Les Historiettes/Tome 2/17

Texte établi par Monmerqué, de Chateaugiron, Taschereau, 
A. Levavasseur
(Tome 2p. 103-113).


M. DE BAUTRU[1].


M. de Bautru est d’une bonne famille d’Angers. Il a été conseiller au grand conseil. En ce temps-là, il épousa la fille d’un maître des comptes, nommé Le Bigot, sieur de Gastines. Cette femme ne se mettoit point dans le monde ; elle ne sortoit guère. « Oh ! la bonne ménagère ! » disoit-on. On la donnoit pour exemple aux autres. Enfin il se trouva qu’elle ne sortoit point parce qu’elle avoit son galant chez elle. C’étoit le valet-de-chambre de son mari. Bautru fit mourir ce galant à force de lui faire dégoutter de la cire d’Espagne sur la partie peccante[2] ; d’où vient que Saint-Germain, croyant que c’étoit Bautru qui avoit fait les vers[3] sur la retraite de Monsieur, avoit mis dans la réponse :

Quand il cacheta près du c.
Son valet qui le fit cocu.


Il chassa sa femme, et ne voulut point reconnoître le fils dont elle accoucha. Il l’a reconnu depuis, mais long-temps après. Cette femme jusque là vécut de carottes à Montreuil-Belay en Anjou, pour épargner quelque chose à son enfant. Jusqu’à cette heure elle demeure chez lui en Anjou, où il va quelquefois ; mais elle ne vient point à Paris. Il a le malheur d’avoir un sot fils. À propos de cela, M. de Guise, comme ils dînoient ensemble, lui ayant dit : « Qu’y a-t-il entre un cocu et un autre ? — Une table, » répondit-il, car ils n’étoient pas de même côté. Comme les trois frères de Luynes commençoient à s’établir, on dit à Bautru : « Mais il faut leur porter respect. — Pour moi, dit-il, s’ils me traitent civilement, je dirai : M. de Brante, M. de Luynes, M. de Cadenet ; autrement je dirai Bran de Luynes et Cadenet, » en changeant le t en d, ce qui ne se remarque pas quasi en prononçant.

Bautru, s’étant défait de sa charge, se mit à suivre la cour. Le maréchal d’Ancre l’aimoit ; et s’il n’eût point été tué, il lui alloit faire une affaire qui lui eût valu dix mille écus de rente.

J’ai déjà dit ailleurs qu’il étoit à la drôlerie du Pont-de-Cé. Quelqu’un qui estimoit fort un M. de Jainchère, qui avoit quelque emploi en cette guerrette, lui dit : « Qu’est-ce qui est plus hardi que Jainchère ? — Les faubourgs d’Angers, répondit-il, car ils ont toujours été hors la ville, et lui n’en est pas sorti. »

Il dit à la Reine-mère que l’évêque d’Angers étoit saint, et qu’il guérissoit la v...... L’évêque le sut, et s’en plaignit : « Eh ! comment l’aurois-je dit ? dit Bautru, il en est encore malade. »

Jouant au piquet à Angers contre un nommé Goussaut, qui étoit si sot, que pour dire sot on disoit Goussaut, Bautru vint à faire une faute, et, en s’écriant, dit : « Que je suis Goussaut ! — Vous êtes un sot, lui dit l’autre. — Vous avez raison, répondit-il ; c’est ce que je voulois dire. »

Il disoit à mademoiselle d’Auchy, fille d’honneur de la Reine-mère : « Vous n’êtes pas trop mal fine, avec votre sévérité. Vous avez si bien fait, que vous pourrez, quand vous voudrez, vous divertir deux ans sans qu’on vous soupçonne. »

M. d’Effiat le prit en amitié, et c’est de là, bien plutôt que du cardinal de Richelieu, que vient sa richesse. Bautru étoit bon courtisan, ou bon bouffon, si vous voulez ; de mœurs et de religion fort libertin, et tel, que M. d’Orléans lui écrivoit toujours : Au petit b...... Il étoit petit, mais bien fait.

Le marquis de Borbonne, un seigneur qui n’avoit point de réputation pour la bravoure, lui donna des coups de bâton ; je n’ai pu savoir pourquoi. Il en fit un vaudeville, où il y avoit :

  Borbonne
 Ne bat personne,
Cependant il me bâtonne.


La première fois qu’il alla au Louvre après cela, chacun ne savoit que lui dire. « Eh quoi, leur dit-il, croit-on que je sois devenu sauvage, pour avoir passé par les bois ? » Il n’a jamais pu s’empêcher de médire ; et comme les chiens ne mordent guère sans avoir des coups de bâton, le pauvre Bautru ne manqua pas d’en avoir, car il n’eut pas la discrétion d’épargner M. d’Épernon. S’il n’a dit que ce que j’en ai ouï dire, je trouve le mot assez méchant pour mériter quelque correction, mais non pas si rude. Il y avoit un vieil Espagnol à la cour qu’on appeloit Gilles de Metz (un de ces Espagnols qui furent chassés avec Antonio Pérez) ; Bautru disoit : « N’est-ce pas une chose étrange que Gilles de Metz passe pour si vieux ? M. d’Épernon est son père, car on sait bien qu’il a fait Gilles de Metz[4]. » Les Simons (c’étoient les donneurs d’étrivières de chez M. d’Épernon) l’étrillèrent comme il faut. Quelque temps après, un de ces satellites, en passant auprès de lui, se mit à le contrefaire comme il crioit quand on le battoit. Bautru ne s’en déferra point, et dit : « Vraiment, voilà un bon écho, il répond long-temps après. » Bautru alla voir la Reine, et il avoit un bâton. « Avez-vous la goutte ? lui dit-elle. — Non, madame. — C’est, dit le prince de Guémenée, qu’il porte le bâton comme saint Laurent porte son gril : c’est la marque de son martyre[5]. »

Il eut aussi de grands démêlés avec M. de Montbason, pour en avoir fait cent railleries, comme : que c’étoit un homme bien fait, qu’il n’y avoit pas au monde de plus beau corps-nu (il équivoquoit sur cornu). D’ailleurs le bon homme avoit su que l’Onosandre[6] étoit une pièce contre lui. La Reine-mère accommoda cela, et on dit que M. de Montbason, entre autres choses, l’ayant menacé de coups de pied, il faisoit remarquer à la Reine-mère : « Madame, voyez quel pied ! que fût devenu le pauvre Bautru ? » M. de Montbason étoit fort grand et puissant. Mais Bautru ne fut pas traité si doucement de la belle-mère que du gendre. Il avoit, dit-on, fait galanterie avec la comtesse de Vertus, et il en avoit fait des médisances épouvantables. Elle s’en voulut venger, et pour cela elle s’adressa au marquis de Sourdis, qui lui promit, comme il le fit, de lui donner des coups de bâton sur le quai de l’École ; et elle étoit à la Samaritaine pour en avoir le plaisir. Le marquis le traita plus humainement que les Simons, mais il eut pourtant quelques coups.

À la province, je ne sais quel juge de bicoque l’importunoit trop souvent. Un jour que cet homme vint le demander, il dit à son valet : « Dis-lui que je suis au lit. — Monsieur, il dit qu’il attendra que vous soyez levé. — Dis-lui que je me trouve mal. — Il dit qu’il vous enseignera quelque recette. — Dis-lui que je suis à l’extrémité. — Il dit qu’il vous veut dire adieu. — Dis-lui que je suis mort. — Il dit qu’il veut vous donner de l’eau bénite. » Enfin il le fallut faire entrer.

Il disoit du Père Pradines, cordelier, son confesseur, qu’il étoit aussi noble que le grand-duc, et qu’il venoit de quatre têtes couronnées de Cordeliers de père en fils. On avoit donné à ce Père un brevet de confesseur des Enfants de France jusqu’à l’âge de sept ans, et on ne se confesse qu’à cet âge-là.

Le cardinal de Richelieu en faisoit cas, et disoit qu’il aimoit mieux la conscience d’un Bautru que de deux cardinaux de Bérulle. Il l’envoya en Espagne, en qualité d’envoyé seulement ; et le comte-duc lui montrant son gallinero, il lui dit que le Roi, son maître, lui envoyoit dellos gallos. L’autre se plaignit qu’on lui envoyoit des bouffons.

Ce fut par le conseil de Bautru que le cardinal ne fit point imprimer cette harangue qu’il prononça au Parlement, et qui avoit fait tant de bruit. Pour l’en détourner, il lui dit ce passage d’Horace, de Arte poeticâ :

Segniùs irritant animos demissa per aures
Quàm quæ sunt oculis subjecta fidelibus…….


Depuis, cette pièce a été imprimée durant la Fronde, et a fait voir que Bautru avoit eu bon nez.

Ce fut lui aussi qui mit bien le comte de Charost avec le cardinal. Ce ministre étoit allé se promener à l’abbaye de Royaumont. Bautru l’y fut trouver : « Avec qui êtes-vous venu ? lui dit le cardinal. — Avec Charost. — Eh ! de quoi vous êtes-vous avisé d’amener ce fastidieux personnage ? — Ah ! monseigneur, si vous saviez combien il a de zèle et de tendresse pour Votre Éminence, vous n’en parleriez pas ainsi. On n’a jamais tant aimé une maîtresse qu’il vous aime. » Depuis cela, le cardinal eut de l’estime pour Charost.

Comme il passoit un enterrement où on portoit un crucifix, il ôta son chapeau : « Ah ! lui dit-on, voilà qui est de bon exemple. — Nous nous saluons, répondit-il, mais nous ne nous parlons pas. »

Il disoit d’un certain Minime qu’on vouloit faire passer pour béat, que le seul miracle qu’il avoit fait, c’étoit que, ne mangeant que du poisson, il sentoit l’épaule de mouton en diable.

Il disoit que Rome étoit une chimère apostolique ; et à une promotion de cardinaux que fit le pape Urbain, où il n’y avoit guère de gens de qualité (je pense qu’ils étoient dix en tout), Bautru, en lisant leurs noms, disoit : « N’en voilà que neuf. — Eh ! vous oubliez Fachinetti, dit quelqu’un. — Excusez, répondit-il, je pensois que ce fût le titre. »

Une fois qu’il y avoit ici des députés du Mirebalais qui vouloient parler au cardinal de Richelieu, Bautru, qui cherchoit à le divertir, demanda à celui qui portoit la parole : « Monsieur, sans vous interrompre, combien valoient les ânes en votre pays quand vous partîtes ? » Ce député lui répondit : « Ceux de votre taille et de votre poil valoient dix écus. » Bautru demeura déferré des quatre pieds. Il rencontra mieux sur ses chevaux. Il vouloit renvoyer quelqu’un en carrosse, qui, par cérémonie, lui disoit que ses chevaux auroient trop de peine. « Si Dieu, répondit-il, eût fait mes chevaux pour se reposer, il les auroit faits chanoines de la Sainte-Chapelle. »

Quelquefois il racontoit assez froidement, et cela arrive à tous ceux qui font métier de dire de bons mots. La première fois que Boisrobert fit un acte de ces pièces de Cinq-Auteurs que le cardinal de Richelieu faisoit faire, Bautru dit : « Boisrobert est un bon homme, mais il a pourtant fait un méchant acte. »

Il montra un crucifix à Lopès à la messe, et lui dit : « Voilà de vos œuvres. — Eh ! répondit Lopès, c’est bon à ces messieurs à s’en plaindre ; mais pour vous, de quoi vous avisez-vous ? »

Il fait et a fait autrefois des vers, mais il y a plus d’esprit que de génie, et l’élocution n’est nullement châtiée. Plusieurs fois il a donné à dîner à Saumaise, à Desmarets, à Quillet, et à d’autres gens de lettres. La meilleure chose qu’il ait faite c’est un impromptu pour réponse à un que lui avoit envoyé M. Le Clerc, intendant des finances, qui étoit de Montreuil-Bellay. Or l’on dit en proverbe : Les clercs de Montreuil-Bellay qui boivent mieux qu’ils ne savent écrire. Voici ce que c’est :

Une autre fois prenez plus de délai ;
Votre impromptu n’a pas le mot pour rire.
Vous êtes clerc, et de Montreuil-Bellay,
Qui buvez mieux que ne savez écrire.

Il disoit du feu roi d’Angleterre, Charles Ier : « C’est un veau qu’on mène de marché en marché ; enfin on le mènera à la boucherie. »

Quand nos plénipotentiaires à Munster eurent pris la qualité de comtes : « Ah ! dit-il, je me doutois bien que cette assemblée-là nous feroit des comtes borgnes ; » à cause de M. Servien qui n’avoit qu’un œil.

On joue fort chez lui. Il disoit d’un grand joueur nommé Miton, que c’étoit dommage qu’il ne s’appelât pas Marc ; qu’on diroit Mar-Miton.

Ménage, dans ses Origines, sur le mot de bougre, a mis ainsi : Bougre, je suis de l’avis, etc. « Ah ! lui dit Bautru, vous en êtes donc aussi, et vous l’imprimez ! tenez, il y a bien moulé : Bougre je suis[7]. » Cela me fait souvenir que Rumigny, l’hiver passé, trouva le pauvre Bautru, qui est tout perdu de goutte, dans sa chaise, auprès d’un si grand feu qu’il se brûloit et avoit beau crier, ses gens, après avoir mis force cotrets, s’en étoient en allés, et ne l’entendoient point en aucune sorte. Le petit b..... étoit là puni d’un supplice condigne[8].

Bautru dit que les porteurs de Saint-Pavin sont des porte-diable. C’est qu’on dit des porte-Dieu, pour dire les prêtres qui portent l’hostie.

Il disoit que Nogent, son frère, étoit le Plutarque des laquais : les laquais admiroient ses sentences.

On a remarqué de toute la race des Bautru est naturellement bouffonne. Nogent, son frère, en a fait profession[9]. Cherelles, La Rouillerie et le prieur de Matras[10], trois frères Bautru, cousins-germains de celui dont nous venons de parler, ont été tous trois fort plaisants en leur espèce. Le premier étoit d’épée ; il avoit de l’esprit et faisoit des vers. C’étoit un vaillant homme. Il disoit qu’il perdoit toujours quand il jouoit, et gagnoit toujours quand il f...... La Rouillerie étoit à l’artillerie et commandoit un vaisseau. Il fit tout ce qu’on pouvoit faire aux îles de Sainte-Marguerite. Il prenoit du tabac sur un affût de canon tout à découvert. Il ne s’accommodoit point bien de l’archevêque de Bordeaux, et lui disoit : « Sur ma foi, je ne vous veux plus suivre qu’à la procession. » Pour le prieur de Matras, une fois qu’il suoit la v..... dans un grenier, un de ses amis le cherchant, cria : « Adam (c’étoit son nom), Adam, ubi es ?Domine, répondit-il, mulier quam mihi dedisti fefellit me. » Il étoit un ivrogne fieffé, et quelquefois un assez méchant plaisant. Un jour que son valet, sous son manteau, portoit un grand broc de vin, il le suivoit en pleurant. Quelqu’un lui dit : « Qu’avez-vous ? — C’est le meilleur de mes amis qu’on porte en terre. » C’est que le broc étoit de grès.

Un jour Bautru répondit assez plaisamment à Cuprif, l’archidiacre d’Angers, qui lui vouloit faire des réprimandes dans le chapitre, car il étoit chanoine : « Il est vrai, lui dit-il, que vous êtes d’une famille où il y a de beaux exemples à imiter, car vous avez un confesseur à La Haye, une vierge dans la Cité, et un crochet en Grève. » Un Cuprif s’étoit fait ministre en Hollande, une fille avoit été débauchée, et un capitaine, pour avoir volé sur les grands chemins, avoit été roué à Paris.

  1. Guillaume de Bautru, comte de Servant, conseiller d’État, membre de l’Académie françoise, chancelier de Gaston, duc d’Orléans, né à Paris en 1588, mort le 7 mai 1665.
  2. Tallemant nous fait connoître le traitement cruel que Bautru fit subir à son valet. Toutefois Ménage, qui étoit lié avec Bautru, tout en se taisant sur la nature de la peine infligée, dit que le valet n’en mourut pas. Non content de cette cruauté, le mari offensé « fit prendre son valet, et le fit condamner à être pendu par son premier jugement. Le valet en appela, et fut condamné aux galères seulement, parce qu’il exposa que M. de Bautru s’étoit fait justice lui-même, et l’avoit cruellement maltraité. Sa femme voulut toujours être appelée madame de Nogent, nonobstant son mariage, disant qu’elle ne vouloit pas être appelée madame Bautrou par la reine Marie de Médicis, qui avoit alors de la peine à bien prononcer le françois. (Ménagiana, édition de 1762, t. I, p. 103-4.)
  3. C’étoit Chastelet. (T.)
  4. C’est-à-dire que le duc d’Épernon, gouverneur de Metz, avoit quitté cette ville sans dire mot, craignant les suites des vexations qu’il avoit fait souffrir au peuple. Le proverbe faire Gille est interprété dans ce sens dans le Dictionnaire étymologique de Ménage, édition de 1750.
  5. Le manuscrit offre ici cette variante qui, à la vérité, a été raturée : « Bautru un jour se promenoit avec un bâton ; quelqu’un demanda à Saint-Pavin : « D’où vient qu’il porte un bâton ? — C’est, répondit-il, la marque de son martyre. »
  6. L’Onosandre, ou la Croyance du grossier, satire en vers, par Bautru. Cette pièce parut d’abord isolément, sans date, en sept pages in-8o. Elle fut reproduite dans le second volume du Cabinet satirique. La première édition offre cette singularité que le duc de Montbason y est désigné par ses initiales. Nous citerons ce passage de cette pièce rare :

     Hé ! quelle anrageson
    De voir dans un conseil un asne sans raison ?
       M. D. M.
    Qui croid que le grand Cayre est un homme, et les Plines
    Des païs éloignez comme les Filippines ;
    Que l’Évangile fut écrit dedans le ciel,
    Voire d’un des tuyaux de l’aile Saint-Michel ;
    Qui tient que Mahomet, et les Turcs et les Gotz,
    Confraires de Calvin, étoient grands Huguenots ;
    Que Christofle portant le grand Sauveur du monde,
    En plaine mer n’estoit jusques au cul dans l’onde, etc.

  7. Il est probable que la plaisanterie rapportée par Tallemant fut effectivement faite à Ménage ; car ce commencement d’article qu’on lit dans la première édition de son livre : Les Origines de la langue françoise, Paris, 1650, in-4o, a été changé par l’auteur dans les éditions suivantes, où on lit : « Nos anciens François, au lieu de Bulgarie et Bulgare, disoient Bougrie et Bougre. »
  8. Vieux style de quelques-uns de nos anciens poètes. (T.)
  9. Il paroît toutefois qu’il n’aimoit pas à avouer ces sortes de fonctions : « Un jour, dit Ménage, au dîner du Roi, l’Angely dit à M. le comte de Nogent : Couvrons-nous, cela est sans conséquence pour nous. M. le comte de Nogent en eut un tel chagrin, que cela ne contribua pas peu à le faire mourir. » (Ménagiana, édition de 1762, t. I, p. 345.)

    L’Angely sembloit du reste en vouloir aux deux frères comme à des rivaux. « Un jour qu’il étoit dans une compagnie où il y avoit déjà quelque temps qu’il faisoit le fou, M. de Bautru vint à entrer. Sitôt que l’Angely l’eut aperçu, il lui dit : Vous venez bien à propos, Monsieur, pour me seconder, je me lassois d’être seul. On ne peut croire le dépit que cela fit à M. de Bautru. » (Ménagiana, tome 2, pag. 29.)

  10. Charles Bautru, docteur en théologie, chanoine d’Angers, connu sous le nom de prieur de Matras.