Les Mystères du confessionnal/Épilogue/02

Imprimerie E.-J. Carlier (p. 122-126).



CONFESSEURS
ET
Congréganistes devant la Justice


Outrages aux mœurs, attentats à la pudeur
adultères, viole, actes de sodomie et de pédérastie, etc…
à la charge des prêtres catholiques


En date du 18 janvier 1556, Sa Sainteté Paul IV adressa aux inquisiteurs de Grenade le bref suivant :

« Nous avons appris qu’un certain nombre de confesseurs abusaient de leur ministère au point de solliciter les femmes, les filles et les jeunes garçons, au péché de luxure dans le tribunal de la pénitence. En conséquence nous ordonnons aux inquisiteurs de poursuivre les prêtres que la voix publique accuse d’un aussi grand crime et de ne faire grâce à personne. »

Les inquisiteurs ayant communiqué la lettre de Paul IV à l’archevêque de Grenade, celui-ci leur écrivit que, dans les circonstances où l’on se trouvait, la publication de la bulle pourrait avoir des inconvénients, si elle était faite dans les formes ordinaires, et qu’il convenait d’agir avec prudence. L’archevêque convoqua, en conséquence, les curés et autres ecclésiastiques, tandis que l’inquisition en agissait de même pour les chefs des différents monastères ; et il fut enjoint aux uns et aux autres de notifier le bref du pape à tous les confesseurs et de leur recommander de se conduire avec une grande prudence à l’avenir et de ne donner au peuple aucune connaissance de la bulle du pape, de crainte que beaucoup de personnes ne renonçassent à la confession. On informa, en même temps, contre les prêtres et les moines qui s’étaient rendus suspects par leur conduite, et l’on découvrit un grand nombre de coupables dans le clergé régulier et séculier, que l’on se contenta de punir secrètement, ne donnant aucune raison des mesures de rigueur dont ils étaient l’objet, afin d’éviter le scandale.

« Les découvertes qui eurent lieu prouvèrent au pape que l’abus en question n’était pas particulier au royaume de Grenade, et qu’il était urgent de soumettre à la même loi toutes les autres provinces du royaume. Il adressa, en conséquence, le 16 avril 1561, au grand inquisiteur Valdès, une bulle par laquelle il l’autorisait à procéder contre tous les confesseurs du royaume et des domaines de Philippe II, qui auraient commis le crime de séduction, comme s’ils étaient coupables d’hérésie. Les mesures prises à ce sujet ne paraissant pas sans doute suffisantes pour remédier au mal, Pie IV envoya une nouvelle bulle en 1564, qui fut suivie successivement de plusieurs autres, pour extirper un mal qui avait jeté de profondes racines, non-seulement en Espagne, mais aussi dans toute la chrétienté, puisqu’une de ces bulles porte : « Dans ces provinces lointaines espagnoles et dans toutes les régions du globe où s’étend la foi de Jésus-Christ. »

« Un édit publié à Séville, en 1563, donna lieu à un si grand nombre de dénonciations, que les greffiers du Saint-Office ne suffisaient plus à les recevoir, ce qui obligea d’assigner un terme de trente jours à chaque femme dénonciatrice pour se présenter une seconde fois. Comme ce renvoi fut suivi de plusieurs autres, il ne fallut pas moins de 120 jours pour recevoir toutes les dénonciations. Mais les inquisiteurs, effrayés de ce grand nombre de coupables et du scandale qui en résultait, prirent le parti d’abandonner leur entreprise et renoncèrent à poursuivre les délinquants. En effet, il y avait, parmi ce grand nombre de femmes, séduites ou violées, des personnes très-respectables et d’une naissance illustre.

« Rougissant de tout ce qui s’était passé, elles se déguisaient et se couvraient la tête pour se rendre auprès des inquisiteurs qui occupaient le château de Triana, dans la crainte d’être rencontrées et aperçues de leurs maris. Malgré ces précautions, plusieurs de ceux-ci furent instruits de ce qui se passait, et cette affaire pensa donner lieu à de grands désordres dans Séville.

« Les mesures prises pour faire cesser les attentats des confesseurs à la pudeur des femmes, des filles et des jeunes garçons, n’ayant produit aucun effet, le Conseil du Saint-Office donna de nouveaux ordres en 1576, pour provoquer les dénonciations.

« Les papes publièrent successivement, pendant les années 1614, 1622, etc., des bulles et des décrets dont le dernier était ainsi conçu : « Vous déclarerez si vous savez que quelque confesseur, prêtre ou religieux, n’importe le rang, dans l’acte de la confession, soit immédiatement, avant ou après, soit à propos ou sous prétexte de la confession, dans le confessionnal ou dans tout autre lieu, a sollicité ou essayé de solliciter des femmes ou des enfants en les engageant ou les provoquant à des actions honteuses ou déshonnêtes, soit avec lui-même, soit avec d’autres personnes, ou s’il a eu avec elles des entretiens illicites et scandaleux ; et nous exhortons les confesseurs et leur ordonnons d’avertir toutes celles de leurs pénitentes qui auraient été sollicitées en cette manière, de l’obligation qui leur est imposée de dénoncer lesdits suborneurs au Saint-Office à qui appartient expressément la connaissance de cette espèce de délits. »

« On voit, d’après l’ordre donné aux femmes de déclarer les sollicitations qui leur auraient été faites par les confesseurs, de commettre des actions honteuses et déshonnêtes, non-seulement avec eux, mais aussi avec d’autres personnes, qu’il se trouvait des prêtres assez vils pour servir d’entremetteurs et corrompre des femmes et les enfants pour le compte de personnes desquelles ils attendaient un salaire ou un avantage quelconque.

« Le pape Pie IV publia une bulle, en date du 16 avril 1561, par laquelle il autorisa l’Inquisition à rechercher et à punir les prêtres ou les moines qui, dans la confession, subornaient les personnes du sexe ou les enfants, et cherchaient à les rendre complices de leur lubricité. Il paraît que ce crime était assez fréquent en Espagne, puisque ce pape dit, dans sa bulle, qu’il a appris depuis peu qu’il se trouve, en Espagne, plusieurs prêtres, chargés du soin des âmes, qui abusaient du sacrement de la pénitence dans la confession, en invitant ou en provoquant par des paroles séduisantes, ou en cherchant à séduire et à provoquer à des actes déshonnêtes des femmes et des enfants qui se confessent à eux.

« Les prisons de l’Inquisition ne purent faire cesser le mal. Clément VIII fut obligé de suivre l’exemple de son prédécesseur et d’ordonner à l’Inquisition de procéder contre les prêtres séculiers ou réguliers, qui solliciteraient les femmes et les enfants. Mais l’autorité de deux papes n’ayant point obtenu de meilleurs résultats que celle des conciles, ou que les rigueurs de l’Inquisition, un troisième pape, Grégoire XV, écrit, en 1612, une constitution plus détaillée et plus précise, pour mettre fin à ce genre d’immoralité.

Non-seulement il confirme la bulle de Pie IV, mais il ordonne qu’elle soit observée invariablement dans tout l’univers chrétien, et il charge l’Inquisition de punir très-sévèrement tout prêtre qui, par des moyens quelconques ou dans quelque lieu que se fit la confession, solliciterait, provoquerait ou ferait des tentatives pour engager les femmes ou toutes autres personnes, c’est-à-dire les jeunes filles et les petits garçons, à commettre des actions contre la pudeur, stupres, viols, sodomie, pédérastie.

Llorente, dans son histoire de l’Inquisition, donne un aperçu des crimes et des mœurs dissolues qui régnaient parmi le clergé, et des turpitudes qui se commettaient dans le silence des couvents et autres retraites religieuses de l’Espagne. Nous reproduisons ses récits.

« Un capucin était le confesseur de toutes les religieuses réunies dans une communauté de la ville de Carthagène, au nombre de dix-sept ; il avait su leur inspirer une si grande confiance, qu’elles le regardaient comme un saint homme et comme un oracle du ciel. Lorsque le dévot personnage vit que sa réputation était suffisamment établie, il profita de ces fréquentes entrevues au confessionnal pour insinuer sa doctrine aux jeunes béguines. Voici le discours qu’il tint à chacune d’elles :

» Notre Seigneur Jésus-Christ a eu la bonté de se laisser voir à moi dans l’hostie consacrée au moment de l’élévation ; et il m’a dit : Presque toutes les âmes que tu diriges dans ce béguinage, me sont agréables, parce qu’elles ont un véritable amour pour la vertu, et qu’elles s’efforcent de marcher vers la perfection, mais surtout une telle — ici le directeur nommait celle à qui il parlait ; son âme est si parfaite qu’elle a déjà vaincu toutes ses affections terrestres, à l’exception d’une seule, la luxure, qui la tourmente beaucoup, parce que l’ennemi de la chair est très puissant sur elle à cause de sa jeunesse, de sa force et des grâces naturelles qui l’excitent vivement aux actes vénériens ; c’est pourquoi, afin de récompenser sa vertu, et pour qu’elle s’unisse parfaitement à mon amour et me serve avec une tranquillité dont elle ne jouit pas et qu’elle mérite cependant par ses vertus, je te charge de lui accorder en mon nom la dispense dont elle a besoin pour son repos, en lui disant qu’elle peut satisfaire ses appétits luxurieux, pourvu que ce soit expressément avec toi. Afin d’éviter tout scandale, elle gardera sur ce point le secret le plus rigoureux avec tout le monde sans en parler à personne, pas même à un autre confesseur, parce qu’elle ne péchera point avec la dispense du précepte que je lui accorde à cette condition ; elle pourra donc pratiquer le coït de toute façon, avec toi, pour la sainte fin de voir cesser toutes ses inquiétudes, et pour qu’elle fasse tous les jours de nouveaux progrès dans les voies de la sainteté. »

« Une de ces religieuses, âgée de vingt-cinq ans, étant tombée dangereusement malade, demanda un autre confesseur, et après lui avoir fait une révélation entière de ce qui s’était passé, elle s’engagea à tout déclarer au Saint-Office, excitée par la jalousie et soupçonnant que pareille chose était arrivée aux autres femmes de la communauté. Ayant ensuite recouvré la santé, elle alla se dénoncer à l’Inquisition, et raconta qu’elle avait eu pendant trois ans un commerce criminel avec son confesseur ; qu’elle n’avait jamais pu croire en son âme et conscience que la révélation qu’il lui avait faite fut véritable ; mais qu’elle avait fait semblant d’ajouter foi à ses discours, afin de pouvoir se livrer à ses désirs et satisfaire sa lubricité.

» L’Inquisition s’assura que ce commerce avait eu lieu avec douze autres béates de la même communauté. Il n’y avait que quatre de ces religieuses, l’une fort laide et trois d’un âge respectable qui n’eussent pas été déflorées par le confesseur de la sainte maison.

» On répartit toutes ces béguines dans plusieurs couvents ; mais on craignit de commettre une imprudence en faisant arrêter le confesseur et en le transférant dans les prisons secrètes.

» On en écrivit au conseil de la Suprême, et on obtint que le coupable serait envoyé à Madrid. Trois audiences ordinaires d’admonitions lui furent accordées : il répondit que sa conscience ne lui reprochait aucun crime sur ce qui regardait l’Inquisition, et qu’il était extrêmement surpris de se voir prisonnier.

» On lui fit sentir qu’il était incroyable que Jésus-Christ lui eût apparu dans l’hostie pour le dispenser d’un des premiers préceptes négatifs du Décalogue, qui oblige toujours et pour toujours. Il répondit qu’il en était aussi de même du cinquième, et que Dieu en avait cependant dispensé le patriarche Abraham, lorsqu’un ange lui commanda d’ôter la vie à son fils ; qu’il fallait en dire autant du septième, puisque Dieu avait permis aux Hébreux de dérober les effets les plus précieux des Égyptiens. On lui fit remarquer que, dans ces deux cas, il s’agissait de mystères favorables à la religion ; et il répliqua que, dans ce qui s’était passé entre lui et ses pénitentes, Dieu avait eu aussi le même dessein, c’est-à-dire, celui de tranquilliser la conscience de treize âmes vertueuses, et de les conduire à la parfaite union avec son essence divine. Un des interrogateurs lui ayant objecté qu’il était bien singulier qu’une aussi grande vertu se fût trouvée dans treize femmes jeunes et belles, et nullement dans les trois vieilles religieuses ni dans celle qui était laide ; il répondit encore, sans se déconcerter, par ce passage de l’Écriture Sainte : le Saint-Esprit souffle où il veut.

» Il ne restait plus au moine qu’une seule audience avant d’être condamné, et il persista d’abord dans ses premières déclarations. Cependant, comme il ne s’agissait de rien moins que d’être brûlé vif, il sollicita une nouvelle entrevue avec les inquisiteurs, et déclara d’abord qu’il était coupable de s’être aveuglé au point de regarder comme certaine l’apparition de Jésus-Christ dans l’Eucharistie, qui n’avait été qu’une illusion ; mais s’apercevant que les inquisiteurs n’étaient point ses dupes, et qu’ils étaient disposés à le sauver de la relaxation, s’il convenait de son hypocrisie et de ses crimes, il avoua tout et se soumit à toutes les pénitences qu’on lui imposerait.

» Les inquisiteurs firent prendre à cette affaire une tournure favorable à l’accusé, et le capucin, qui avait encouru la peine de mort comme sacrilège, hypocrite, luxurieux, séducteur et parjure, fut condamné seulement à faire abjuration de levi et à subir un emprisonnement de cinq années dans un couvent de son ordre.

— « Molinos, prêtre espagnol, qu’il ne faut pas confondre avec le jésuite Molina, avait formé en Espagne un certain nombre de disciples qui y répandirent sa doctrine. Les apparences d’une perfection spirituelle, associées à un système qui laissait un libre essor aux désordres de l’âme, séduisirent beaucoup de personnes qui n’auraient jamais embrassé aucune hérésie sans le prestige dont Molinos avait entouré ses erreurs.

» Elle se répandit promptement dans les couvents, où il se passait des choses si scandaleuses et si horribles dans les communautés des religieuses, entre elles et leurs directeurs, qu’on ne pourrait les rapporter sans faire frémir. Le libertinage le plus effréné, les avortements forcés et les infanticides y étaient si fréquents, que chaque couvent en fournissait un grand nombre d’exemples ; mais ce qu’il y a de plus remarquable, c’est que ces horreurs s’y commettaient avec une sorte de bonne foi apparente, qui ne pouvait être expliquée que par le fanatisme. Les esprits faibles s’imaginaient que tout ce qui était autorisé par les confesseurs, pouvait être fait sans crime : ainsi, dans le couvent de Corella, en Navarre, une supérieure qui avait déjà eu plusieurs enfants d’un provincial de carmes déchaussés, tenait elle-même les jambes de sa nièce écartées pendant que ce même provincial accomplissait le premier outrage à la pudeur de cette jeune personne, pour que cette œuvre fût plus méritoire aux yeux de Dieu. Des religieuses et des moines assistaient sans honte aux accouchements des autres religieuses, dont les enfants étaient aussitôt étranglés. Tout cela se faisait avec accompagnement de jeunes et tous les signes extérieurs de dévotion ! »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

En France, on compte 40 000 prêtres et 10 000 congréganistes, jésuites, carmes, dominicains, etc… En totalité, cinquante mille confesseurs.

Sur ce nombre, un pour cent demeure fidèle au vœu de célibat, quatre-vingt-dix-neuf sur cent se livrent à la paillardise ; c’est le pape lui-même qui a fixé la proportion des chastes et des impurs.

Donc 49 500 confesseurs vivent dans l’incontinence. Chacun d’eux connaît charnellement une femme par mois, douze pour l’année ; nous parlons de la première année d’exercice du sacerdoce, quand le jeune prêtre jette sa gourme ; nous admettons pour chacune des années suivantes une seule odalisque à ajouter à la liste de ses amours, pendant une période de dix ans. Nous comptons en moyenne, pour chaque curé, dans le cours de sa vie entière, vingt à vingt-deux maîtresses en titre ou de passade, femmes mariées ou filles. Le clergé français apporte déshonneur, dans un million de familles ! Cocuage des maris et défloration des vierges. Avis aux pères et aux époux. Sentinelles, prenez garde à vous !

Produisons les exemples de l’incontinence des tonsurés et de la fréquence des accidents en cette lubrique matière.

Aujourd’hui, les choses se passent exactement comme aux époques où les papes rendaient témoignage des désordres, de la corruption, des ignominies du confessionnal. Mêmes causes, mêmes effets. Avec la confession, les femmes et les filles sont subornées, les jeunes garçons initiés à toutes les turpitudes. Adultères, viols, stupres, actes de sodomie.

Trop d’exemples nous sont fournis de l’immoralité du clergé catholique, chaque jour et en tous pays, avec la sanction judiciaire ; pour un seul curé pris en flagrant délit d’outrage aux mœurs, mille et plus échappent à la vindicte des lois. Nous mentionnerons seulement quelques-uns des attentats qui ont eu un certain retentissement dans notre pays et ailleurs.

À Toulouse, en 1847, une enfant de 14 ans, fort belle, fille d’un relieur de la ville, entre un certain soir, vers cinq heures, dans la maison professe des frères de la doctrine chrétienne, pour y apporter des livres reliés destinés à la communauté ; elle est saisie par la bande noire ; ils sont là neuf frères, ils la violent à tour de rôle ou pratiquent sur elle l’acte de sodomie. L’infortunée expire au milieu des stupres ; ils continuent de profaner la victime, après quoi ils jettent le cadavre par-dessus le mur de leur jardin.

Lors du jugement qui eut lieu à l’occasion de ce crime, le magistrat chargé de l’instruction de l’affaire eut la pensée de faire examiner par des médecins la chemise sanglante et maculée de la victime ; et ceux-ci, au moyen d’opérations chimiques, indiquées par la science, purent constater que les stygmates de sperme existants dans le linge appartenaient à neuf individus. Le supérieur de la maison de Toulouse, le frère Léotade, et ses complices furent traduits devant la cour d’assises ; le FRÈRE LÉOTADE FUT CONDAMNÉ AUX TRAVAUX FORCÉS A PERPÉTUITÉ.

À Montauban (Tarn et Garonne), en 1868, se produisit un grand scandale judiciaire. Un de ces hommes à soutane vomi par les enfers fut jugé et condamné pour des faits d’une immoralité révoltante accomplis sur de jeunes garçons. Le monstre emmiellait son priape, c’est-à-dire le membre viril, et le donnait à sucer aux garçonnets de 8 et de 10 ans que des parents imprudents lui confiaient pour les instruire et les moraliser ! Horreur et abomination !

En 1868, à Gand, (Belgique), une grave affaire de pédérastie est intentée contre un jésuite d’Alost, le père Huyghens, et un jeune tambour de l’armée belge. L’un et l’autre étaient poursuivis pour outrage public à la pudeur commis dans les terrains avoisinant la station de Termonde.

En 1868, un prêtre de la vallée de Passeier, dans le Tyrol, a comparu devant le tribunal de Botzen, sous l’inculpation d’attentat aux mœurs commis sur quatorze jeunes garçons.

En 1868, le tribunal de Bruxelles a condamné pour attentat aux mœurs de la plus ignoble nature, un ecclésiastique déjà flétri par la justice d’Anvers, en 1852, pour des faits analogues, l’abbé Jean Blereau, curé de Vilvorde. Agent et patient avec un cocher âgé de 25 ans ; actes de sodomie et de pédérastie.

En 1868, la Cour d’assises de Bruxelles a condamné à dix ans de réclusion un autre tonsuré, Lafourcade, curé de Biarotte, reconnu coupable de nombreux outrages à la pudeur commis sur des enfants de l’un et l’autre sexe au tribunal de la pénitence.

En 1868, la Cour d’assises de la Charente (France), dans son audience du 3 mai, a jugé Vincent-Auguste Arnal, curé de Saint-Laurent-des-Trubes, pour attentat à la pudeur sur un jeune garçon âgé de moins de quinze ans. Arnal a été condamné aux travaux forcés à perpétuité.

À Versailles (Seine et Oise), au 3 août 1868, fut prononcé un sévère jugement contre l’abbé Hue, curé de Limès, dans une affaire d’outrage à la morale et d’attentats aux mœurs sur des petites filles âgées de 10 à 12 ans, sur lesquelles il accomplit des obscénités qui étaient inconnues à Sodome et à Gomorrhe. Nous nous bornons à reproduire le résumé de l’affaire par le président de la cour d’assises, sans entrer dans les détails, sans faire de réflexions ni de commentaires sur le crime sacerdotal.

« Dans le courant de l’année 1867, quatre jeunes filles, qui allaient faire leur première communion, se présentèrent au confessionnal de l’abbé Hue, curé de Limès, arrondissement de Mantes. Ce prêtre tint successivement à toutes les quatre les propos les plus obscènes. Tout ce que peut inventer l’esprit le plus dévergondé, il l’a dit et il l’a fait.

Cette affaire comporte un grave enseignement ; elle nous révèle ce qu’on peut appeler les Mystères du Confessionnal.

L’abbé Hue, au lieu de veiller sur la pureté des enfants qui lui étaient confiés, déflorait leurs âmes, comme à plaisir ; il appelait leur attention sur les choses ignorées ; et, sous le prétexte de confession, leur enseignait le vice. Il prétend qu’il ne faisait que suivre scrupuleusement le formulaire d’un livre que tous les prêtres ont entre les mains, la science du confesseur. Le Manuel des Confesseurs. »

Le jury de Seine et Oise, qui avait à se prononcer sur cette grave affaire, rendit un verdict affirmatif sur trois questions et négatif sur une seule, sans admission de circonstances atténuantes. La cour faisant application de la loi, a condamné l’abbé Hue à dix années de travaux forcés.

Au mois de juillet 1872, une jeune fille, Anna Dunzinger, comparaissait devant la cour d’assises de Linz, en Autriche, pour être interrogée sur les faits qui avaient été racontés par un journal, le Tagespost, sous le titre de : Épisode d’un mouchoir chloroformé. La jeune fille donna les explications suivantes : Le révérend père Gabriel, de l’ordre des Carmes, mon confesseur, m’avait fait maintes fois des déclarations d’amour, mais j’avais refusé de me rendre à ses désirs. Un jour il me fit passer dans la sacristie pour m’entendre au tribunal de la pénitence ; là se trouvait un confessionnal particulièrement secret. À peine m’y trouvai-je installée que le père Carme enleva le treillis, passa le bras par l’ouverture et tint près de mon visage un mouchoir empreint d’une odeur extrêmement pénétrante. Je me sentis comme étourdie et, presqu’immédiatement, je perdis connaissance. J’ignore tout à fait ce qui a pu se passer entre ce moment et celui où reprenant mes sens, je pus me relever, rajuster mes vêtements et quitter le confessionnal……

Voilà ce qui avait eu lieu : le Carme avait ouvert une cloison mobile qui séparait les deux compartiments du confessionnal ; il avait abusé de ce corps rendu inerte et avait accompli un viol odieux. La jeune fille allait être mère sans même savoir qu’elle avait eu des rapports avec un homme.

Ce sont les Conciles, les Synodes provinciaux, les papes, les chefs d’Ordres, les grands dignitaires ecclésiastiques, d’accord avec les tribunaux séculiers qui signalent les prêtres, les moines, les frères de la doctrine chrétienne, enfin tous les congréganistes, comme suborneurs de filles, corrupteurs de femmes, entachés du vice de Sodome, abusant des fillettes et des garçonnets au tribunal de la pénitence et se rendant coupables de toute sorte d’abominations, de crimes et d’attentats envers leurs pénitentes !

On peut donc affirmer, d’après toutes ces autorités, que le clergé catholique a été et se trouve dans un état permanent de putréfaction morale.