Les Chansons des trains et des gares/Le visiteur

Édition de la Revue blanche (p. 55-56).


LE VISITEUR


— Messieurs les freins, j’ai bien l’honneur,
Car je suis votre visiteur. —

Et le visiteur passe, frappant du marteau,
Toc, toc, — sans ôter son chapeau,
(Manque d’éducation première) ; —
Serait-ce pour cela qu’un peu collets montés,
Les freins, à l’impoli, malgré,
Malgré tous ses coups répetés,
Ne répondent jamais : Entrez ! —
D’ailleurs, lui, ne s’en émeut guère.

Et il continue sa besogne,
Toc, toc, toujours, cogne et recogne,
N’ayant d’autre désir, peut-être,
Que de connaître,
Et que d’émettre,
Homme épris d’étranges musiques,
La gamme des freins des wagons,
Toc, toc, toc, comme les clowns font,
Martelant des harmonicas de leur façon,
Comme les clowns font dans les cirques