Les Heures claires, 1896/9

chez l’Éditeur Edm. Deman (p. 23-24).


Le printemps jeune et bénévole

Qui vêt le jardin de beauté
Élucide nos voix et nos paroles
Et les trempe dans sa limpidité.

La brise et les lèvres des feuilles
Babillent — et effeuillent

En nous les syllabes de leur clarté.

Mais le meilleur de nous se gare
Et fuit les mots matériels ;
Un simple et doux élan muet
Mieux que tout verbe amarre
Notre bonheur à son vrai ciel :
Celui de ton âme, à deux genoux,
Tout simplement, devant la mienne,
Et de mon âme, à deux genoux,

Très doucement, devant la tienne.