LXVIII.

Je m’étonne moi-même, en relisant les pages qui précèdent, des contradictions étranges qui s’y rencontrent. Dans les premiers jours, j’étais presque favorable à la Commune, j’attendais, j’espérais ; aujourd’hui, c’est tout à fait différent. Lorsque j’écris le soir ce que j’ai vu ou pensé dans la journée, je me laisse aller à blâmer vertement des hommes qui naguère m’inspiraient une manière de sympathie. Que s’est-il donc passé ? Est-ce que j’ai changé d’opinion ? Je ne crois pas. D’ailleurs, d’opinion, en réalité, je n’en ai qu’une. J’éprouve et je dis ce que j’éprouve, sans parti pris, sans arrière-pensée. Si jamais ces feuillets épars sont réunis en volume, ils auront du moins le rare mérite d’être un livre véritablement sincère. Est-ce donc alors que ma nature s’est modifiée ? Pas davantage. Si j’étais indulgent il y a un mois, c’est que je ne connaissais pas ceux dont je parlais, et que, naturellement, je suis disposé à la bienveillance et à l’espoir. Si je suis sévère à cette heure, c’est que — comme Paris entier — j’ai appris à les connaître.