(p. 231-232).


LES LAVEUSES





Le soleil luit ; le vent fait rage ;
Bras nus et le buste ployé,
Les femmes vont, sur le rivage,
Étendre le linge mouillé.

Deux à deux, fermes sur les hanches,
En jupon rouge et bonnet noir,
Elle tiennent les toiles blanches
Humides encor du lavoir ;


Et droites dans la brise folle
Toute claquante de soufflets,
Elles fixent le drap qui vole
Par un triple rang de galets.

Et, tout le long de la mer bleue,
Pleine d’écume et de sanglots,
Se déroule la longue queue
De ces hardes de matelots,

Pauvres lambeaux de toile écrue,
Tristes loques de l’indigent,
Qui font, sous la lumière crue,
Une mosaïque d’argent !