A Hélio-Foutropolis (p. 37-42).

Les Costumes théâtrales, 1793, bandeau début de chapitre
Les Costumes théâtrales, 1793, bandeau début de chapitre
FINISSEZ DONC BEAU MILITAIRE
OU
CE QUE C’EST QUE L’OCCASION.
CONTE V.


Ce fut non loin de Corinthe ou de Rome,
Que se passa le fol évènement,
Dont je rend compte en ce tant doux moment,
Qui retraça cette maudite pomme.
Dont le pépin fût pour nous si fâcheux,
Et nous damna en dépit de nos vœux,
Une pomme, je faux, non, c’était bien un con,
Qui nous tenta comme notre mère Eve,
Et nous fit avaler une bien triste fêve,
Dont un serpent eût bientôt la façon,

A Corinthe, on le sait, du bon tems d’Eurpide,
Sur des tretaux la noble tragédie,
Représentait les faits du vaillant Héraclide.
Et puis l’on y voyait la joyeuse Thalie.
Peindre de nos travers les immenses tableaux,
Qui de nos jours encore en forment de nouveaux.

Ignore-t-on que dans ce lieu,
Il est ainsi tout comme en France,
Que l’on y fout, c’est-là le vœux,
De l’amour, c’est-là sa puissance.
De ce Dieu l’oracle prédit,
Qu’en foutant rien n’est moins étrange,
Que le con se prête à tout vit,
Lorsque sa membrane démange.


Je placerai donc l’anecdote dont est question, sur les ruines de l’Archipel. Non pas Archipel l’ancienne, mais bien la moderne, c’est-à-dire, devant la décoration destinée à représenter AEdipe chez Admète, sur le théâtre de Bordeaux, dont la structure immortalisa le génie inventé du célèbre Louis.

AEdipe était aveugle, Antigone, sa fille,
Couchait avec son père, et plus d’une famille
Nous a prouvé que dès le tems de Dieu,
Un patriarche en dépit du saint lieu,
Foutait sa fille, et du jus de la treille
Exprimait le doux suc, tout en criant merveille,
Il suivait en cela l’exemple de l’esprit,
Qui sachant qu’on n’opère en tout que par un vit,
Se refoutit lui-même, et du con de Marie,
Fit sortir un bon Dieu pour sauver notre vie.

Théologie à part et venons au fait, Eugénie, belle comme un ange, mariée au père noble d’une tragédie, comme est celle de Bordeaux, ne trouvait pas grand plaisir à faire festoyer ses appas par un mari, qui déjà sur le retour, ne s’amusait qu’à la bagatelle, quand le solide était l’essence de son amour.

Un jeune amant de garnison,
Pour calmer son tendre délire,
S’amusait à prendre son con,
Pour appaisser ce grand martyre,
Et mon conte ainsi le décrit,
Qu’il lui faisait prendre son vit.

Eugénie encore sous l’habit d’Antigone, escortait son AEdipe dans la coulisse, quand elle rencontra son jeune officier. Le mari persistant dans son aveuglement s’assit sur les ruines d’une colonnade antique, et dit, il faut les laisser faire.

Air : Dans de riches appartemens.

A quoi bon faire du fracas,
Pour empêcher tout ce tracas,
Il n’est pas nécessaire.
Ce moment peut être bien doux,
Mais en attendant branlons-nous,
Et faisons ça,
Et faisons ça,
Pour finir notre affaire.

Le galant officier d’une main fort légère,
Palpait les beaux tettons de l’objet de ces feux,
Qui s’emparant de l’outil nécessaire,
S’en amusait oh ! dame à qui mieux mieux.
Cet acte si plaisant, si l’on veut bien m’en croire,
Un jour pourra forcer la muse de l’histoire,
A montrer nos maris sous un superbe jour,
Baissant un front soumis sous le joug de l’amour.

Aux violentes ardeurs ne plus mettre de bornes,
Et dans un coin tapis vouloir porter des cornes,
Sur-tout quand le plaisir par un heureux succès,
D’un ménage charmant a pu former les frais.

Priape ô Dieu de mon avis,
Rechauffe mon haleine,
Et pour chanter des cons, des vits,
Viens seconder ma peine.


Les Costumes théâtrales, 1793, vignette fin de chapitre
Les Costumes théâtrales, 1793, vignette fin de chapitre