Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre I, Partie II/Chapitre CCCXVI

Texte établi par J. A. C. Buchon (Ip. 616-617).

CHAPITRE CCCXVI.


Comment ceux de Limoges se rendirent au duc de Berry ; et comment le dit duc dépeça son armée, et t’en alla chacun en son pays.


Quand messire Bertran fut venu au siége, si s’en réjouirent grandement les François, et fut grands nouvelles de lui et dedans la cité et dehors. Tantôt il commença à aherdre les traités qui étoient entamés entre l’évêque de Limoges et ceux de la cité et le duc de Berry, et les poursuivit si soigneusement et si sagement qu’ils se firent et se tournèrent François, l’évêque et ceux de la cité de Limoges ; et entrèrent le duc de Berry, le duc de Bourbon, messire Guy de Blois et les seigneurs de France dedans à grand’joie, et en prirent les fois et les hommages, et s’y refreschirent et reposèrent par trois jours. Là dessus eurent les dits seigneurs conseil et avis qu’ils déromproient leur chevauchée pour celle saison, ainsi que le duc d’Anjou avoit fait, et s’en retourneroient à leur pays pour prendre garde à leurs villes et forteresses, pour monseigneur Robert Canolle, qui tenoit les champs en France ; et qu’ils avoient bien exploité quand ils avoient pris une telle cité comme Limoges est. Ce conseil et avis ne furent point brisés. Si se départirent les seigneurs les uns des autres, et demeura messire Bertran au pays de Limousin atout deux cents lances. Si se bouta ès châteaux du seigneur de Maleval qui étoit tourné François. Quand le duc de Berry se partit de Limoges, il ordonna et institua à demeurer en la dite cité, à la requête de l’évêque du dit lieu, monseigneur Jean de Villemur, messire Hugue de la Roche et Roger de Beaufort, à cent hommes d’armes ; et puis se retraist en Berry, et le duc de Bourbon en Bourbonnois ; et les autres seigneurs de lointaines marches s’en revinrent en leur pays.

Or parlerons du prince comment il exploita.