Les Femmes arabes en Algérie/Cervelle de jeune fille

Société d’éditions littéraires (p. 184-186).


Cervelle de jeune fille




En pays arabe, où les filles sont épousées presque aussitôt que nées, une vierge est rare. Elle est d’autant plus prestigieuse : ses cheveux et ses ongles, déjà teints de henné, sont capables de retenir, suspendu en l’air, le rocher détaché de la montagne, aussi longtemps que celui qui les porte est en danger d’être écrasé par son poids.

La possession d’une dent de petite musulmane, donne à son propriétaire le pouvoir de faire coucher à ses pieds les animaux les plus féroces.

Mais la partie du corps de la jeune Arabe qui possède la suprême vertu, c’est la cervelle ! La cervelle d’une vierge musulmane ne préserve pas seulement de tous les maux, ne guérit pas seulement de toutes les maladies, elle donne à ceux qui ont le rare bonheur de la posséder et qui la portent enfermée dans son étui métallique, sous le turban, la faculté de pénétrer tout ce qui est caché et d’être éclairé dans toutes les sciences. Si Mahomet a été un homme si remarquable, c’est, paraît-il, parce qu’il portait, appliquée sur le crâne, une cervelle de jeune fille. Ces bons Arabes, aident, comme on voit, M. Manouvrier à réhabiliter le cerveau féminin.

Pour se procurer la magique cervelle, on n’hésiterait pas à l’arracher de la tête d’une enfant vivante. Mais ce crime est impossible, les petites Arabes, étant une valeur, une marchandise de prix, sont étroitement surveillées. Alors, pour avoir des cervelles de vierges, on viole les sépultures. Un cheik vient encore d’informer la justice, que la jeune Sahéli Halima bent Amar, inhumée la veille à Mansouriah, avait été déterrée dans la nuit et que sa cervelle avait été extraite de son crâne.