XXXVIII

DES NOMBREUX MIRACLES QUI SE FAISAIENT DANS LES PREMIERS TEMPS DE L’ÉGLISE.



Grand’mère. Aussitôt que ces Disciples d’Éphèse eurent reçu le sacrement de Confirmation et l’imposition des mains, ils reçurent les mêmes grâces qu’avaient reçues les premiers Apôtres ; ils comprirent les Saintes-Écritures, ils reçurent le don des langues, le don de prophétie, c’est-à-dire le don de parler saintement de Dieu, de manière à convertir les infidèles et les pécheurs.

Élisabeth. Pourquoi à présent ne reçoit-on pas les mêmes dons à la Confirmation et à l’imposition des mains des Évêques ?

Grand’mère. Parce que, dans les premiers temps du christianisme, il fallait des moyens extraordinaires pour vaincre les difficultés qui s’élevaient de tous côtés pour l’établissement de l’Église ; une œuvre si merveilleuse ne pouvait se fonder que par des secours extraordinaires et par des miracles évidents et répétés ; même avec tous ces miracles qui durèrent près de trois siècles, l’Église de Jésus-Christ eut grand’peine à s’établir solidement au milieu des passions des hommes. Juge un peu ce que c’eût été s’il n’y avait pas eu de miracles.

Ces miracles aidaient beaucoup les Apôtres à persuader les incrédules de la vérité d’une foi appuyée sur des preuves pareilles.

À mesure que l’Église s’est affermie et a pris un si grand développement qu’elle règne dans tout l’univers, les moyens extraordinaires sont devenus inutiles ; et comme le bon Dieu ne fait rien d’inutile, il n’a plus donné à ses Ministres, les Évêques et les Prêtres, les grâces extraordinaires qui étaient nécessaires aux premiers Évêques, aux premiers Prêtres et aux premiers Chrétiens.

Nos Évêques et nos Prêtres ont maintenant les grâces extraordinaires qui suffisent pleinement pour sauver et sanctifier les âmes.

Henriette. Pourtant, Grand’mère, je crois que quelques petits miracles de temps en temps feraient un très-bon effet.

Grand’mère. Tu as bien raison ; aussi la bonté de Dieu a-t-elle voulu que dans tous les siècles et maintenant encore, il y eût des miracles, et beaucoup de miracles, pour consoler de pauvres affligés, pour augmenter la foi des peuples et pour faire aimer davantage le Saint-Sacrement, ou la Sainte-Vierge, ou les Saints.

Henriette. Mais, Grand’mère, est-ce qu’il s’en fait donc ?

Grand’mère. Certainement, mon enfant, et beaucoup plus qu’on ne croit. Va à Paris à Notre-Dame des Victoires et informe-toi de ce qui s’y passe ; va dans les grands sanctuaires de la Sainte-Vierge ; va à Notre-Dame de Lorette en Italie, à Notre-Dame de Fourvières à Lyon, à Notre-Dame de la Garde à Marseille, etc. Et tu te convaincras bien vite qu’il se fait encore bien des miracles de nos jours ; il ne se passe pas d’année que le Pape et les Évêques ne proclament vrais et tout à fait certains, des miracles opérés, soit par le Saint-Sacrement, soit par la très-sainte-Vierge, soit par les Saints déjà canonisés, ou par les Bienheureux que l’on canonise.

Armand. Qu’est-ce que c’est : canonisé ?

Grand’mère. Cela veut dire déclaré Saint. Espérons qu’un beau jour tu seras canonisé, mon petit Armand. (Tous les enfants rient.)

Disons cependant en finissant, pour ne pas confondre ce qu’on est obligé de croire avec ce qui n’est pas de foi, qu’on ne pèche pas en ne croyant pas les récits miraculeux, même bien prouvés, qu’on entend ; tandis qu’on pécherait gravement contre la foi si on se refusait à croire un seul des miracles que rapporte l’Évangile ou les Saintes-Écritures, ou bien ceux que l’Église a solennellement reconnus.

Jeanne. Alors on ne peut pas dire qu’il n’y a plus de miracles ?

Grand’mère. Non, certainement ; moi-même j’en connais plusieurs autres aussi certains ; mais je ne vous les raconterai pas à présent, parce qu’il nous faut revenir aux Actes des Apôtres.