Les Avadânas, contes et apologues indiens/22
XXII
LE CHAMP DE RIZ ET SES GARDIENS.
Sur le bord d’un chemin voisin d’une ville, il y avait un champ de riz qui était chaque jour pillé par les hommes, les éléphants et les chevaux. Le maître du champ ordonna à un homme de faire bonne garde, mais comme ce dernier surveillait le champ avec négligence, il porta le nombre des gardiens à deux, à trois, à quatre, à cinq, à dix, à vingt, et alla jusqu’à cent ; mais plus il y avait de gardiens, plus le champ était pillé. À la fin, le maître fit cette réflexion : « Puisque ces surveillants ne gardent nullement le champ, il faut, par un moyen habile, empêcher qu’on ne le ravage, »
Il prit aussitôt des gerbes de riz et les leur donna lui-même de sa propre main. Ceux-ci, honteux de leur conduite, cessèrent de voler les grains, et le reste de la récolte fut sauvé.