A Hélio-Foutropolis (p. Ill.-36).

Costumes
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Les Costumes théâtrales, 1793, bandeau début de chapitre
Les Costumes théâtrales, 1793, bandeau début de chapitre
LES PLAISIRS
DE L’ENTRESOL,
OU
Jeannot à son poste.
CONTE IV.


C’est sur le stile du guai Clément Marot,
Que je produis sur la scène Jeannot,
Sur cette scène en malice feconde.
Ou le plaisir ce mobile du monde
Captive tout, et noble et tiers etat,
Voire même après tout l’animal en rabat.
Qui parcourant cette espèce gentille
Met son bonheur à baiser une fille.

Un garçon confiseur, poudré, rempli de charmes,
A qui même Vénus aurait rendu les armes.
Dans l’un de ces réduits fait pour la volupté
Entresol reconnû par notre égalité,
Fut un jour amené, une leste catin,
Lui promettoit le plus heureux destin,
Dans ce taudion, asile de mercure,
Où fort peu se rencontre une bonne aventure.
Ce confiseur était fameux Lombard,
Mais cette fois en jouant du hazard.
On peut m’en croire à ma seule parole,
Il y fut pris et gagna la vérole.
Quelle était donc la jeune Messaline,
Qui de bonbon se faisant un amant,
Convoitait à part elle, une amoureuse pine.
Pour le plaisir et pour l’argent.

Que de vers pour dire qu’une jeune danseuse racroche un marchand de dragées, qu’elle le conduisit dans son manoir, recoin loué quinze francs par semaine, et que là elle lui dit.

Mon cher, t’offrant mon con, je me charge de tout,
Si l’on fait son bonheur c’est alors que l’on fout.
Je te ferai bander, fus tu même une souche ;
Tu ne me verras point une petite bouche,
Le foutre dans mes sens circule avec plaisir,
Si je t’offre mon con, soit prompt à le saisir.
Et cette fois tu sera convaincu,
Que jamais de putain, tel mal qu’elle appréhende,
Au Dieu d’amour n’offrira telle offrande,
Visite-moi, je n’ai point mal au cul.
On répond à cela, non rien je n’appréhende,
Mais pour bien foutre hélas, Ah ! faut-il que l’on bande.
Et mon vit flasque et mou, prudemment retiré,
Dans un con de bordel, n’a jamais pénétré.

Je ne veux point tromper l’honneur de ma famille,
Et je crois te baisant foutre une honnête fille.

Il faut dépeindre alors, ce que devait notre charmant bonbonnier, en appercevant sur la commode de la donzelle, une poignée de verges reliée avec des rubans roses. Il la prit dans ses mains et parlant à sa belle, revenu de sa stupefaction, il ajouta.

Ma belle il y a fort long-tems,
Que je suis sorti du colège,
Il n’est plus tems dans ces momens,
D’user de ce grand privilège,
D’user de ce grand privilège.
Qui d’un pédant,
Qui d’un pédant,
Fixait le sort ;
Il n’est plus de confiteor,
Il n’est plus de confiteor.

Que répondit la belle à cette apostrophe ? Belle demande elle se mit à l’unisson des charmans boucans de Paris ; et flattant son homme, elle prononça ces mots.

Une verge tombant sur le cul d’un miché,
Sait provoquer, exciter la décharge,
Et dans un con, fût-il même très-large,
Lui fait commettre un bien joli péché.
Sans plus tarder, troussez-vous donc beau sire,
Recevez de ma main cette correction,
Qui de vos sens augmentant le dire
Vous instruise à foutrailler un con.

Chemise au vent, poignée de verges en main, notre héroïne sans pitié frappait à coups redoublés sur les fesses charnues du pauvre bonbonnier, et de tems à autre en s’arrêtant répétait par exclamation.

Apprends cher bon ami que les coups vigoureux,
Te rendront plus sensible aux plaisirs amoureux.
Ceux dont la nature trop lente,
Ne peut satisfaire une amante.
Par quelques coups de verges appliqués fortement,
Se portent au combat plus vigoureusement.
Quel beau cul, Ah ! Dieux ! je suis contente,
Viens maintenant satisfaire une amante.
Jettons-nous sur ce lit dans le sein du plaisir,
De tes douleurs passées perdons le souvenir.

Ils étaient prêts à le faire, notre galant sucré bandait, mais bandait à toute outrance, quand un commissionnaire entra, sous le costume de Jeannot.

Non pas le Jeannot de Paris,
Qui par son aimable sourire,

Entretenait les jeux, les ris,
Sans qu’on en puisse médire,
Mais bien c’était un pauvre Jeannot,
Sous l’habit d’un porte-fallot.

C’est à vous chers lecteurs que je laisse l’inspection de ce tableau, la porte mal close, bientôt ouverte, un gaillard culottes basses, et recevant sur un énorme fessier, une vigoureuse discipline, de l’argent déposé dans un chapeau, formant le prix des faveurs de la déesse de l’entressole.

Mais de l’amour croira-t-on le vertige.
On ne le peut à moins que d’un prodige.

En un clin-d’œil, la scène changea de face. Jeannot s’agenouilla, se déculotta, déchargea, et ramassa dans le chapeau, le salaire de l’honorable putain, qui s’y trouvait déposé comme une offrande de l’amour. Et zeste il décampe. Tous les jarrets des danseuses des arcades, n’eussent pu l’attraper.

Je viens à mon dénouement,
Qui de cette histoire,
Mène plus d’un inconstant,
Tout droit à la gloire,
D’être fessé au bordel,
Suivant le ton de l’autel,
Et d’un plaisir tout charnel,
Combler la mémoire.

L’homme s’en fût, la femme fut beate, Jeannot, ce polisson, eût du plaisir, et emporta les enjeux.


ECCÈ FINIS.

Les Costumes théâtrales, 1793, vignette fin de chapitre
Les Costumes théâtrales, 1793, vignette fin de chapitre