XXXVII

APOLLO CONVERTIT BEAUCOUP DE MONDE PAR SON ÉLOQUENCE.



Grand’mère. Après avoir quitté Éphèse, saint Paul alla à Jérusalem pour saluer saint Pierre et recevoir ses ordres. Puis il se rendit à Antioche et dans toute la Palestine et l’Asie-Mineure, porter aux fidèles de la Syrie les grandes aumônes qu’il avait recueillies pour eux à Corinthe.

Pendant ce voyage de saint Paul à travers les Églises de la Palestine et l’Asie-Mineure, un Juif nommé Apollo, homme instruit et éloquent, vint à Éphèse. Il croyait déjà que les prophéties touchant le Messie s’étaient accomplies dans la personne de Jésus-Christ, et il avait reçu le baptême de saint Jean-Baptiste. Il vint à Éphèse et entra dans la synagogue pour convaincre les Juifs que Jésus était bien réellement le Christ, le Messie qu’ils avaient méconnu, persécuté et mis à mort comme l’avait prédit les Prophètes. Il parlait avec beaucoup d’éloquence, mais n’ayant pas vu Notre-Seigneur et n’ayant pas connu les Apôtres et les Disciples qui l’avaient vu et entendu et qui avaient été témoins de ses actions, de ses paroles et de ses miracles, il n’était pas très-instruit de ces choses et ne parlait que d’après les prophéties.

Aquila et Priscille, voyant qu’il ignorait les détails de la vie de Notre-Seigneur et de sa doctrine, se mirent à les lui raconter ; quand il fut pleinement instruit, Apollo alla en Achaïe afin de travailler à affermir les Chrétiens dans la foi et à confondre les Juifs opiniâtres. Il y fit en effet un si grand bien, et sa réputation s’étendit tellement que plusieurs le firent l’égal de saint Paul ; d’autres préféraient le grand Apôtre, ce qui amena une division de laquelle se formèrent deux partis qui exaltaient chacun son Apôtre en abaissant l’autre.

Pendant qu’Apollo prêchait à Corinthe, saint Paul revint à Éphèse pour y fonder une Église, et ne la quitter que lorsqu’elle serait bien affermie. Il s’y trouvait beaucoup de Disciples qui avaient cru, qui avaient reçu le baptême, mais qui n’avaient pas eu le temps ni les moyens d’avoir une instruction suffisante. Ils n’avaient vu à Éphèse aucun Apôtre, ni aucun Évêque qui pût faire descendre sur eux l’Esprit-Saint, par le sacrement de la Confirmation ou par l’imposition des mains.

Saint Paul leur demanda s’ils avaient reçu l’Esprit-Saint ; ils lui répondirent qu’ils ne savaient seulement pas qu’il y eût un Esprit-Saint. Cette réponse surprit beaucoup saint Paul. — Quel baptême avez-vous donc reçu ? leur demanda-t-il. — Celui de Jean. — Alors saint Paul ordonna qu’on leur donnât le vrai baptême de Jésus-Christ. Ensuite il leur imposa les mains lui-même et le Saint-Esprit descendit visiblement sur eux comme il avait fait dans le Cénacle, au jour de la Pentecôte.

Jacques. Quelle différence y avait-il entre le baptême de Jean et celui de Jésus-Christ ?

Grand’mère. Je l’ai déjà dit ; le baptême de Jean était simplement une pratique de pénitence et d’humilité, tandis que le baptême qu’institua Notre-Seigneur est un Sacrement, qui par lui-même efface le péché originel et tous les autres péchés ; il donne à l’âme la grâce du bon Dieu, s’unit à Jésus-Christ et change les hommes en Chrétiens.