CEUX QUI SOUFFRENT

MONSIEUR ET MADAME JUMELIN


Dans une petite maison isolée, située entre Duclair et le château du Taillis, un homme s’est pendu. Il laissait ce manuscrit :

« Je me tue. Il y a des souvenirs qu’on ne peut supporter. Ils vous hantent. Ils vous forcent à mourir. On voudrait les écraser, ils se redressent, plus impérieux. C’est le centre de notre vie, le pivot autour duquel tourne la danse de nos idées, le motif permanent de notre conduite. La fonction du cerveau n’est plus de penser, mais de se rappeler. Nous ne sommes plus des êtres doués de volonté et de jugement : nous sommes une mémoire.

Ainsi moi, je me souviens. Un seul souvenir mit en jeu toutes mes facultés intellectuelles et physiques. Mes yeux ne voient que cela, mes oreilles n’entendent que leurs paroles, l’acte se consomme devant moi. Mon Dieu, comme ce serait bon d’oublier ! Mais l’eau bienfaisante n’existe pas qui effacerait le passé et me laverait l’âme des odieuses visions dont elle est flétrie. Donc il me faut mourir.

Quand vous aurez lu mon histoire, vous m’approuverez.

Il y a une trentaine d’années, habitaient ici, dans cette maison même, deux vieux garçons, les frères Auguste et Joseph Jumelin, que l’on désignait sous la dénomination bizarre de M. et madame Jumelin. Auguste, maigre et sec, avait un grand corps efflanqué, aux jambes et aux bras noueux, la figure coupante et sans lèvres, la peau du front crevée d’os. Joseph, que tous appelaient Joséphine, était gros, gras, glabre, toujours vêtu d’une redingote serrée à la taille et ballante sur les jambes comme une jupe.

Auguste, très actif, se levait à sept heures, se rendait au bourg où le sollicitaient un commerce de fruits et des fonctions d’adjoint, et présidait une ligue fondée par lui, la « Ligue pour le développement des idées libre-penseuses du canton de Duclair ». C’était un homme sombre. On le disait atteint d’une maladie noire.

Son frère Joseph, ou plutôt Joséphine, d’un naturel plus joyeux, se distinguait par ses aptitudes de ménagère. En bonne épouse, elle gardait la maison. Dès le matin, elle s’affublait d’un tablier, trottinait à travers les chambres, un trousseau de clefs à la main, et jusqu’au soir donnait l’exemple à la servante, frottait, cirait, astiquait, époussetait. Il fallait que la batterie de cuisine étincelât, et que les parquets fussent irréprochables. Auguste « qui avait la répartie » — tout Duclair le lui accordait — appelait son frère : « Maman Pot-au-feu ». De ce surnom, madame Jumelin s’enorgueillissait.

À onze heures exactement on se mettait à table. Les repas étaient empreints de solennité. Joséphine, qui en avait surveillé la confection, épiait avec inquiétude le visage de monsieur. Monsieur d’ailleurs parlait peu. Il approuvait ou blâmait en quelques mots. Madame rayonnait ou courbait la tête, selon la sentence. En dehors de cela, leurs entretiens se bornaient à de courtes réflexions qu’Auguste émettait parcimonieusement sur les choses et sur les gens. Joséphine les accueillait comme des oracles.

Le ménage s’entendait assez bien. L’un dominait l’autre, cause d’harmonie. Madame craignait monsieur. De fait, il se montrait dur pour elle.

À cinq heures, Auguste quittait définitivement son bureau. Souvent madame Jumelin le rejoignait à Duclair et ils rendaient ensemble des visites ou se promenaient le long du quai en regardant glisser les grands bateaux.

Tous les dimanches Joséphine, que les opinions avancées de son frère scandalisaient, allait à la grand’messe, un paroissien sous le bras. Auguste, planté ostensiblement devant la porte de sortie, l’attendait hors de l’église. Au retour on achetait une brioche. Parfois madame rapportait un morceau de pain bénit, mais monsieur refusait d’en manger.

« Une fois par semaine, le jeudi, on recevait quelques amis. Le repas achevé, Auguste retenait ces messieurs et leur offrait des cigares. Joséphine passait au salon avec ces dames. Le soir, on touchait du piano et M. Jumelin, accompagné par Joséphine, chantait quelques couplets comiques d’une voix lugubre.

Ils se formèrent ainsi un cercle de relations charmantes. « On s’amuse beaucoup chez les Jumelin » disait-on à Duclair. La distraction favorite consistait à taquiner Joséphine et à user de son surnom pour provoquer de délicieux quiproquos.

L’initiateur de ce jeu fut M. Couchard, l’épicier le plus « conséquent » du pays, un véritable boute-en-train, dont on opposait la gaieté exubérante et cocasse aux plaisanteries froides de M. Jumelin, « L’un a la répartie, jugeait-on, mais l’autre a la verve… » la vis comica, suivant l’expression de M. Pal, instituteur retraité. Et ces mots latins dont on bombardait l’épicier Couchard sans que personne les comprît, le revêtaient d’une puissance mystérieuse, la puissance d’exciter le rire immédiatement, par sa seule présence. Avant qu’il n’ouvrît la bouche, on se préparait. Il laissait tomber deux ou trois syllabes, on se tenait les côtes. À l’oreille les assistants se répétaient : « Hein, l’a-t-il, la vis comica ! »

Or, M. Couchard, un jour qu’Auguste poursuivait madame Couchard de ses assiduités, s’écria :

— Vous savez, Jumelin, vous faites la cour à ma femme, je me vengerai, œil pour œil.

N’imagina-t-il point alors de soupirer auprès de Joséphine ? Il l’appelait ma toute belle, lui baisait les mains, lui glissait des billets doux, se plaignait de sa dureté. On en parle encore à Duclair.

Désormais, ce fut la coutume. Auguste accabla ces dames de galanteries. Ces messieurs brûlèrent pour Joséphine. Elle reçut des cadeaux : un éventail, un vieux corset, des jarretières, des ustensiles de toilette spécialement affectés aux femmes. Oh les bonnes soirées !

Elles faillirent se gâter, néanmoins. Un jeune homme, joli garçon, poussa les choses un peu loin. En plein salon, Auguste se fâcha. Il tremblait, pris d’une colère réelle, tout pâle. Autour de lui, ses amis riaient à en mourir, croyant sa rage feinte. « Est-il drôle, ce Jumelin, une scène de jalousie ! » Quelqu’un insinua : « Hé, hé, il n’a pas que la répartie ! » Le prestige de Couchard en reçut une atteinte.

Et cela dura des années, sans incident plus notable. Le commerce prospérait. Les invitations aux soirées du jeudi étaient fort recherchées. Rien ne troublait la surface de cette vie stagnante. M. Jumelin accentuait son rôle d’homme, de maître, de mari. Le bruit courut qu’il battait son frère. Madame Jumelin ne sortait pas de ses attributions subalternes de ménagère et d’épouse. Vraiment elle semblait dominée par ce surnom que lui avait imposé la bêtise d’une petite ville, et qui, de plus en plus, influait sur ses habitudes, sur ses manières d’être, de penser et de se vêtir.

Un événement bouleversa cette existence tranquille et honorable. Une petite bonne qui servait chez eux, une campagnarde des environs de Rouen, se trouva enceinte. Les Jumelin lui offrirent de l’argent, mais elle proclama sa grossesse et prétendit que les deux frères l’avaient violée tour à tour.

Auguste prit une résolution énergique : il disparut avec la bonne et revint, plusieurs mois après, portant enveloppé sous son bras un enfant, un garçon.

C’était moi. Lequel des deux fut mon père ? Je l’ignore. Ma mère, je ne l’ai jamais vue.

C’est dans cette maison, entre ces vieux célibataires, que je grandis. Je n’y manquai pas de soins. Dès le début, les instincts maternels de madame Jumelin se révélèrent. La gardienne du foyer se doubla d’une mère incomparable. Elle me tenait mon biberon, me changeait ma layette, me dorlotait, m’endormait le soir en chantant des refrains de nourrice. Ma première dent la ravit. Mes coliques l’effrayaient.

M. Jumelin la baptisa « nounou ». Mais, moi, je la vengeai de cette moquerie en balbutiant un jour « maman ». Elle me dévora de baisers. On courut au devant de monsieur pour lui annoncer l’heureuse nouvelle. Auguste fit :

— Il a de l’esprit, le gaillard, nous nous entendrons.

Depuis j’ai toujours appelé M. Jumelin papa et son frère maman. Aujourd’hui encore, quand je remonte vers mes premières années, vers la lointaine époque où ne m’importaient point le mystère de ma naissance, ni l’horrible secret que j’ai appris plus tard et qui me fait maudire mes parents, quand je songe à l’être qui m’a élevé, qui m’a entouré de câlineries et d’affection, qui a réchauffé mon corps avec ses lèvres de mère, c’est du doux nom de maman que je l’appelle, car c’est la seule maman que j’aie connue.

Et je voudrais lui pardonner, à elle !

À six ans, je dus aller à l’école, un menu fait me la rendit un lieu de supplice pour les cinq années que j’y restai. Une fois, après la classe, un de mes camarades, qui demeurait du même côté que moi, m’apostropha :

— Hier, j’ai entendu papa qui disait qu’ t’avais pas d’mère, c’est-i vrai ?

Sur le seuil, madame Jumelin m’attendait :

— Si, j’ai une mère, tiens, la voilà.

— Ça, une mère ? C’est un monsieur, une mère ça a des jupes.

Cette révélation me foudroya. Je ne dormis point.

Le lendemain, à l’école, un grand me jeta en pleine figure :

— Comment va-t-elle, m’man Joséphine ?

Dès lors, je fus la risée de mes compagnons. Je devins timide ; ma sensibilité s’affina jusqu’à l’excès. À tout instant, autour de moi, l’on parlait de madame Jumelin avec des intonations railleuses. Pourquoi ce sobriquet inoffensif me cinglait-il comme une injure ? Par quelle bizarre prescience ne pouvais-je l’entendre sans un frisson ?

Ces moqueries, cependant, m’attachaient de plus en plus à ma mère. Sa nature dévouée convenait à mon caractère ombrageux. Elle se confiait à moi, en des crises d’expansion qui me renseignaient sur les méchancetés de son frère, sur sa mauvaise humeur, sur les violentes querelles dont elle sortait épuisée, les membres rompus de coups.

La conduite de M. Jumelin m’indignait. J’en vins à le détester, et je l’évitais, guidé par cet instinct de l’enfant qui s’éloigne des personnes sèches et dures. D’ailleurs, il s’assombrissait chaque jour davantage. Toute société l’importunait. On supprima les réunions du jeudi. Il donna sa démission d’adjoint et de président de la Ligue libre-penseuse. Aux reproches de ma mère, il répliqua :

— Que m’importent les honneurs !

Tous les matins, avant de partir, j’allais embrasser mes parents. Or, un jour, en entrant chez lui, je vis, pendu à un clou du plafond, mon père.

C’est une des affreuses visions qui me hantent, la première. Et elle ne me hante pas seulement comme un souvenir imprimé dans mon cerveau, mais comme une réalité présente, actuelle, que je revis à toute minute. Il est là, devant moi, la tête ployée, les yeux grands ouverts. Et il me tire la langue, une langue bleuie et gonflée. Puis-je espérer quelque bonheur, avec ce cadavre dont la silhouette danse sur les murs, sur les journaux, sur tout objet où se pose mon regard ?

Je ne retournai plus à l’école. Madame Jumelin loua un appartement à Rouen et je suivis les cours du lycée Corneille.

Ma mère ne manquait point de venir m’y rechercher. Je me la représente encore, debout sur le trottoir, vêtue de son éternelle redingote. Elle s’emparait de mes livres. Nous marchions en causant, je lui racontais les incidents de la classe. Aussitôt arrivés, nous nous installions auprès de la fenêtre, devant une petite table. J’écrivais mes devoirs sous sa surveillance et je lui récitais mes leçons.

Avec l’âge cependant se développaient mes tendances à l’inquiétude. Je cherchais tout ce qui pouvait me chagriner. Inévitablement je ne tardai pas à réclamer la vérité sur ma naissance.

— Qui suis-je ? Un enfant trouvé : Le fils de l’un de vous ?

Après de longues hésitations, madame Jumelin me révéla ce qu’elle savait. J’insistai :

— Soit, ma mère est une bonne quelconque que vous avez eue à votre service. Mais de vous deux, qui est mon père ?

Elle répondit en rougissant :

— Je ne sais pas.

Elle ne savait pas, source intarissable de douleurs, elle ne savait pas ! Peut-être le sang qui coulait en mes veines ne provenait-il point du vieux garçon que j’exécrais, mais de celui qui me chérissait et que j’appelais toujours ma maman ! Peut-être, hélas ! étais-je le fils du pendu, et ma maman ne m’était-elle rien, rien qu’un parent dont la chair n’avait point engendré ma chair, dont la vie n’avait point créé ma vie ! Devais-je l’aimer d’amour filial ou d’affection reconnaissante ?

Je lui disais mon supplice. Elle affectait d’en rire :

— Qu’importe qui est ton père ! Je ne veux même pas l’être, je suis ta mère avant tout.

Et sa voix tendre et son bon regard anxieux me réconfortaient.

Ainsi nous vécûmes là quelques années paisibles, les moins mauvaises certes de mon existence. Je n’y connus aucune de ces joies déterminées qui s’imposent à la mémoire, ce fut plutôt une succession de jours simples et bien remplis, dont la monotonie endormait ma souffrance.

… Au lycée je nouai quelques relations assez intimes avec des camarades de classe. Un, surtout — ah ! je me rappelle cela maintenant ! — un, surtout, un grand, m’attira par sa force, par son aspect solide, par l’aisance de ses gestes. Je me sentais chétif à côté de lui, j’aurais voulu qu’il me battît, qu’il me brisât les membres de ses bras puissants. Je l’aimai de tout mon cœur qui s’éveillait. Et puis il partit. Je ne l’ai plus revu. Mais ses yeux m’obsèdent encore, ses grands yeux bleus très purs.

… Un dimanche, des amis m’entraînèrent à l’estaminet. Il y avait plusieurs femmes. On but, on rit. Une petite blonde, de figure agréable, s’assit sur mes genoux et m’embrassa. Je la repoussai violemment, comme écœuré de ce contact. Elle se fâcha, mes compagnons me plaisantèrent, et je m’en allai, jugeant moi-même ma conduite absurde…

Mon Dieu ! comme tout cela m’apparaît clairement aujourd’hui, aujourd’hui que je vais mourir ! Comme toutes ces choses auxquelles je n’avais jamais réfléchi, se précisent, s’expliquent, se coordonnent, acquièrent un sens particulier, une importance spéciale ! Comme je comprends bien tout, tout !

Une fois par mois, madame Jumelin accomplissait pieusement un pèlerinage à Duclair. Malgré mes supplications, elle avait conservé la maison du pendu, comme la désignent encore les paysans d’alentour.

— J’ai eu là de bons moments, disait-elle, ce serait mal de la vendre.

Moi, je refusais d’y aller. Cette maison m’inspirait une sorte de terreur. Le fantôme du mort l’habitait. En outre, je l’ai su depuis, le pressentiment m’y assaillait, des choses innommables que ces murs avaient dissimulées.

Ma mère revenait le lendemain. Je l’attendais à l’arrivée de la diligence. Or, un mardi — j’en célèbre chaque semaine l’anniversaire par des imprécations — les quatre chevaux de l’omnibus débouchèrent au grand trot sur la place du Vieux-Palais, et le conducteur, m’interpellant du haut de son siège, entre deux coups de fouet, me cria :

— Vite, la m’man Jumelin vous attend, elle est malade.

Je choisis un fiacre et je partis.

Je trouvai ma mère couchée. Elle m’embrassa avec un sourire triste en balbutiant :

— Mon pauvre petit… mon pauvre petit…

Je sanglotais. J’interrogeai le docteur. Il me répondit :

— C’est la fin… un transport au cerveau…

— Le prêtre entra. Je m’éloignai, et me tins dans le salon. Je ne pleurais plus. Des idées se succédaient en moi que je ne comprenais pas. Je me sentais très seul, simplement, seul déjà, et j’avais peur.

Rompant le chuchotement de la confession, la voix du prêtre s’éleva, indignée, me sembla-t-il. La cloison était mince, j’entendis :

— Mon fils, vous êtes un grand pécheur.

Quelque chose comme un rire crispa ma bouche. Cette pauvre maman Jumelin, un grand pécheur ! Le murmure recommença, j’écoutai, mais il était trop faible.

Puis soudain, une voix haute accentua cette phrase étrange :

— Il n’en faut pas douter, mon fils, c’est là qu’on doit chercher la cause de la maladie noire qui a décidé votre frère à se tuer. Vous auriez dû vous séparer, ne plus vivre ensemble, vous fuir l’un l’autre, comme deux ennemis mortels.

Je me levai épouvanté. J’entrouvris la porte et j’aperçus ma mère. Ses yeux étaient fermés, les lèvres blanches s’agitaient, mais je ne distinguais qu’un long gémissement, des plaintes. Autour d’elle, les rideaux du lit presque fermés étouffaient encore davantage la confession. Sur les draps, plus bas que le menton, un Christ gisait.

Enfin le prêtre saisit les mains de l’agonisante et conclut :

— Mon fils, il n’est point de crime si monstrueux auquel Dieu ne pardonne. Sa miséricorde est infinie. Espérez.

Je m’enfuis, je gagnai la route, je me cachai dans un fourré. Quand je revins, ma mère était morte.

Comprenez-vous maintenant ? Ai-je le droit de me tuer ? Voilà dix ans que je vis, sachant cela. Combien d’hommes auraient pu lutter aussi vaillamment ? J’ai voyagé, j’ai joué, rien ne me distrait de cela. Je n’ai pas un ami, pas une connaissance. J’ai tenté d’aimer, l’hérédité pèse sur moi. Donc je suis bien seul au monde… seul avec un souvenir, et ce souvenir me tue. N’est-ce point d’ailleurs la destinée qui m’a reconduite ici, malgré moi, dans cette maison maudite, à l’endroit même du crime ? Je ne peux plus vivre, je ne peux plus vivre !

Un jour, j’espérai devenir fou. Cc ne me fut même pas accordé. Je n’ai qu’une demi-folie, celle du jaloux ou de l’avare, l’idée fixe. Toutes mes pensées, tous mes rêves se concentrent sur une vision… elle ne me quitte jamais, elle marche devant moi, elle couche auprès de moi. Mon cerveau est à nu, tout saignant, et à chaque minute, à chaque seconde, implacablement, comme un fer rouge, s’y incruste cette hideuse image : un clou, et pendu à ce clou, un couple, M. et madame Jumelin… et ce clou m’attire… il me veut… allons… il le faut.

MAURICE LEBLANC