Traduction par Edmondo Fazio alias Edmond Fazy.
E. Sansot (p. 47-48).

28. — L’HYPOCRITE DÉMASQUÉ[1]

Un hobereau de ma connaissance posait pour la vertu. Un soir, il reçoit à souper beaucoup de gentilshommes du voisinage. À force de bâfrer et de humer le piot, le braquemart lui démange. Il appelle un valet, et lui souffle à l’oreille :

— « Procure-moi discrètement une jeune paysanne bien grasse, pour la nuit. Quand tu l’auras amenée, reviens, et dis-moi que le renard est là. Si tu n’as rencontré, au village, personne de bonne volonté, dis que le lièvre est là. »

Le valet s’acquitte de la commission, choisit la gouge, l’essaye en route, dans la carriole, et revient. Malheureusement, il a oublié ce que signifient le renard et le lièvre, et il se plante, bouche bée, devant son maître :

— « Eh bien, Hans, est-ce le renard ou le lièvre qui est là ? »

— « Pardieu ! Je ne sais pas si c’est un renard ou un lièvre, mais la putain est en bas, dans l’écurie ! »

Je vous laisse à penser si les gentilshommes daubèrent sur l’hypocrite démasqué.

  1. Livre II, 69. Pulchra historia de quodam nobili.