Les Historiettes/Tome 2/61

Texte établi par Monmerqué, de Chateaugiron, Taschereau, 
A. Levavasseur
(Tome 2p. 377-398).


GOMBAULD[1].


Gombauld est de Saint-Just, auprès de Brouage, d’honnête naissance, mais cadet d’un quatrième mariage. Le père vivoit de ses rentes, et il en vivoit si bien qu’il les mangeoit. Il ne faisoit que chasser et faire bonne chère, et enfin il s’acheva de ruiner en procès. D’ailleurs, ce garçon fut maltraité par ses cohéritiers, et faute d’avoir de quoi poursuivre, il n’en eut jamais aucune raison.

Son père, quoique de la religion, eut la faiblesse, se voyant chargé d’enfants, de consentir que celui-ci fût instruit dans la religion catholique, à Bordeaux, afin de le faire d’église. Il m’a dit, car il est huguenot à brûler, que naturellement il avoit de l’aversion pour la religion catholique, et que dès seize ans il cessa de lui-même d’aller à la messe et revint à nous, sans pourtant faire d’abjuration ni de reconnoissance, car il ne prétendoit pas nous avoir quittés, et choisissoit plutôt une religion qu’il n’en changeoit.

Il vint à Paris qu’il étoit encore fort jeune ; il fit d’abord connoissance avec le marquis d’Uxelles[2], le rousseau. Cet homme avoit assez d’habitudes, et ne pouvoit bien faire les lettres dont il avoit besoin ; et dans les desseins de mariage ou de galanterie qu’il pouvoit avoir, il se servoit de Gombauld pour cela, et lui entretenoit un cheval et un laquais.

Gombauld fit assez de vers pour Henri IV, qu’il n’a jamais montrés. Il dit que le Roi lui donnoit pension. La Reine-mère étant régente, elle le regarda fort, à ce qu’il dit, au sacre du feu Roi[3], où il étoit allé avec son rousseau. Mademoiselle Catherine, femme-de-chambre de la Reine, eut ordre de savoir de M. d’Uxelles qui il étoit. Catherine prit un autre rousseau pour M. d’Uxelles, et alla dire à la Reine : « Il dit qu’il ne le connoît point. — Cela ne se peut, répondit la Reine, vous avez pris un rousseau pour l’autre. » Enfin, elle en parla elle-même à M. d’Uxelles, et voulut voir des ouvrages de notre homme.

À quelque temps de là, Uxelles avertit Gombauld qu’on alloit faire l’état de la maison du Roi, et que c’étoit la Reine elle-même qui le faisoit. « Si cela est, dit Gombauld, je ne m’en veux point inquiéter, il en arrivera ce qu’il plaira à Dieu. » Il y fut mis pour douze cents écus. Uxelles le lui vint dire, et ajouta ces mots : « Vous aviez bien raison de ne vous pas tourmenter, la Reine a assez de soin de vous ; je voudrois être aussi bien avec elle. » La Reine le cherchoit partout des yeux. La princesse de Conti lui dit qu’il étoit vrai que la Reine avoit de l’affection pour lui. Il nie d’en avoir jamais été amoureux ; mais bien d’une autre personne de grande qualité qu’il appelle aussi Filis dans ses poésies : l’une est la grande et l’autre la petite. Il accuse mademoiselle Catherine du peu d’avancement qu’il a eu, car il est persuadé que la Reine en tenoit, et que Catherine lui avoit avoué que la Reine ne l’avoit jamais vu sans émotion, parce qu’il ressembloit à un homme qu’elle avoit aimé à Florence. Catherine étoit une brutale ; cependant elle gouvernoit les amours de la Reine. Elle disoit tout de travers ; par exemple, à un ballet où l’on n’entroit que par billets, Uxelles dit à Gombauld : « J’en ai deux, j’en destine un à un tel, en cas que vous en puissiez avoir d’ailleurs, sinon ce sera pour vous. » Gombauld va à mademoiselle Catherine, et lui dit en parlant de cela : « Ce n’est pas, mademoiselle, que j’espère voir le ballet ; ce n’est pas que je demande autrement un billet. » Elle crut qu’il n’en demandoit point (bien d’autres peut-être l’auroient cru). Il falloit parler françois, et lui dire qu’elle prît la peine de dire à la Reine qu’il n’avoit point de billet, et la Reine lui en eût envoyé un tout aussitôt.

En une rencontre de voyage, il dit qu’il ne pouvoit suivre sans argent. La Reine lui dit : « Allez chez le trésorier lui dire de ma part que j’entends que vous soyez payé. » Le trésorier dit : « Monsieur, tout le monde dit de même. Je demanderai ce soir à la Reine ce qu’elle veut que je fasse ; venez demain matin. » Il y alla : « Elle en a marqué deux, dit le trésorier, vous en êtes l’un. » Il fut payé. Il dit que cela dura dix-huit mois, et que s’il eût eu des amis, on ne lui eût rien refusé ; mais que, depuis, la religion lui nuisit.

Il fit l’Endymion[4] durant qu’il étoit au fort de sa faveur. Ce livre fit un furieux bruit. On disoit que la Lune étoit la Reine-mère, et effectivement, dans les tailles-douces, c’est la Reine-mère, avec un croissant sur la tête. On disoit que cette Iris, qui apparoît à Endymion au bout d’un bois, c’étoit mademoiselle Catherine. La Reine témoigna de le vouloir entendre lire, car il avoit beaucoup de réputation, et effectivement c’est un beau songe. Pour Gombauld, il y entend cent mystères que les autres ne comprennent pas, car il dit que c’est une image de la vie de la cour, et que qui le lira avec cet esprit y trouvera beaucoup plus de satisfaction[5]. Il en avoit tant fait de lectures avant que de le faire imprimer, que M. de Candale, quand ce livre fut mis au jour, dit que la deuxième édition ne valoit pas la première, car il lit bien et fait valoir ce qu’il lit.

Dès que Gombauld crut que la Reine lui vouloit faire cet honneur, il alla trouver madame de Rambouillet, qui a toujours été de ses amis, et la pria de lui vouloir bien dire son avis sur la manière dont il s’y devoit prendre : « Madame, lui dit-il, prenez que vous soyez la Reine, et j’entrerai avec mon livre. » En disant cela, il va dans l’antichambre ; madame de Rambouillet se mordoit les lèvres de peur de rire. Il rentre un peu après avec les grimaces les plus plaisantes du monde, et à tout bout de champ il lui demandoit : « Cela sera-t-il bien ainsi ? — Oui, monsieur, fort bien. — Madame, trouvez-vous ce ton-là comme il faut ? N’est-il point trop haut ? est-il assez respectueux ? » et lui demandoit comme cela sur toutes choses. Elle dit qu’elle n’a jamais mieux passé son temps en sa vie ; mais que, pour avoir un plaisir parfait, il eût fallu que quelqu’un les eût vus, et qu’elle l’eût su. Cependant je ne sais pas par quelle aventure tout ce soin lui fut inutile, car Gombauld dit qu’il n’a jamais lu Endymion à la Reine-mère.

Je ne sais si madame de La Moussaye, sœur du feu comte de La Suze, et mère de La Moussaye, le petit-maître, étoit cette petite Filis ; mais on croit qu’il a eu de grandes privautés avec elle, car il a toujours affecté d’en vouloir à des dames de qualité, et me faisoit excuse une fois de ce que dans ses poésies il y avoit des vers pour une paysanne. « Mais, disoit-il, c’étoit la fille d’un riche fermier de Xaintonge, et elle avoit plus de dix mille écus en mariage. »

Cette pension de douze cents écus dont il a été parlé ci-dessus ne lui fut pas toujours continuée ; dès le temps de la Reine-mère même on lui en retrancha quelque chose, nonobstant la ressemblance avec cet amant florentin. Après l’éloignement de la Reine il lui dédia l’Amaranthe[6], et la lui envoya. « Ah ! dit-elle, je savois bien que celui-là ne m’oublieroit pas. » Madame de Rambouillet lui fit un soir une malice à propos de cette pièce : elle lui manda qu’elle l’iroit prendre pour le mener souper en ville. Elle le mena chez madame de Clermont, et après souper on le conduisit dans une salle où des petits enfants jouoient l’Amaranthe. Il pensa mourir, car il n’y a pas d’homme si délicat sur ces sortes de choses, et il vérifia le proverbe qui dit : Il enrage comme un poète dont on récite mal les vers.

Il est grand et droit et a assez de cheveux ; quoique vieux, il a encore bonne mine ; il est vrai qu’étant un peu ridé, il a tort de ne porter qu’un filet de barbe, cela est cause que dans la comédie de l’Académie il y a :

Gombauld, pour un châtré, ne manque point de feu.

Il eut huit cents écus du feu Roi, après l’éloignement de la Reine ; mais, quand la guerre fut déclarée, on ne paya plus de pensions poétiques. Il étoit dans une nécessité extrême, et n’en témoignoit rien. Par courage, même, il étoit habillé à son ordinaire, car de tous les auteurs c’est quasi le mieux vêtu, quand M. Chapelain lui fit avouer qu’il ne savoit plus de quel bois faire flèches, et par le moyen de Bois-Robert lui fit rétablir la moitié de sa pension, c’est-à-dire quatre cents écus. Le chancelier, pour qui il avoit fait quelque chose, lui en donna deux cents sur le sceau. Il voulut absolument que cette pension de quatre cents écus fût sur l’état du Roi, quoiqu’il eût été bien mieux payé du cardinal ; pour celle sur le sceau, il la tenoit pour deniers royaux ; il disoit pour ses raisons qu’il ne recevoit que de son prince.

Comme Bois-Robert travailloit à cette affaire, il montra des vers de sa façon à Gombauld, qui, toujours tout d’une pièce, critiqua tout ce qui ne lui sembloit pas bon, sans avoir égard au temps. Bois-Robert, instruit de l’humeur du personnage, prit cela comme il le falloit, et dans un endroit où Gombauld disoit : « Je n’y suis pas accoutumé (c’est une de ses façons de parler), — Hé ! mon cher monsieur, lui dit Bois-Robert, en se mettant quasi à genoux, je vous prie, accoutumez-vous-y pour l’amour de moi. »

Ce fut en ce temps-là que Gombauld fit le panégyrique du cardinal de Richelieu et l’ode au chancelier, qui n’étoit alors que garde-des-sceaux. Dans ce panégyrique il y a de beaux vers ; mais le corps n’en est pas bon. Pour l’ode, elle est fort obscure. On la censura un peu à l’Académie quand il la montra. Lui qui met toujours les choses au pis, dit tout franc que c’étoit envie, et que M. le cardinal leur fît dire que cela n’étoit pas bien de témoigner ainsi de l’aigreur, et qu’il falloit reprendre avec un esprit de douceur et de charité. On dit qu’il prit cela de travers, et quand on lui dit sur ce vers aux Muses :

Allez sur les bords de Céphise,


qu’il n’avoit rien à commander aux neuf doctes sœurs, ce ne fut que pour rire et le faire donner dans le panneau.

Il croit toujours qu’il a mille ennemis qu’il n’a point. Il m’a dit que, de rage de ce que l’Endymion réussissoit, un homme l’avoit jeté dans le feu. Son caractère est l’obscurité, et cependant il croit être l’homme du monde le plus clair. Il fut si têtu qu’il ne voulut jamais ôter du commencement de ses poésies ce sonnet que l’on n’entend pas, et qui n’a pas servi au débit de son livre ; il l’entendoit lui, « et puis, disoit-il, je l’ai fait pour être à la tête. » Il y avoit je ne sais quoi, comme une espèce d’avant-propos, qu’il vouloit que M. d’Enghien prît pour une épître dédicatoire, quoiqu’il ne le nommât point, et que cela ne lui fût point adressé.

Ses vers pour l’ordinaire ne vont point au cœur ; ils ne sont point naturels ; puis il y a un grand nombre de sonnets, et pour bien rimer il tire souvent les choses par les cheveux. Ses vers de ballets et ses épigrammes valent mieux ; mais ce qu’il a fait de meilleur en vers et en prose, ce sont ses ouvrages chrétiens. Il n’y a ni sel ni sauge à ses lettres imprimées qu’il croit être autant de chefs-d’œuvre. Je crois que c’eût été un grand personnage s’il eût été évêque ; aussi M. de Vence lui voulut-il un jour transporter son évêché, « et je suis assuré, lui dit-il, que je n’y perdrai pas[7]. »

Ce qui l’a le plus rebuté ç’a été de voir que ses Danaïdes[8] eussent si mal réussi ; elles eussent été plus propres à Athènes qu’à Paris. Le libraire le pensa faire enrager, en lui disant : « Pour vos Danaïdes, elles passeront avec vos autres ouvrages. » Madame Cornuel disoit en sortant : « Je veux demander la moitié de mon argent ; je n’ai entendu tout au plus que la moitié de la pièce. » C’est tout ce qu’il pourra faire que de vivre ; son petit volume d’Épigrammes réussit mieux.

Il n’a jamais voulu imprimer les Danaïdes ; le cardinal les voulut ouïr. Bois-Robert avoit étourdiment donné rendez-vous à Cerisay[9], qui avoit fait la moitié d’une tragi-comédie qu’il n’acheva point, et à Gombauld tout ensemble, et quand ce vint à lui, le cardinal étoit las d’entendre lire.

C’est le plus cérémonieux et le plus mystérieux des hommes. Il a découvert, dit-il, le secret de faire des sonnets facilement, et s’il l’eût su plus tôt, il en eût autant fait que Pétrarque. Il n’a garde de le dire ce secret, car je crois qu’il n’en a point ; quand il lui est arrivé d’en faire un en commençant par la fin, il dit que c’est ainsi qu’il faut faire ; quand, au contraire, il n’a fait la fin qu’après tout le reste, il soutient qu’il ne faut jamais commencer par la conclusion. Il sait aussi un secret pour jeter son homme à bas à la lutte ; il en sait un autre pour lui faire sauter le poignard des mains, mais il ne vous le dira pas.

Il a cru que M. Arnauld, le mestre-de-camp, lui a toujours voulu un peu de mal depuis qu’aux champs il lui donna une botte en faisant des armes. Il s’est battu, dit-il, quatre fois en duel ; il disoit même qu’il s’étoit battu deux fois en une heure, et, parlant de cela avec plaisir, il s’en vantoit. S’étant trouvé à la campagne en lieu où l’on couroit la bague, il gagna le prix sans l’avoir jamais courue. Il se piquoit de bien danser[10] et de bien faire des armes ; et souvent il lui est arrivé de pantalonner, et de se mettre en garde devant ses plus familiers. Une fois même il se battit dans la rue : c’étoit contre un homme qui l’avoit querellé sur un logement qu’ils prétendoient tous deux ; il lui dit : « Passez à telle heure devant ma porte, je sortirai avec une épée. » Il fit lâcher le pied à l’autre, et il disoit en racontant cela : « Quoi ! cet homme qui choisit les pavés, qui marche si proprement ! Il poussoit l’autre dans la boue et ne se soucioit pas de se crotter. » Ils furent séparés.

Il dit qu’il auroit inventé la musique de lui-même, si elle n’avoit été inventée. En effet, il a appris à jouer de la mandore[11], et en jouoit admirablement bien, à ce qu’on m’a dit ; mais comme cet instrument n’est plus guère en usage, il l’a laissé là ; auparavant même il falloit bien des cérémonies pour le faire jouer.

Madame de Rambouillet l’appeloit le beau Ténébreux. J’ai dit qu’il étoit cérémonieux. Madame de Rambouillet se repentit de l’avoir mené[12] en une promenade à Lisy, à Monceaux et ailleurs ; car il falloit livrer bataille toutes les fois qu’on se mettoit à table ou qu’on montoit en carrosse. En effet, il est très-incommode sur ce chapitre-là, et croit avoir dit une belle chose quand il a répondu à ceux qui lui disent qu’il est trop cérémonieux : « Ce n’est pas que je le sois trop, mais c’est qu’on ne l’est pas assez à présent. »

À table, il seroit plutôt tout un jour à frotter sa cuillère que de toucher le premier au potage. Je sais toutes ses façons, car je l’ai mené et le mène encore quand je puis à Charenton. Il ne vouloit point se mettre dans le fond, parce que, disoit-il, les gueux le prendroient pour le maître du carrosse. Il a une chose bonne dans sa cérémonie, c’est qu’il ne se fait jamais attendre ; mais il est si peu comme les autres gens, et il vous embarrasse tellement par la peur de vous embarrasser, qu’il faut avoir de la charité de reste pour s’en charger.

Il est propre jusqu’à marcher proprement ; il veut choisir les pavés et aller seul. Madame de Rambouillet dit qu’il n’y a rien de plus plaisant que de voir son embarras quand quelque dame le salue par la ville. Il veut la reconnoître ; il veut faire la révérence de bonne grâce, et en même temps il veut prendre garde à ses pieds ; tout cela ensemble lui fait faire une posture assez plaisante.

On lui a fait deux méchans tours en sa vie, l’un le prenant pour un autre, et l’autre pour rire. Le premier ce fut quand on le prit pour ce fripon de Combault, père du baron d’Auteuil. Le commissaire, un petit coquin, lui dit qu’il falloit aller parler à M. le lieutenant civil. C’étoit du temps qu’on avoit tué le duc de Fronsac devant Montpellier, et que les Huguenots couroient quelque péril à Paris. Il étoit au lit ; il se lève, on le mène ; le créancier étoit là auprès qui reconnut la bévue. Notre homme, maltraité par le commissaire qui lui avoit fait mille insolences, lève la main pour lui donner un soufflet, mais un sergent la lui retint. Le créancier lui demanda pardon le ventre à terre.

La seconde fois voici ce que ce fut. Lui et Boutard étoient tous deux amoureux d’une mademoiselle de Gouy, fille d’esprit. Un jour Gombauld avoit un bas de soie vert de mer : on s’en étonna ; et entre autres, Boutard, qui le vouloit décrier, plaisanta fort sur ce bas de soie : « Hé ! dit-il, savez-vous bien que c’est la couleur de la mer, des cieux, de l’arc-en-ciel, etc. ? » En ce temps-là, Videl, secrétaire du connétable de Lesdiguières (celui qui en a écrit la vie), faisoit un méchant roman nommé Mélante, et demandoit à tout le monde quelque aventure pour y fourrer. Boutard lui dit qu’il y falloit mettre un Traité des couleurs, et qu’il lui fourniroit de belles pensées sur le vert de mer. Il fait après que mademoiselle de Gouy les demande au long par écrit à Gombauld. Boutard en prend copie, et les donne à Videl, qui les imprime mot pour mot. Boutard, voyant cela, fait un placard, qu’il fait imprimer et afficher au coin de la rue où logeoit Gombauld. Voici ce qu’il contenoit : Quiconque aura trouvé un sac à conceptions où il y a des pensées sur le vert de mer, le porte à Jean Gombauld, Xaintongeois, logé rue des Étuves, à l’enseigne du Barillet, à la troisième chambre, il aura un écu pour son vin. Racan s’en alla bonnement voir Gombauld : « Je viens vous consoler, lui dit-il. — Moi ? il ne m’est, grâce à Dieu, rien arrivé, » répond gravement Gombauld, et comme un homme surpris de ce compliment. « Hé ! quoi ! reprit l’autre, n’avez-vous pas perdu votre sac à conceptions ? » Voilà comme Gombauld sut qu’on l’avoit joué.

Boutard, qui est une peste, ne s’en tint pas là, car il entreprit de prouver que Gombauld, qui se piquoit de n’aimer qu’en bon lieu, cajoloit une petite cale[13] crasseuse ; que fait-il ? Il gagne cette cale et la fait aller dans la chambre de Gombauld comme il étoit dans un petit cabinet ; Boutard y fait entrer cette fille, et puis les y enferme tous deux ; après il fait venir un homme qui étoit à mademoiselle de Gouy, et, ouvrant le cabinet, lui fait voir Gombauld et la cale ; à la vérité il ne les y laissa pas long-temps. Notre homme s’en fâcha tout de bon, mais enfin il fallut bien s’apaiser.

À sa mode il cajole tout ce qu’il rencontre. Je lui ai vu dire des douceurs à notre femme de charge, qui n’étoit ni jeune ni avenante. La femme de Courbé[14] alla chez lui un jour ; il n’y a pas d’araignée au monde qui ne soit plus jolie qu’elle ; il lui en conta, et après il disoit : « Je vous assure, elle écoute bien. » Il cajole à mon goût d’une façon qui n’est nullement naturelle, ou, si elle l’est, ce n’est qu’à lui seul ; cependant il croit raffiner, et a toujours la cour à la bouche, mais la belle cour, et pour celle-ci il dit de la plupart des femmes qu’il voit : « Elles auroient besoin de deux ans de cour. »

Une de ses plus grandes foiblesses, c’est de craindre qu’on ne le traite de gueux. Il n’a jamais voulu que ses amis l’assistassent, et une fois depuis la régence, car le feu Roi, après la mort du cardinal de Richelieu, raya de sa main toutes les pensions, on fut contraint de le quêter, et après on lui fit accroire qu’on avoit trouvé moyen de toucher cela de l’argent du Roi. Ce n’est pas que je trouve étrange qu’il ne veuille pas recevoir indifféremment de ses amis ; mais je voudrois qu’il choisît entre tous, et qu’il regardât s’il y en a quelqu’un à qui il veuille avoir une si grande obligation : mais il n’en veut pas prendre le soin, et s’attache un peu trop à la Providence.

Il a vendu quelques ouvrages. J’ai aidé autant que je l’ai pu à faire quelque chose pour lui ; mais M. d’Agaury[15] y a plus servi que personne, jusqu’à cette heure, ou peu s’en faut, par le moyen de quelques affaires, il lui faisoit avoir quelque chose de sa pension.

Un peu avant le blocus de Paris, Chapelain et Esprit, voyant que madame de Longueville goûtoit fort ses ouvrages, firent en sorte que, du consentement de M. de Longueville, elle offrit de lui donner six cents livres de pension, autant que je puis m’en souvenir. Le bonhomme, qui en avoit besoin, n’en vouloit pas, lui pourtant qui n’avoit que les deux cents écus du sceau : ce n’étoient pas bienfaits du Roi ; on eut une peine enragée. Il appeloit cela une servitude. Il disoit que jusque là il avoit pu se vanter qu’il avoit été libre, qu’il étoit l’homme libre du Roi, et que c’étoit, s’il l’osoit dire, en cette qualité-là qu’il en recevoit pension. On découvrit que ce qui le fâcha le plus, c’étoit de n’avoir que six cents livres où M. Chapelain avoit deux mille francs, et qu’il eût été plus satisfait qu’on eût mis quatre cents écus, et qu’on ne lui en eût donné que deux cents. Il fit des vers à la femme et au mari, et il a eu bien mal au cœur d’avoir fait, ce lui semble, des lâchetés ou des bassesses sur rien. Conrart le traita comme un enfant ; car c’est un homme hargneux ; depuis, Gombauld ne l’a aimé en façon quelconque[16], et d’autant plus qu’il n’a jamais touché un sou de cette belle pension, et que, durant le blocus, madame de Longueville ne s’informa pas seulement si le bonhomme avoit du pain. Le chancelier, cette fois, fit l’honnête homme, car de Saint-Germain il eut soin de lui faire payer sa pension. Gombauld l’en remercia en vers, et c’est une des meilleures choses qu’il ait faites. Pour moi, je le sers de tout mon cœur, car je sais que toutes les grimaces qu’il fait ne viennent que d’un bon principe, qu’il a du cœur et de l’honneur, et ne feroit pas une lâcheté pour sa vie. C’est un homme à sécher auprès d’un sac d’argent qu’on lui auroit mis sous son chevet, s’il croyoit qu’on le prend pour un gueux.

Il se plaint sans cesse, et quelquefois de bagatelles, car il a une grande santé. Il m’a conté vingt fois, comme une adversité terrible, que la pluie l’avoit pris en revenant de chez M. Conrart.

M. de Châteauneuf ayant eu les sceaux, sa pension sur le sceau fut rétablie à la prière de mesdames de Chaulnes-Villeroy, Rhodes, Bois-Dauphin et Leuville[17]. Il fut fort empêché comment les louer toutes les quatre : « On dira, disoit-il, que c’est un quatorze de dames[18]. »

Ce fut Conrart qui l’avertit que le trésorier du sceau avoit de l’argent à lui donner de la part de M. de Châteauneuf : il y fut. Conrart lui demanda : « Hé bien ? — Ce trésorier brutal, répondit-il, m’a voulu faire accroire que je ne savois pas écrire. Il m’a dit… — Mais avez-vous touché ? — Il n’y a que moi qu’on traite ainsi !… — Mais avez-vous touché ? » On eut bien de la peine à lui faire dire oui. Cet homme lui avoit dit qu’il n’y avoit pas de sens à sa quittance ; elle n’étoit pas à sa mode. « J’ai honte, disoit-il, d’avoir reçu seul ; d’autres qui le méritent mieux n’ont rien eu : il me semble que le leur escroque. »

Il est un peu infatué du Parnasse, et répondant en qualité de directeur de l’Académie à la harangue de l’abbé Tallemant qu’on recevoit, il lui dit : « Qu’il pouvoit désormais regarder les autres hommes, comme les yeux du ciel regardent la terre. »

Pellisson, qui a fait peindre quasi tous ses amis, vouloit avoir son portrait ; jamais on n’en put venir à bout. Madame de Rambouillet l’en pressa en vain. Il dit : « Que Du Moustier[19] en avoit fait un autrefois, qui étoit l’ombre infernale de Gombauld. Cependant Du Moustier disoit en le montrant : « Voilà le divin Gombauld ; » et on disoit que Du Moustier étoit Pisandre dans l’Endymion. Il disoit que ce seroit la décrépitude de Gombauld, et il a dit à madame de Rambouillet qu’il n’avoit pas dormi depuis qu’elle l’en avoit pressé, et que, si elle continuoit, il se priveroit plutôt du plaisir de la voir, qui étoit la seule consolation qu’il eût au monde. Par bonheur pour lui, Pellisson est entré chez le procureur général (1657)[20], et il a trouvé moyen par son crédit de lui faire payer sa pension. On espère de la lui faire payer tous les ans. Pour le chancelier, il y a cinq ans qu’il lui fait dire qu’il aura soin de lui, mais qu’on a diverti les fonds du sceau. Cependant il en trouve bien pour Mézeray, parce qu’il a peur que cet homme ne parle pas bien de lui dans son histoire.

En 1658, après la maladie du Roi, il fit un sonnet qu’il ne voulut jamais donner, quoiqu’il fût beau, à quelque chose près, disant qu’il ne vouloit pas que la première chose que le Roi verroit de lui ne fût pas achevée, comme si le Roi s’y connoissoit, ou ceux qui l’approchent.

Pellisson, qui le fait subsister par le moyen du surintendant Fouquet, à qui il est, ne put l’obtenir : on eut beau l’en presser. Cependant il en a fait imprimer cent qui valent moins. Je ne l’ai jamais vu si poète, pour ne rien dire de plus, qu’en cette rencontre. Il pesta contre tout le monde et contre Pellisson même, ou peu s’en fallut. J’y découvris de l’envie : « On paie si mal des vers immortels ! disoit-il ; un sonnet immortel que je fis pour M. Servien, que m’a-t-il valu ? » et, pour toute raison, quand je le pressois de donner de temps en temps à Pellisson quelque chose qui ne fût pas imprimé, pour entretenir le surintendant en belle humeur pour lui, il me répondoit que ce même esprit qui lui faisoit faire ces sonnets immortels l’empêchoit de faire ce que je lui conseillois. Il veut qu’on le reprenne, puis il enrage, et dit qu’il y a des gens qui élèvent témérairement des nuages de difficultés.

Une Italienne, nommée Foscarini, qui sert madame de Rambouillet, voyant un jour les grimaces de cet homme, dit, quand il fut parti : « Signora, è matto quel uomo ? — Comment matto ! c’est un des plus sages hommes du monde. — Pensava che fosse matto, » répondit-elle.

J’ai déjà dit que c’étoit un huguenot à brûler. Il a écrit plusieurs petites pièces de controverse, et il croit, s’il osoit les imprimer, que cela persuaderoit tout le monde. Un jour il dit, à propos d’ouvrages chrétiens, à un de mes beaux-frères, qu’il avoit fait une fois des prières assez belles pour croire qu’elles lui avoient été inspirées, et qu’en effet il n’avoit jamais rien fait qui en approchât. « Une nuit, disoit-il, que je n’avois point dormi, j’entendis sur le point du jour un grand bruit dans ma cheminée ; c’étoit l’été, il n’y avoit point de feu ; je me lève, j’y trouve une fort grosse et une fort belle plume de pigeon : je la taillai et j’en écrivis ces prières. » Il vouloit qu’on crût que le Saint-Esprit y avoit part. Après, il s’avisa que c’étoit une extravagance, et pria ce garçon de n’en rien dire. Il ajouta que ce qu’il avoit écrit un jour sur Notre Père[21] avec cette même plume, tomba dans le feu, comme si ses mains eussent été de beurre, et que ces papiers se consumèrent tous en un instant. À propos de religion, il est si emporté sur cela qu’il trouve que madame de Rambouillet a tort d’être si bonne catholique. Un jour qu’il étoit avec elle, il s’enfuit en voyant arriver de jeunes femmes qu’il connoissoit fort, en disant « qu’il faisoit peur à la jeunesse. » D’autres fois il leur contera fleurettes.

Logé avec les Beaubrun, peintres, qui ont deux femmes assez raisonnables, ils lui voulurent donner à souper. Il ne voulut point y aller que le repas ne fût commencé, et leur fit bonne chère.

Il délogea de chez un chirurgien, auprès des Beaubrun, à cause de sa servante. C’est une fille fière comme une princesse, et qui a quelque chose de démonté, ou je suis le plus trompé du monde. Elle n’est pas trop mal faite. Je ne sais ce qu’il y a, mais le bonhomme a dit à madame de Rambouillet qu’il connoissoit une pauvre fille pour qui trois hommes étoient morts d’amour : il y a apparence que c’est celle-là. Elle cause fort, et c’est quelque divertissement pour lui. Or, cette fille a la tête près du bonnet ; elle dit quelque chose de travers au chirurgien ; le bonhomme entendit du bruit, descendit ; il trouva que son hôte avoit donné quelque horion à cette fille ; cela le mit en colère, il le frappa. Le chirurgien fut assez sage pour ne pas riposter. C’est pour cela qu’il délogea.

Bien des gens tâchèrent de le désabuser de cette fille qui le pilloit, mais on n’en put venir à bout ; elle étoit maîtresse absolue, et excluoit qui il lui plaisoit. Une fois elle chassa La Mothe Le Vayer, le prenant pour un ministre. Elle surprit une lettre de Conrart, où il la déchiroit ; elle la garda, et dit qu’il étoit bien obligé à sa goutte, car sans cela elle lui feroit donner le fouet par la main du bourreau. On ne savoit même si ce bon homme ne l’avoit point épousée. Enfin, il mourut après avoir été long-temps incommodé d’une chute qu’il fit dans sa chambre. Il a confessé en mourant qu’il avoit quatre-vingt-seize ans. On lui avoit fait donner quelque subvention de bel esprit par M. Colbert[22].

Madame Marie se garda bien de faire venir des prêtres, car il lui eût coûté à le faire enterrer, et elle étoit légataire universelle. Dans notre religion il ne coûte quasi rien à mourir ; ce fut la raison pourquoi le lieutenant criminel Tardieu laissa mourir sa belle-mère huguenote[23].

Ménage demanda un jour à cette fille si décidément elle étoit mariée avec M. de Gombauld. « Moi, répondit-elle, monsieur ! Hé ! que voudriez-vous que je fisse de cet homme-là ? J’ai plus de bien que lui. » Elle avoit raison, car elle lui avoit pris tout ce qu’il avoit.

Pellisson étant entré chez M. Fouquet, eut soin de lui faire payer quatre cents écus tous les ans, et lui fit donner cent louis d’or pour avoir dédié les Danaïdes au surintendant : mais, depuis la détention de M. Fouquet, il tomba dans une grande pauvreté.

Il fit pour le carrousel du Roi quelque chose ; on se servit de cela auprès du comte de Saint-Aignan, qui lui envoya cinquante pistoles de son argent, en attendant qu’il pût faire quelque chose pour lui. Cela lui vint fort à propos, car il s’étoit laissé tomber dans sa chambre de sa hauteur, et s’étoit tout froissé il y a cinq ou six ans ; de sorte que, depuis cette chute, il est toujours au lit, et l’on ne croit pas qu’il en relève. On tâchoit à lui faire avoir une subsistance en quêtant ses amis ; mais personne ne se pouvoit résoudre à remettre l’argent entre les mains de madame Marie, sa servante, que, depuis quelque temps, il appelle lui-même madame Marie. Elle le vole, lui a fait faire une déclaration que ses meubles ont été achetés de l’argent de cette fille, ce qui est faux, et a tiré de lui quelques promesses. Elle est maîtresse absolue ; on dit qu’elle prête sur gage. Sur ce qu’elle avoit dit qu’elle feroit donner le fouet à M. Conrart, pour maintes choses qu’il avoit dites contre elle, quelqu’un lui dit : « Il faudra donc qu’on le mette sur la charrette, car il ne sauroit marcher, il est trop goutteux. » Enfin, M. de Montausier, qui vouloit donner cent écus par an, voyant que la contribution ne pouvoit avoir lieu, s’avisa d’en parler à M. Colbert, à qui Ménage en parla aussi ensuite à la prière du bonhomme, et M. Colbert lui envoya une ordonnance de quatre cents écus dont il fut payé.

Les derniers ouvrages de Gombauld, qui ne sont pas les meilleurs, sont entre les mains de M. Conrart[24].

  1. Jean Ogier de Gombauld, de l’Académie françoise, mourut nonagénaire, en 1666.
  2. Jacques Du Blé, marquis d’Uxelles, gouverneur de Châlons, mourut en 1629. C’est le père du maréchal de ce nom.
  3. Du roi Louis XIII.
  4. Endymion ; Paris, 1624, in-8o.
  5. En ce temps-là un garçon de Blois, nommé Duvivier, avoit fait une comédie en vers où il y avoit tous les idiômes de France ; le gascon, qui étoit, comme vous pouvez penser, un capitan, disoit qu’il étoit aimé de toutes les belles ; et parlant des déesses, il dit de la lune :

    Mais elle loge un peu bien haut,
    Et puis je la laisse à Gombauld. (T.)

  6. Amaranthe, pastorale en cinq actes et en vers, avec des chœurs et un prologue, dédié à la Reine mère du Roi ; Paris, 1631, in-8o. (Voy. la Bibliothèque du Théâtre-François du duc de La Vallière, t. 2, p. 300.)
  7. Ce passage est bien extraordinaire. Godeau, évêque de Vence, ne pouvant conserver l’évêché de Grasse avec celui de Vence, essaya de traiter du premier, et il y parvint ; mais comment a-t-il pu penser à le proposer à Gombauld, qui, comme le dit Tallemant, étoit huguenot à brûler ? Il suffit de parcourir les Traités et Lettres de Gombauld, touchant la religion, pour avoir la démonstration qu’il n’admettoit que la religion de Luther et de Calvin. Ces Traités sont contenus dans un petit volume assez rare, dont Conrart a été l’éditeur. Il porte au frontispice la sphère, comme quelques Elzévirs, et il a été imprimé à Amsterdam, 1669, petit in-12.
  8. Les Danaïdes, tragédie, par M. de Gombauld ; Paris, Courbé, 1658, in-8o. Cette pièce est dédiée au surintendant Fouquet.
  9. On lit Serisay au manuscrit. Ne seroit-ce pas Habert, abbé de Cerisy, que Tallemant auroit voulu désigner ?
  10. Il a bien dansé, à ce qu’il dit ; pour moi je ne lui trouve rien de naturel, et mademoiselle de Rambouillet dit que, quoiqu’il chante de sa vieille cour, les gens n’étoient point faits comme lui, et qu’il a toujours été unique en son espèce ; j’entends aux habits près. (T.)
  11. C’étoit une espèce de petit luth à quatre cordes. (Dictionnaire de Trévoux.)
  12. Chez M. de Montlouet d’Angennes. On verra sa manière de conversation par ce que M. de Montlouet m’a dit : « Gombauld disoit que c’étoit le pays du diable, à cause que la rivière s’appelle Ourque, Orcus ; Cussy là auprès, c’est le Cocyte, parce qu’il y a une terre qui se nomme Averne. » (T.)
  13. On appeloit cale, une fille de basse condition, à cause de la cale qui lui servoit de coiffure. Richelet cite cet exemple tiré de Sarrasin : Voiture a aimé depuis la couronne jusqu’à la cale. (Dictionnaire de Richelet. Genève, 1680.)
  14. Augustin Courbé, le libraire-éditeur de Gombauld.
  15. Ce nom est incertain dans le manuscrit.
  16. Il dit que Conrart et Chapelain sont des cabaleurs. (T.)
  17. Bensserade y eut beaucoup de part. (Voyez l’article sur Benserade.)
  18. Expression du jeu de piquet.
  19. Célèbre peintre de portraits auquel Tallemant a consacré un article dans ses Mémoires.
  20. Le surintendant Fouquet étoit en même temps procureur-général au Parlement de Paris.
  21. Sur le Pater, l’Oraison dominicale.
  22. On lit dans l’état des gratifications faites par Louis XIV aux savants et hommes de lettres pour l’année 1664 :

    Au sieur Gombauld, bien versé dans la poésie, et pour l’obliger de continuer son application aux Belles-Lettres · · · · · · 1200 fr.

    La mention est portée dans l’état de l’année 1665.

    Cette pièce a été publiée par les bibliophiles françois dans leur volume de 1826. M. Bérard en est l’éditeur.

    Gombauld mourut en 1666.

  23. Ce trait d’avarice du lieutenant criminel Tardieu a été oublié par Despréaux, qui, dans sa dixième satire, a si bien peint le couple ridicule.
  24. Conrart a publié les Traités et Lettres de feu M. de Gombauld, touchant la religion. (Voy. plus haut la note 1 de la p. 385. Conrart est l’auteur de l’avertissement qui précède ces Traités. (Voyez la Notice sur Conrart à la tête de ses Mémoires, dans la deuxième série de la Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France, tome 48, page 25.)