, à détourner de la règle des mœurs les imprudents et surtout la jeunesse inexpérimentée, à la corrompre misérablement, à la jeter dans les filets de l’erreur, et à l’arracher enfin du giron de l’Église catholique.

Comme vous le savez très-bien, vénérables frères, dès que la Providence, dans ses conseils impénétrables, daigna nous élever, malgré notre indignité, à la chaire de Pierre, le cœur navré de douleur à la vue de l’horrible tempête déchaînée par tant de doctrines perverses, à la vue des maux incalculables et souverainement déplorables attirés sur le peuple chrétien par tant d’erreurs, nous élevâmes la voix, selon le devoir de notre ministère apostolique et les illustres exemples de nos prédécesseurs ;

Et dans plusieurs encycliques, allocutions prononcées en consistoire et par d’autres lettres apostoliques nous condamnâmes les principales erreurs de notre si triste époque, nous excitâmes votre vigilance épiscopale, nous exhortâmes tous nos chers enfants de l’Église catholique à avoir en horreur et à éviter la contagion de cette peste cruelle.

C’est en particulier dans la première encyclique du 9 novembre 1846 et dans deux allocutions dont l’une du 9 décembre 1854 et l’autre du 9 juin 1862, prononcées en consistoire, que nous avons condamné les monstrueuses erreurs en vogue surtout de nos jours, au grand détriment des âmes et de la société civile elle-même ; erreurs qui, sources de presque toutes les autres, sont non-seulement la ruine de l’Église catholique, de ses doctrines salutaires et de nos droits sacrés, mais encore de l’éternelle loi naturelle gravée par Dieu lui-même dans tous les cœurs, aussi bien que de la droite raison.

Toutefois, bien que nous n’ayons pas négligé de proscrive souvent et de réprouver ces erreurs, la cause de l’Église catholique, le salut des âmes divinement confiées à nos soins, les intérêts de la société humaine, demandent impérieusement que nous excitions de nouveau votre sollicitude pastorale, à combattre d’autres opinions, nées des mêmes erreurs, comme de leurs sources.

Ces opinions fausses et perverses sont d’autant plus détestables qu’elles tendent spécialement à empêcher et à écarter cette force salutaire dont l’Église catholique, en vertu de l’institution et du commandement, son divin fondateur, doit user librement jusqu’à la fin des siècles, à l’égard des nations, comme à l’égard des individus, envers les peuples comme envers les souverains. Elles tendent aussi à détruire l’union et la concorde réciproques du sacerdoce et de l’empire, qui a toujours été si favorable et si salutaire à l’Église et à l’État.

En effet, vous savez parfaitement, vénérables frères, que beaucoup de nos contemporains appliquant à la société civile le principe absurde et impie de ce qu’ils appellent le naturalisme, osent enseigner, que la perfection des gouvernements et le » progrès civil, demandent impérieusement que la société humaine soit constituée et gouvernée comme si la religion n’existait pas, ou du moins sans établir aucune différence entre la vraie religion et celles qui sont fausses. »

De plus, contrairement à la doctrine des Saintes Écritures, de l’Église et des Saints Pères, ils ne craignent pas d’affirmer que « la meilleure condition de société est celle où l’on ne reconnaît pas à l’État, l’obligation de réprimer, par la sanction des peines, les violateurs de la religion catholique, si ce n’est lorsque la tranquillité publique le demande. »

En conséquence de cette idée absolument fausse du gouvernement social, ils n’hésitent pas à favoriser cette opinion erronée, on ne peut plus fatale à l’Église catholique et au salut des âmes, et que notre prédécesseur d’heureuse mémoire, Grégoire XVI, appelait un délire, savoir, que « la liberté de conscience et des cultes est un droit inhérent à chaque homme, que la loi doit proclamer et garantir dans toute société bien constituée ; et que les citoyens ont droit à la pleine liberté de manifester publiquement leurs opinions, quelles qu’elles soient, par la parole, par la presse ou autrement, sans que l’autorité ecclésiastique ou civile puisse la restreindre. »

Or, en soutenant ces affirmations téméraires, ils ne réfléchissent pas, ils ne considèrent pas qu’ils prêchent la liberté de perdition et que si le conflit des opinions humaines est toléré, il y aura toujours des hommes prêts à résister à la vérité, et à mettre leur confiance dans la loquacité de la sagesse humaine.

Et, comme là où la religion, la doctrine et l’autorité de la révélation se trouvent bannies de la société civile, la vraie notion de la justice et du vrai droit humain s’obscurcit et se perd, et cède le pas à la force matérielle, qui prend alors la place de la vraie justice et du vrai droit, on voit clairement pourquoi certains hommes, ne tenant aucun compte des principes les plus certains de la saine raison, osent publier que « la volonté du peuple manifestée par ce qu’ils appellent l’opinion publique ou autrement, constitue la loi suprême indépendante de tout droit divin et humain ; et que dans l’ordre politique les faits accomplis, par cela même qu’ils sont accomplis, ont la valeur du droit. » Mais qui ne voit, qui ne sent très bien qu’une société soustraite aux lois de la religion et de la vraie justice, ne peut avoir d’autre but que d’acquérir, d’accumuler des richesses, et d’autre loi, dans tous ses actes, que l’indomptable désir de satisfaire ses propres voluptés et ses intérêts ?

Voilà pourquoi ces hommes poursuivent d’une haine cruelle les ordres religieux, sans tenir compte des immenses services rendus par eux à la religion, à la société et aux lettres ; pourquoi ils invectivent contre eux, en disant qu’ils n’ont aucune raison légitime d’exister, faisant ainsi écho aux calomnies des hérétiques. En effet, comme l’enseignait très sagement Pie VI, notre prédécesseur d’heureuse mémoire, l’abolition des ordres religieux blesse l’État, qui fait profession publique de suivre les conseils évangéliques ; elle porte atteinte à une manière de vivre recommandée par l’Église, comme conforme à la doctrine des apôtres ; elle outrage, enfin, les illustres fondateurs d’ordres que nous vénérons sur nos autels, et ont établi ces ordres par l’inspiration de Dieu. Ils vont plus loin, et poussent l’impiété jusqu’à vouloir ôter, aux citoyens et à l’Église, la faculté de donner publiquement l’aumône par charité chrétienne, et « abolir la loi qui, à certains jours, défend les œuvres serviles, pour vaquer au culte divin. »

Tout cela est mis en avant sous le faux prétexte, que cette faculté et cette loi sont en opposition avec les principes de la véritable économie publique. Non contents de bannir la religion de la société, ils veulent l’exclure de la famille. Enseignant et professant la funeste erreur du communisme et du socialisme, ils affirment que la société domestique ou la famille emprunte sa raison d’être du droit purement civil ; et qu’en conséquence, de la loi civile découlent et dépendent tous les droits des parents sur les enfants, même le droit d’instruction et d’éducation.

Pour ces hommes de mensonge, le but principal de ces maximes impies et de ces machinations est de soustraire complètement à la salutaire doctrine et à l’influence de l’Église, l’instruction et l’éducation de la jeunesse, afin de souiller et de dépraver, par les erreurs les plus pernicieuses et par des vices de toute nature, l’âme tendre et flexible des jeunes gens.

Tous ceux qui ont travaillé à troubler l’Église et l’État, à renverser l’ordre régulier de la société, à anéantir tous les droits divins et humains, ont constamment, comme nous l’avons indiqué plus haut, employé tous leurs perfides desseins, tous leurs soins et toute leur activité à séduire et à dépraver la jeunesse imprévoyante, et ont placé tout leur espoir dans cette corruption des jeunes générations.

Voilà pourquoi le clergé régulier et séculier, malgré les plus illustres témoignages rendus par l’histoire à ses immenses services dans l’ordre religieux, civil et littéraire, est de leur part l’objet des persécutions les plus atroces : et voilà pourquoi ils disent que, le clergé étant l’ennemi des lumières, de la civilisation et du progrès, il faut lui ôter l’instruction et l’éducation de la jeunesse. »

D’autres, renouvelant les erreurs funestes et tant de fois condamnées des novateurs, osent, avec une insigne impudence, assujettir à l’autorité civile, la suprême autorité donnée à l’Église et à ce Siége apostolique par N. S. Jésus-Christ, et nier tous les droits de cette même Église et de ce même Siége, à l’égard de l’ordre extérieur.

En fait, ils ne rougissent pas d’affirmer que les lois de l’Église n’obligent pas en conscience, à moins qu’elles ne soient promulguées par le pouvoir civil ; que les actes et décrets des pontifes romains relatifs à la religion et à l’Église, ont besoin de la sanction et de l’approbation, ou tout au moins de l’assentiment du pouvoir civil ; que les constitutions apostoliques, portant condamnation des sociétés secrètes, soit qu’on y exige ou non le serment de garder le secret, et frappant d’anathème leurs adeptes et leurs fauteurs, n’ont aucune force dans les pays où le gouvernement civil tolère ces sortes d’agrégations ; que l’excommunication fulminée par le concile de Trente et par les Pontifes romains contre les envahisseurs et les usurpateurs des droits et des possessions de l’Église, repose sur une confusion de l’ordre spirituel et de l’ordre civil et politique, et n’a pour but que les intérêts de ce monde ; que l’Église ne doit rien décréter qui puisse lier la conscience des fidèles relativement à l’usage des biens temporels ; que l’Église n’a pas le droit de réprimer par des peines temporelles, les violateurs de ses lois ; qu’il est conforme aux principes de la théologie et du droit public de revendiquer pour le gouvernement civil et de lui attribuer la propriété des biens possédés par les Églises, par les congrégations religieuses et par les autres lieux pies ». Ils n’ont pas honte de professer hautement et publiquement les axiomes et les principes des hérétiques, sources de mille erreurs et de funestes maximes. Ils répètent, en effet, que « la puissance ecclésiastique n’est pas de droit divin, distincte et indépendante de la puissance civile, et que cette distinction et cette indépendance ne peuvent rester, sans que l’Église envahisse et usurpe les droits essentiels de la puissance civile. C’est évident. »

Impossible aussi de garder le silence sur l’audace de ceux qui, ne supportant pas la saine doctrine, prétendent que, pour les jugements du siége apostolique et pour ses décrets évidemment relatifs au bien général de l’Église, à ses droits, à sa discipline, s’il ne touchent pas aux dogmes de la foi et des mœurs, on peut sans péché se refuser de s’y conformer et de s’y soumettre, sans perdre en rien la qualité de catholique. Il n’est personne qui ne voie clairement et manifestement et qui ne comprenne que cette prétention est contraire au dogme catholique de la pleine autorité divinement donnée par Notre-Seigneur Jésus Christ lui-même au Pontife romain de paître, de régir et de gouverner l’Église universelle.

Donc, au milieu de cette perversité d’opinions dépravées, nous, pénétré du devoir de notre charge apostolique, et plein de sollicitude pour notre sainte religion, pour la sainte doctrine, pour le salut des âmes qui nous est confié, et pour le bien même de la société, nous avons cru devoir élever de nouveau notre voix apostolique.

Par conséquent, nous réprouvons, nous proscrivons, nous condamnons, par notre autorité apostolique, toutes et chacune des mauvaises opinions et doctrines signalées en détail dans les présentes lettres, et nous voulons et ordonnons que tous les enfants de l’Église catholique les tiennent pour réprouvées, proscrites et condamnées.

Vous savez très bien aussi, vénérables frères, que de nos jours les adversaires de toute vérité et de toute justice, les ennemis acharnés de notre sainte religion, à l’aide de livres empoisonnés, de brochures et de journaux répandus sur la face de la terre, trompent les peuples, mentent sciemment et sèment toute autre espèce de doctrines impies. Vous n’ignorez pas non plus que dans ce siècle, des hommes, poussés et excités par l’esprit de Satan, ont eu l’audace de nier le dominateur Jésus — Christ, Notre Seigneur, et ne craignent pas d’attaquer sa divinité avec la plus criminelle impudence. Sur cette matière nous avons à vous donner, vénérables frères, les louanges les plus grandes et les mieux méritées, pour tout le zèle que vous avez déployé en élevant votre voix épiscopale contre cette grande impiété.

Aussi, dans nos présentes lettres, nous adressons-nous encore une fois avec amour à vous qui, appelés à partager notre sollicitude, êtes pour nous, au milieu de nos grandes douleurs, un sujet de consolation, de joie et d’encouragement par votre religion, votre piété ; à vous qui, par cet amour, cette foi, ce dévouement admirables, avec lesquels vous vous efforcez d’accomplir virilement et soigneusement la charge si grave de votre ministère épiscopal, vivez en union intime et cordiale avec nous et avec le siége apostolique.

Nous attendons en effet de votre excellent siége pastoral, qu’armés du glaive de l’esprit qui est la parole de Dieu, et fortifiés dans la grâce de N. S. J.-C., vous vous attachiez chaque jour de plus en plus à obtenir par vos soins redoublés que les fidèles qui vous sont confiés s’abstiennent des mauvaises herbes que J.-C. ne cultive pas, car elles n’ont pas été semées par son père.

Ne cessez jamais d’inculquer à ces mêmes fidèles que toute vraie félicité pour les hommes, découle de notre auguste religion, de a doctrine et de sa pratique et qu’heureux est le peuple dont le Seigneur est le Dieu. Enseignez que les royaumes reposent sur le fondement de la foi catholique, et qu’il n’y a rien de si mortel et qui nous expose autant à la chute et à tous les dangers que de croire qu’il nous suffit du libre arbitre que nous avons reçu en naissant, sans avoir autre chose à demander à Dieu, ce qui revient à oublier notre auteur, à renier sa puissance pour se montrer libres.

N’oubliez pas non plus d’enseigner que la puissance royale n’est pas uniquement conférée pour le gouvernement de ce monde, mais avant tout pour la protection de l’Église. »

Il est certain, en effet, que lorsqu’il s’agit des affaires de Dieu, il est de l’intérêt des princes de subordonner, comme il l’a établi lui-même, et non de préférer leur volonté royale à celles des prêtres du Christ.

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Donné à Rome, chez Saint-Pierre, le 8 décembre 1864, la dixième année depuis la définition dogmatique de l’immaculée Conception de la Vierge Marie, mère de Dieu, et la dix-neuvième de notre pontificat.

PIE IX, PAPE

Syllabus et Encyclique, deux monstruosités dans l’ordre moral ; manifestes de l’orgueil sacerdotal poussé à ses dernières limites ; appels furibonds aux plus détestables passions, au fanatisme religieux, à la cruauté. Conséquences : exaltation de la foi aveugle, c’est-à-dire de l’ignorance, de la bêtise humaine ; glorification de la béate paresse, des monastères, des ordres religieux d’hommes et de femmes.

L’humanité, la science, la raison se trouvent outragées, flétries, flagellées dans ces élucubrations d’un vieillard en proie à un délire effrayant.

C’est la guerre déclarée au progrès, à la tolérance, à la libre-pensée, et une guerre à mort, avec le formidable appareil des tortures et des bûchers, c’est le retour à l’Inquisition annoncé, proclamé brutalement : L’Église a le droit de réprimer par des peines temporelles les violateurs de ses lois. Les gouvernements ont le devoir de prêter leur concours et d’édicter des peines corporelles contre les violateurs de la religion catholique.

La liberté de conscience et des cultes est déniée par la vieille momie qui règne au Vatican ; le droit d’exprimer des opinions religieuses différentes de celles du pape, soit par la presse, soit par la parole ou autrement est repoussé et réprouvé ; la liberté des cultes est appelée par le vieux Tartuffe, la liberté de perdition, et — à ce titre — il la déclare une émanation de l’enfer et déchaîne contre ses fauteurs toutes les laines, toutes les fureurs catholiques.

Protestants, anglicans, juifs, mahométans, tous les sectateurs des religions qui existent sur le globe, autres que les dévots du Dieu romain, sont condamnés à être torturés, écartelés, égorgés ou brûlés ! Ces immenses hécatombes de victimes ne suffisent pas à la rage sanguinaire de Pie IX ; les catholiques tièdes, indifférents, tolérants, doivent aller rejoindre dans la géhenne les pervers et les hérétiques ; ils sont également condamnés aux flammes du bûcher sur cette terre, au feu inextinguible des enfers dans l’autre monde, de par l’épileptique sacré qui rugit sur la prétendue chaire de saint Pierre.

Ce vieux pourceau de l’Église a l’audace d’élever son groin coiffé du trirègne au-dessus des têtes couronnées des ménageries royales ! Celui qui reçoit l’onction est au-dessous de celui qui la donne ; les rois, les reines et les empereurs par la grâce de Dieu, sont déclarés les sujets du pape ! Ils doivent subordonner leurs volontés royales à celles des ministres de Dieu. La puissance royale n’est pas conférée uniquement pour le gouvernement de ce monde, mais avant tout pour la protection de l’Église.

Pie IX anathématise aussi le droit moderne qui prétend substituer la volonté des peuples dans les constitutions des sociétés civiles, à la religion, à la doctrine, à l’autorité de la révélation. L’évêque de Rome convie toutes les nations catholiques à une guerre d’extermination contre les libres penseurs, contre les infidèles, les hérétiques, les idolâtres, c’est-à-dire contre l’immense majorité de la population du globe. La croisade noire est ouverte.

Le chef de l’Église a prononcé, l’univers n’a plus qu’à se soumettre ; Pie IX, dans son infaillibilité, a plus de science que tous les humains ; ce vieillard cacochyme, baveux, hideux, est la loi vivante ; le polichinel du Vatican tient la place de Dieu sur la terre, c’est la Divinité des fidèles catholiques.

Ses ordres sont transmis aux évêques du monde entier, pour être distribués aux prêtres et aux chefs de monastères et de congrégations, puis le confessionnal fonctionne. C’est dans ce laboratoire mystérieux que l’on instruit les simples, les ignorants, les femmes crédules, les enfants, de ce qu’ils doivent approuver ou rejeter en éducation, en politique, en science, dans la conduite de la vie privée ou publique.

Le confessionnal est l’instrument formidable de la croisade noire. Rome a parlé, la cause est jugée.

Le prêtre dicte aux fidèles, dans le tribunal de la pénitence, tout ce qu’ils doivent croire, dire ou faire ; il dirige les votes dans les élections, il décide quelles lois doivent être promulguées dans les assemblées législatives, il désigne les fonctionnaires qui doivent être promus au gouvernement des affaires de l’État. Le confesseur jongle avec ses pénitents et ses pénitentes ; ce sont des boules, des objets inertes dont il fait ce qu’il veut ; les bons catholiques ne doivent pas avoir d’autre pensée que celle du curé, ni rien faire que d’après son ordre. Le vrai chrétien fait abandon de toute volonté ; il ne lui est pas permis d’avoir d’autre opinion sur toutes les questions que celle de son confesseur ; et celui-ci recevant le mot d’ordre transmis par le Vatican, c’est l’opinion du pape qui se réflétera dans tous les esprits, qui sera admise dans toutes les parties du monde catholique. Telle est la puissance du confessionnal qu’elle enraye depuis des siècles la marche de l’humanité, qu’elle menace d’un cataclysme la société moderne !

Nous savons par l’histoire des temps passés comment procèdent les catholiques lorsqu’ils ont déclaré la guerre à des institutions rivales ou à des peuples réfractaires à leurs enseignements ; ils opèrent par le fer et par le feu ; ils ont renversé, détruit de fond en comble tous les temples de l’antiquité païenne, mutilé les œuvres de l’art les plus précieuses, incendié les colléges de prêtres, massacré les habitants des villes et des campagnes, violé les femmes, égorgé les enfants…… Ces horreurs, ces atrocités apparaissent et se renouvellent presqu’à chaque siècle depuis l’origine du Christianisme.

Que les libres-penseurs, les protestants, les anglicans, les hérétiques, les infidèles de tous pays se tiennent donc pour avertis ; qu’ils sachent bien quel sort leur est réservé si le pape de Satan vient à triompher. Devant le péril commun, qu’ils se réunissent, qu’ils se forment en légions et qu’ils attaquent le monstre. Au glaive il faut opposer le glaive ; à l’incendie il faut répondre par l’incendie. Les forteresses de la superstition, du fanatisme, s’appellent couvents, monastères, séminaires, grands et petits, presbytères, chapelles, sanctuaires, églises, cathédrales. Tous ces antres de la théocratie doivent disparaître ; les catholiques n’ont pas laissé debout un seul des temples de l’antiquité païenne ; nous ne devons pas souffrir davantage, nous, les ennemis du Catholicisme, qu’une seule de ses basiliques se dresse sur la terre pour menacer nos croyances philosophiques. Appliquons la loi du talion aux monuments, non aux individus ; brûlons les repaires du fanatisme et tous les emblèmes de l’idolâtrie romaine, confessionnaux, croix et bannières, statues et images, missels, scapulaires, amulettes et reliquaires ; détruisons de fond en comble couvents, monastères, séminaires, presbytères, chapelles, sanctuaires, églises et cathédrales. Quant à leurs défenseurs, contentons-nous de les disperser, de les mettre dans l’impuissance de nuire ; plus tard ils reviendront de leurs égarements et rentreront dans le sein de la grande famille humaine régénérés, repentants. Alors commencera pour les peuples le règne de Dieu sur la terre, l’ère de la Liberté, de l’Égalité, de la Fraternité.

Liberté pour les peuples ; Commune et Fédération. — Égalité des droits civils et politiques de l’homme et de la femme. — Fraternité ; Chacun pour tous ; Tous pour chacun. À chacun suivant ses besoins ; De Chacun selon ses forces. Ni riches ni pauvres ; le bien-être universel.

RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE,
DÉMOCRATIQUE, SOCIALE, UNIVERSELLE
AVEC LA ROUGE BANNIÈRE