Éditions Édouard Garand (p. 151).

LE PUITS ANCIEN


Ô puits ! comme il est doux de te revoir encore
Avec ton treuil antique et tes airs coutumiers,
Là-bas, face à nos champs où saignent les cormiers ;
Où mûrit la récolte au matin qu’elle odore.

Roucoulant, sur ton bord, venaient quelques ramier.
Dès qu’au ciel bleu la nuit faisait place à l’aurore.
Et là, sur toi penchés comme sur une amphore,
Ils se désaltéraient avant moi, les premiers.

Depuis, j’ai bien vieilli. Dans mon exil coupable,
Bien des fois le destin c’est montré méprisable,
Et maintenant, j’ai peur du malheur triomphant.

Mais hier, ô bonheur ! je te vis en silence,
Et tu me reflétas mon visage d’enfant
Avec ses yeux rêveurs et son air d’innonce !