Librairie de L. Hachette et Cie (p. 152-154).

XLI

VIE MORTIFIÉE DE SAINT PAUL.



Grand’mère. Saint Paul, après avoir encore expliqué aux Galates l’artifice des faux apôtres qui ne cherchaient qu’à désunir les vrais Chrétiens, finit en disant humblement :

« Quant à moi, Dieu me garde de me glorifier, si ce n’est dans la croix de mon Seigneur Jésus-Christ, en portant sur mon corps les marques et les cicatrices des coups que j’ai endurés pour lui. »

Pendant que les faux apôtres cherchaient à lui nuire et à l’abaisser, il faisait des conversions innombrables. L’exemple du saint Apôtre, ses rares vertus, son désintéressement, ses prières et ses larmes, sa patience constante y contribuaient autant que ses miracles. Sans jamais accepter de personne ni or, ni argent, ni vêtements, il faisait vivre ses nombreux compagnons par le travail de ses mains.

Non-seulement il ne prenait aucun repos tout le long du jour, mais encore il prêchait la nuit, allant de maison en maison, exhortant, suppliant les Juifs et les Gentils de croire à la parole de Dieu et de sauver leurs âmes.

Madeleine. Quel admirable homme que saint Paul !

Grand’mère. Je le crois bien ! Aussi l’Église l’appelle-t-elle « le grand Apôtre ; » ou même l’Apôtre tout court. Il n’y en a pas un seul qui ail fait autant que lui pour l’établissement du Christianisme dans le monde.

Rien ne put arrêter son ardeur et ses prédictions, ni la fatigue, ni la maladie, ni les périls auxquels l’exposait souvent la méchanceté de ses ennemis. Il en parle dans sa première Épître ou lettre aux Corinthiens.

« À chaque instant, je suis en danger, dit-il ; et il n’est pas de jour où je ne sois près de la mort. » Il ajoute même qu’il avait combattu contre les bêtes féroces, avant été exposé dans les amphithéâtres pour être dévoré, et Notre-Seigneur l’avait toujours préservé.

Henri. Vous dites, Grand’mère, que saint Paul a combattu contre les bêtes féroces ? Est-ce qu’il se battait avec elles ?

Grand’mère. Non, c’eût été impossible sans armes. Quand on jetait les pauvres Chrétiens aux bêtes féroces, on appelait cela combattre, parce que dans les jeux ordinaires des amphithéâtres qui avaient lieu pour amuser le peuple, on faisait combattre contre les lions, les tigres, les ours et les panthères, des esclaves armés qu’on nommait Gladiateurs. Ces gladiateurs parvenaient souvent à tuer les bêtes féroces. Quant aux Chrétiens, ils se laissaient déchirer et dévorer sans autres armes que leur sainteté et leurs prières.

Quand saint Paul eut prêché trois années de suite à Éphèse et dans les villes voisines, il résolut de faire une nouvelle visite en Macédoine et à Corinthe, puis d’aller à Jérusalem et de là à Rome. Il y avait bien longtemps qu’il désirait voir Rome, non pas à cause des richesses et des magnificences de cette capitale du monde, mais parce que Rome était déjà le siège principal de l’Église, ayant Pierre pour Évêque ; elle était, dès ce temps-là, le rendez-vous des Chrétiens qui venaient se prosterner aux pieds du chef de l’Église et lui demander des directions sur les difficultés qui se présentaient.

Saint Paul priait toujours le Seigneur de lui offrir une occasion favorable d’aller à Rome ; il eut la consolation d’être averti par Jésus-Christ lui-même dans une vision, qu’il irait à Rome après avoir passé en Macédoine et en Achaïe, où il avait déjà été établir des Églises.

En attendant qu’il pût y aller lui-même, il envoya en Macédoine deux de ses fidèles disciples, Éraste et Timothée.