A Hélio-Foutropolis (p. 43-50).

Les Costumes théâtrales, 1793, bandeau début de chapitre
Les Costumes théâtrales, 1793, bandeau début de chapitre
LES HOMMAGES
AU DIEU DES JARDINS,
OU
LE SACRIFICE IMPRÉVU.
SCÈNE HEROIQUE DE FOYER.
CONTE VI.


Nonchalament placé sur un sopha de velours cramoisi, je méditais sur les plaisirs de l’amour. J’en savourais les délices et j’en calculais les avantages, échauffé par le résultat de mes réflexions, déjà je m’étais emparé de l’arc-boutant du genre-humain, déjà j’en faisais distiller une liqueur spiritueuse et prolifique, qui me plongeait dans l’extase, quand un sommeil profond s’emparant de mes sens, me communiqua un songe suivant que j’offre à vos regards.

Aimable libertins, jouissez de cette scène,
Voyez à découvert Thalie et Melpomène,
Rassembler au foyer des putains des ribauds,
Des cons remplis de flamme et des couillons bien chauds.
Des tettons modelés sur le contour des graces,
Des culs fermes et ronds, suivez toutes ces traces,
Et mourez de plaisir en lisant cet écrit,
C’est le sort d’un mortel qui possède un bon vit.

Je me crus transporté au foyer du spectacle de Rheims. J’en admirais la majesté quand les portes s’ouvrant, me mirent à même de distinguer que la troupe occuppante se disposait à une assemblée générale.

D’un Guerrier, d’un Arlequin,
Je lorgnai la figure,
Tout auprès d’eux une catin,
En aimable posture,
Découvrait sa motte et son con,
La faridondaine la faridondon,
En disant d’un air réjoui
Biribi,
Si je l’ouvre, c’est à mon ami.

Les Costumes théâtrales, 1793, vignette fin de chapitre
Les Costumes théâtrales, 1793, vignette fin de chapitre


Scaramouche, aussi Mazetin,
Brûlant, se pâmant d’aise,
Voyant ce tableau d’Arétin,
Ne parlaient que foutaise ;

Et disaient sans plus de façon ;
La faridondaine la faridondon,
Qu’on est heureux d’avoir un vit
Biribi,
A la façon de Barbari mon ami.

Tout à coup la scène change, et mes regards surpris,
Se fixent sur un groupe dont tous mes sens ravis,
Etale à mon coup-d’œil de céleste beautés,
Réunissant d’amour toutes les voluptés.
Melpomène apparut tenant en main un vit,
Tout semblable à celui que Priape décrit,
Quand de défunt Piron ranimant le courage,
Le faisait décharger au plus fort de l’ouvrage,
Thalie à ses côtés et son masque à la main,
Ne ressemblait pas mal à l’auguste putain,
Qui sacrifiant tout pour jouir d’une pine,
Acquit en ce pays le nom de Messaline.

A sa main Melpomène tenait une énorme poignée de verges, dont elle semblait menacer les culs de la comique assemblée. Ne sachant à quoi devait aboutir cette héroïque scène, j’examinais, j’écoutais dans le recueillement le plus modeste, alors la déesse tragique pénétrée du plus saint des enthousiasmes prononça cette harangue foutative.

J’ai quitté de Paris les foyers fréquentés,
Pour vous combler ici de mille voluptés,
Respectés mon abord. Que le foutre s’écoule,
Je vous apporte exprès une autre sainte Ampoule,
Qui déchargeant toujours sans jamais se tarir,
Vous convaincra sur-tout qu’il faut foutre ou mourir.
Ce présent vient des Dieux, croyez en mon oracle,
Qu’ici même à l’instant il opère un miracle.

Soit en cul, soit en con, soyez sûr du succès,
Dans vos trous réunis qu’il ait un libre accès.
Enfin si parmi vous quelque bougre recule,
Que ce vit à l’instant le tourmente et l’encule.

J’admirais la majesté sublime de la patrone de Cathurne, mais que signifiait, chers lecteurs, cette poignée de verges, c’est ce dont je vais vous informer, en vous racontant succinctement le second point de ce discours.

Un autel à Priape en ces lieux élevé,
Doit assurer son culte à jamais approuvé.
Il demande vos vœux, ce divin immortel,
Veut de l’encens ici tout comme en un bordel.
Fléchissez devant lui et pour ce sacrifice,
De vos culs, de vos cons, découvrez l’orifice,

Il veut par une épreuve assurer ses faveurs,
Chercher à mériter l’excès de ces honneurs,
A grands coups redoublés de cette discipline.
D’un Dieu qui vous chérit, reconnaissez la pine.


Momus à l’instant s’agenouilla, et baissant sa marotte il se branla.

Ce signal fut pour tous un avis général.
Vingt vits furent braqués dans ce temple banal.
Une suave fumée animant leur courage,
Tandis qu’ils se branlaient embélissait l’ouvrage.

Alors je m’éveillai rempli de la même ardeur, et l’imagination encore frappée du spectacle enchanteur qui s’était offerts à mes regards, je m’occuppai du même ouvrage et la pique en main, j’offris à mon oblation au Dieu de la volupté, que je terminai par cette antienne.

COUPLETS A PRIAPE.

Qu’un fouteur triste, pâle et blême,
S’éloigne à jamais de ces lieux,
Priape dédaigne ses vœux.
Et le foutre est tout ce qu’il aime.
Filles éprises d’amour extrême,
Recevez de moi la leçon,
Que ce n’est qu’au moyen du con.
Que le plaisir,
Que le plaisir,
Couronne le desir.


Les Costumes théâtrales, 1793, vignette fin de chapitre
Les Costumes théâtrales, 1793, vignette fin de chapitre