Les Chants du bivouac/La Chanson de l’Alsace

Texte établi par Avec une préface de M. Maurice BarrèsLibrairie Payot et Cie (p. 167-172).


LA CHANSON DE L’ALSACE
« Après quarante-quatre années de « Kultur » boche, l’Alsace est-elle
« encore française ? »
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxx(Les Journaux.)













LA CHANSON DE L’ALSACE

Musique de THÉODORE BOTREL[1].

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo \markup \fontsize #-3 "Allegretto assai." 4=100
  \clef treble
  \key mib \major
  \time 3/4
  \autoBeamOff
  \partial 8 r8 \compressMMRests { \override MultiMeasureRest.expand-limit = #2 R1*3/4*4 } \mark \markup \fontsize #-3 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||" 
  \repeat volta 2 {  
    \compressMMRests { \override MultiMeasureRest.expand-limit = #2 R1*3/4*3 } | r2 r8 \stemUp sib | sib sib sib sib \bar "" \break
    \once \stemDown do sib | \phrasingSlurUp sib4\( sib\) r8 sol | sol sol sol sol lab sol | \break
    sib2 r8 lab | lab lab lab lab sib do | do4\( fa,\) r8 fa | \break
    fa mib re sib sib sib' | sib2 r8 sib | sib sib sib sib \bar "" \break
    \once \stemDown do sib | \stemNeutral mib4\( mib\) r8 sol, | sol sol sol sol lab sol | \break
    fa2 r8 do' | do do do do re do | do[( sib]) \stemUp sib4.^\markup \italic \fontsize #-1 "poco adagio." sib8 | \break
    sib sib sib sib do sib | \tieUp sib2~ sib8 r8 \bar "||" \time 2/4 mib, mib fa fa | \break
    sol4 mib | sib'8 sib\< \stemNeutral do do\! | mib( \stemUp sib) sib sib | lab4 sol | \break
    fa2 | fa8 sol lab sib | \stemNeutral do4\( do\) | re8 re do \once \stemUp sib | \break
    mib[~ mib] sol, lab | \stemUp sib4 sib  \bar "||"  
  }
  \alternative {
      { \time3/4 sib2^\markup \halign #-1.5 \italic \fontsize #-2 "entre les couplets" fa8[( sol]) | mib4~ mib8 r8 r4^\markup \halign #-4 \fontsize #-1 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||" \break }
      { \override Staff.TimeSignature.break-visibility = ##(#f #t #t) \time 3/4 sib'2^\markup \halign #-1 \italic \fontsize #-2 "pour finir" sib8[( sol]) | \stemNeutral mib'2~ mib8 r8 | \compressMMRests { R1*3/4*3 } \bar "|." }
  }
}
textA = \lyricmode {
  Quand nous fran -- chî -- mes --
  la fron -- tiè -- re Pour re -- con -- qué -- rir le pa --
  ys Où de -- puis la guer -- re der -- niè -- re Tant
  d’e -- xi -- lés sont en -- dor -- mis, Sur un ton nos -- tal --
  gique et ten -- dre Dans le vent les sa -- pins chan --
  taient_: Nous fû -- mes sur -- pris de com -- pren -- dre Ce
  qu’entre eux ils se chu -- cho -- taient… Des Vo -- sges 
  fi -dè -- les Som -- bres sen -- ti -- nelles, 
  Comme aux an -- ciens
  jours, Les sa -- pins d’Al -- sa -- ce Par -- lent à voix
  bas-se En fran -- çais tou -- jours, tou -- jours_!
  jours, tou -- jours_! 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}

I

Quand nous franchîmes la frontière
Pour reconquérir le pays
Où, depuis la guerre dernière,
Tant d’exilés sont endormis,
Sur un ton nostalgique et tendre,
Dans le vent, les sapins chantaient ;
Nous fûmes surpris de comprendre
Ce qu’entre eux ils se chuchotaient :
Des Vosges fidèles,
Sombres sentinelles,
Comme aux anciens jours,
Les sapins d’Alsace
Parlent à voix basse,
En français toujours,
Toujours !

II

Le lendemain, — c’était dimanche, —
D’un talon sonore et joyeux,
Nous martelions la route blanche
Qui descend jusqu’à Montreux-Vieux ;
Les cloches du petit village
Carillonnaient à l’unisson…
Et nous comprenions leur langage :
Et leur prière et leur chanson :
Des vertus chrétiennes,
Ferventes gardiennes,
Comme aux anciens jours,
Les cloches d’Alsace
Sonnent dans l’espace,
En français toujours,
Toujours !

III

C’est à qui, la journée entière,
Nous fêta dans le vieux hameau,
Et, dédaignant la lourde bière,
Nous régala de vin nouveau…
Et le vin montant à la tête
Ainsi que « l’eau du cœur » aux yeux,
Chacun nous dit sa chansonnette,
Dans le vieux parler des Aïeux !
Oui, quand il faut boire,
Ô France ! à ta gloire,
Comme aux anciens jours,
Le vin blanc d’Alsace
Fait chanter la Race
En français toujours,
Toujours !

IV

En rouvrant l’école publique
Aux petits Alsaciens ravis
On dicta cette phrase unique :
« La douce France est mon Pays. »
Et tous les écoliers de dire
À leur nouvel instituteur :
«Sans faute nous saurons l’écrire.
Cette phrase, on la sait… par cœur !»
Ah ! vive l’aurore
Qui nous rit encore
Comme aux anciens jours :
Fidèle et tenace
Le Peuple d’Alsace
Est Français toujours,
Toujours !

(Dannemarie, le 8 octobre.)
  1. En vente, avec accompagnement de piano, à la Lyre Bretonne, 83, Faubourg Saint-Denis, Paris.