Traduction par Edmondo Fazio alias Edmond Fazy.
E. Sansot (p. 20-21).

2. — L’AGE DE LA VERTU[1]

Un de nos paysans avait une femme insatiable, et qui provoquait le premier venu à la paillardise. La coquine en fit tant, que notre cornard s’alla plaindre à son beau-père :

— « J’en ai assez. Si cela continue, je renvoie ta Gretchen ! La prochaine fois que je la surprends, je la chasse de la ferme, avec mon sabot à ses fesses de moine ! »

— « Calme-toi ! Laisse-là s’ébaudir un peu ! Il faut que jeunesse se passe. Patiente, et tout s’arrangera. Regarde ma bonne Dorothée : durant sa jeunesse, son âge mûr et sa prime vieillesse, elle était pire que ta femme ; elle me cocufiait neuf fois par jour. Mais, maintenant qu’elle est décrépite, qu’elle a de la chassie aux yeux et qu’elle ne peut plus lever la jambe, elle se distingue par une chasteté irréprochable. Telle mère, telle fille. Ta Gretchen promet de marcher sur les traces de ma Dorothée. Embrasse ta belle-mère, et buvons un coup de ce vin nouveau ! »

  1. Livre I, 29. Fabula de adultera.