Les Avadânas, contes et apologues indiens/36

Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (1p. 144-145).


XXXVI

L’HOMME ET LE MORTIER MÊLÉ DE RIZ.

(Ne faites rien de trop.)


Jadis, un homme entra dans la maison d’un de ses amis. Il vit que les parois des chambres, crépies avec soin et le sol parfaitement uni, avaient une apparence propre et élégante. Il interrogea le maître de la maison et lui dit : « De quel mortier vous êtes-vous servi pour obtenir un si bel enduit ?

— J’ai pris, dit-il, de la balle de riz, et je l’ai fait tremper dans l’eau jusqu’à ce qu’elle fût bien ramollie ; puis je l’ai pétrie avec de la terre glaise et j’en ai enduit les murs, voilà comment j’y ai réussi. »

Cet homme, qui était un sot, se dit en lui-même : « Au lieu de se servir uniquement de balles de riz, il vaut mieux mêler le riz même avec de l’argile. Les murs deviendront parfaitement blancs, et l’enduit sera plus uni et plus beau. »

Cela dit, il pétrit du riz mondé avec de l’argile, et s’en servit pour enduire les murs de sa maison, dans l’espoir de les voir unis et brillants. Mais l’enduit des murs éclata et se fendit, de sorte qu’il fit un travail inutile et perdit tout son riz.

(Extrait du Livre des cent comparaisons, Pe-yu-king, Ire partie.)