Les Avadânas, contes et apologues indiens/98

Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (2p. 79-80).


XCVIII

LE BRÂHMANE ET SA VACHE LAITIÈRE.

(De ceux qui perdent tout par une sotte ambition)


Il y avait jadis un brâhmane qui était extrêmement pauvre. Il ne possédait qu’une vache qui lui donnait chaque jour un teou de lait, dont il faisait sa nourriture. Ayant entendu dire qu’il obtiendrait de grands mérites si, pendant quinze jours, il donnait à manger à des religieux, il cessa de traire sa vache, espérant qu’après un mois de repos, elle donnerait en une fois trente teou de lait, et qu’il pourrait ainsi traiter un grand nombre de religieux. Quand un mois se fut écoulé, il invita une multitude de religieux. Dès qu’ils furent arrivés et assis, le brâhmane entra dans l’étable pour traire sa vache, mais il obtint juste un teou de lait. Quoiqu’il eût été longtemps sans la traire, il n’en put tirer davantage. Les religieux se moquèrent de lui et lui dirent : « Vous êtes un imbécile ! Comment avez-vous pu croire qu’en cessant de traire chaque jour votre vache, vous obtiendriez une grande quantité de lait ? »

(Extrait de l’ouvrage intitulé : Tchong-king-siouen-tsa-pi-yu-king, ou Mélanges de similitudes, tirés des livres sacrés.)