Les Avadânas, contes et apologues indiens/55

Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (1p. 197-198).


LV

LE BOUVIER ET SES DEUX CENTS BŒUFS.

(De ceux qui éprouvent des pertes par leur sottise.)


Il y avait jadis un homme qui possédait deux cents bœufs. Chaque jour, il les conduisait au bord de l’eau ou dans de gras pâturages, et les nourrissait suivant la saison. Un tigre ayant dévoré un de ses bœufs, le bouvier dit en lui-même : « J’ai déjà perdu un de mes bœufs et mon nombre n’est plus complet. Que ferai-je maintenant des autres ? » Il les conduisit alors jusqu’à un abîme profond, les y précipita du haut d’un rocher et les fit tous périr.

Les hommes vulgaires et stupides ressemblent à ce bouvier. Lorsqu’ils ont reçu au complet les préceptes du Jou-laï (du Bouddha), s’ils en violent un seul, ils n’éprouvent point un sentiment de honte et ne purifient point leur cœur par le repentir. Ils se disent alors : « Maintenant que j’ai violé un précepte, je ne les possède plus intacts. À quoi bon observer les autres ? »

En conséquence, ils violent tous les préceptes et n’en respectent pas un seul.

(Extrait de l’ouvrage intitulé : Pe-yu-king, ou le Livre des cent comparaisons, partie II.)