Les Avadânas, contes et apologues indiens/125

Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (2p. 152-153).


CXXV

LE CHAT ET LES SOURIS.


Un homme, pour s’amuser, avait attaché un chapelet au cou d’un chat. Les souris se félicitèrent entre elles et dirent : « Ce respectable chat jeûne et prie le Bouddha ; décidément il ne nous mangera plus. »

En disant cela, elles se mirent à danser de joie dans le vestibule. Dès que le chat les eut vues, il en croqua plusieurs de suite.

Les autres souris s’enfuirent et se dirent secrètement : « Nous pensions, nous autres, qu’il priait le Bouddha et qu’il avait un cœur affectueux ; mais sa dévotion n’était qu’une pure comédie.

— Vous ne savez donc pas, dit une autre souris, que, dans le monde, ceux qui font les dévots et ont l’air de prier le Bouddha, ont le cœur dix fois plus cruel que les loups ? »