Éditions Édouard Garand (p. 150).

SOURCE CACHÉE


Je sais au fond d’un val une source cachée
À l’ombre d’un vieux pin caduc et rabougris ;
Le cresson sur un lit moelleux de sable gris
Lui fait une humble couche auprès d’une trochée.

Et j’aime cette source. Et mes yeux attendris
Rêvent d’y retrouver, comme autrefois Sichée,
L’endroit où ma Didon, modestement penchée
S’abreuvait au retour des prés blonds et fleuris.

Je m’attarde souvent près de la source aimée,
À regarder s’enfuir sous l’ombre parfumée
L’onde où se sont baignés tour à tour les oiseaux.

Et pensif, je repars par les sentiers de mousses,
Songeant que dans la nuit y reviendront les ourses
S’ébattre dans l’eau claire et broyer les roseaux.