LVIII.

Les gens de l’Hôtel de Ville se sont dit : « Nous aurons beau faire et beau dire, le délégué Cluseret et le commandant Dombrowski auront beau nous adresser les dépêches les plus encourageantes, nous ne parviendrons pas à persuader à la population parisienne que notre lutte contre, l’armée de Versailles n’est qu’une longue suite de victoires décisives ; quoi que nous fassions, on finira par s’apercevoir que les bataillons fédérés ont singulièrement lâché pied devant les mitrailleuses blindées, avant-hier, à Asnières, et on croira difficilement que nous occupions encore ce village célèbre par ses fritures et ses cocottes, à moins que nous réussissions à faire admettre comme parfaitement valable ce raisonnement frivole : nous avons évacué Asnières, donc nous nous y maintenons avec énergie. De sorte que les choses prennent pour nous une assez mauvaise tournure. Comment remédier à l’inconvénient d’être vaincu ? Que faire pour détruire la mauvaise impression qu’ont produite nos triomphes douteux ? » Et là dessus les membres de la Commune ont rêvé. « Eh ! parbleu ! se sont-ils écriés après quelques secondes de réflexion — mais en une seconde les « élus de Paris » font plus de réflexions que tous les députés de l’Assemblée nationale ne sont capables d’en faire en trois ans — eh ! parbleu ! décrétons, proclamons, affichons ! Par quels moyens avons-nous réussi à nous imposer à ces benêts de Parisiens ? par des décrets, des proclamations et des affiches. Persévérons. Ah ! les traîtres ont enlevéle château de Bécon et se sont emparés d’Asnières, que nous importe ! vite, quatre-vingts plumes et quatre-vingts encriers ! à l’œuvre, gens de lettres, peintres et cordonniers ! Franckelqui est Hongrois, Napoléon Gaillard, qui est savetier, Dombrowski, qui est Polonais, et Billioray, qui écrit omelette avec deux H, feront peut-être une assez médiocre besogne. Mais, grâce au ciel, nous avons parmi les nôtres Félix Pyat, le grand dramaturge ; Pierre Denis qui a fait d’assez mauvais vers pour qu’il puisse, en revanche, écrire de bonne prose, et Vermorel enfin, l’auteur de « Ces Dames, » un petit livre orné de photographies à l’usage des lycéens, et de Desperanza, un roman qui a valu bien des insomnies à Gustave Flaubert. Écrivez, ô nos Benjamins ! Il y a longtemps qu’on nous demande ce que nous entendons par ces mots : « la Commune, » dites-le si vous le savez, écrivez-le, proclamazle, et nous l’afficherons ! quand même vous ne le sauriez pas, dites-le tout de même : le grand art d’un bon cuisinier consiste à faire un civet sans aucune espèce de lièvre. » Et voilà pourquoi on a vu ce matin sur les murs une immense pancarte blanche où ces mots apparaissent en lettres énormes : « Déclaration au peuple français, » Il y a vingt jours, on aurait peut-être pris garde à cette longue proclamation qui prétend exprimer et essaye de définir les tendances de la révolution du 18 mars. Aujourd’hui, nous sommes revenus de bien des illusions, et les plus belles phrases du monde ne sauraient prévaloir sur notre irréconciliable indifférence. Lisons cependant, et commentons.

« Dans le conflit douloureux et terrible qui impose une fois encore à Paris les horreurs du siége et du bombardement, qui fait couler le sang français, qui fait périr nos frères, nos femmes, nos enfants écrasés sous les obus et la mitraille, il est urgent que l’opinion publique ne soit pas divisée, que la conscience nationale ne soit pas troublée. »

À la bonne heure ! je suis tout à fait de votre avis : Il est effectivement très-urgent que l’opinion publique ne soit pas divisée. Mais voyons un peu comment vous vous y prendrez pour obtenir un résultat si désirable.

« Il faut que Paris et le pays tout entier sachent quelle est la nature, la raison, le but de la révolution qui s’accomplit. »

Sans doute ; mais si cela est indispensable aujourd’hui, cela n’était pas moins utile le jour même de la révolution, et nous ne voyons pas bien pourquoi vous nous avez fait attendre si longtemps.

« Il faut enfin que la responsabilité des deuils, des souffrances et des malheurs dont nous sommes les victimes retombe sur ceux qui, après avoir trahi la France et livré Paris à l’étranger, poursuivent avec une aveugle obstination la ruine de la capitale, afin d’enterrer, dans le désastre de la République et de la liberté, le double témoignage de leur trahison et de leur crime. »

Hein ! quelle phrase ! Est-elle de vous, Félix Pyat, cette phrase si précise, si nette et qui apporte tant de clarté dans les ténèbres de la situation actuelle, — la Commune a dit : « Pyat lux ! » et la lumière fut, — ou de vous, Pierre Denis, ou de toi, Vermorel ? J’admire particulièrement le double témoignage enterré dans le désastre de la République. Heureuse métaphore !


« La Commune a le devoir d’affirmer et de déterminer les aspirations et les vœux de la population de Paris ; de préciser le caractère du mouvement du 18 mars, incompris, inconnu et calomnié par les hommes politiques qui siègent à Versailles. »


Ah ! oui, la Commune a ce devoir ; mais, de grâce, ne nous faites pas languir. Vous voyez bien que nous mourons d’impatience.


« Cette fois encore, Paris travaille et souffre pour la France entière dont il prépare par ses combats et ses sacrifices la régénération intellectuelle, morale, administrative et économique, la gloire et la prospérité. »


Cela est si vrai, que depuis que la Commune existe à Paris, les ateliers sont fermés, les usines chôment, et que la France, pour laquelle elle se sacrifie, perd quelque chose comme une cinquantaine de millions par jour. Voilà des faits, ce me semble ; et je ne vois point ce que peuvent répondre à cela les traîtres de Versailles.


« Que demande Paris ? »


Ah ! oui, que demande-t-il ? Nous ne serions vraiment pas fâchés de le savoir. Ou plutôt que demandez-vous ? car, de même que Louis le Grand avait le droit de dire : « l’État, c’est moi, » vous pouvez dire : « Paris, c’est nous. »


« Il demande la reconnaissance et la consolidation de la République, seule forme de gouvernement compatible avec les droits du peuple et le développement régulier et libre de la société. »


Cette fois, vous avez raison. Paris demande la République en effet, et il faut qu’il la désire avec un amour bien vivace, puisque ni vos excès ni vos folies n’ont réussi à le faire changer d’avis.


« Il demande l’autonomie absolue de la Commune étendue à toutes les localités de la France, et assurant à chacune l’intégralité de ses droits et à tout Français le plein exercice de ses facultés et de ses aptitudes comme homme, citoyen et travailleur. L’autonomie de la Commune n’aura pour limite que le droit d’autonomie égal pour toutes les autres communes adhérentes au contrat, dont l’association doit assurer l’unité française. »


Un peu obscur. Je comprends à peu près ceci : vous voulez faire de la France une fédération de communes ; mais que signifient ces mots : a adhérentes au contrat ? » Vous admettez donc que certaines communes pourraient ne pas y adhérer ? Dans ce cas, quelle serait la situation de ces rebelles ? Les laisseriez-vous libres ou les contraindriez-vous à obéir aux conventions du plus grand nombre ? Songez qu’il suffirait d’une ville comme Pezenas, refusant d’adhérer, pour que l’association ne fût pas entière, c’est-à-dire pour que l’unité française n’existât pas. Êtes-vous bien sûrs de Pezenas ? Qui vous dit que Pezenas ne conçoit pas l’indépendance à sa façon, et que nous ne soyons pas sur le point d’entendre dire que Pezenas vient d’élire un duc qui lève des armées et fait battre monnaie ? Duc de Pezenas ! cela résonne fort bien. Remarquez aussi que bien des « localités » peuvent suivre l’exemple de Pezenas, et peut-être, avant de souffrir pour leur assurer l’autonomie de la Commune, auriez-vous sagement fait de leur demander si elles en voulaient. Puis, qu’entendez-vous par « localités ? » Marseille est une localité ; une ferme isolée au milieu d’un champ est une localité aussi. Voilà la France divisée en une infinité extraordinaire de communes. S’accorderont-ils ensemble, ces innombrables petits États ? En supposant même qu’ils adhèrent tous au contrat, il ne serait pas impossible que les rivalités de clocher amenassent des querelles, puis des rixes ; un procès à propos d’un mur mitoyen pourrait dégénérer en guerre civile. De quelle, manière réduirez-vous à la raison les localités récalcitrantes, puisque, en admettant même que les communes aient le droit de vaincre une commune, les révoltées pourraient toujours vous échapper en déclarant qu’elles n’adhèrent plus au pacte social ? De sorte que si cette scission n’était pas produite seulement par la vanité d’un ou plusieurs petits hameaux, mais par l’orgueil d’une ou plusieurs grandes villes, la France se trouverait tout à coup dénuée de ses plus importantes cités. Ah ! Messieurs, cette partie de votre programme laisse vraiment quelque chose à désirer, et je vous conseille de la faire remanier, à moins que vous ne préfériez la supprimer entièrement.


« Les droits inhérents à la Commune sont « le vote du budget communal ; la fixation et la répartition des impôts ; la direction des services locaux ; l’organisation de la magistrature et de la police intérieure et de l’enseignement ; l’administration des biens appartenant à la Commune. »


Ce paragraphe est sournois. Au premier abord, il n’en a pas l’air, mais regardez de près, et vous verrez que la ruse la plus machiavélique a présidé à sa rédaction. Son habileté consiste à placer à côté de droits qui appartiennent incontestablement à la Commune, des droits qui ne lui appartiennent pas le moins du monde, et à ne pas paraître attacher plus d’importance aux uns qu’aux autres, afin que le lecteur se dise, entraîné par la légitimité évidente de plusieurs de vos revendications : « Mais, en effet, c’est fort juste, tout cela ! » Débrouillons, s’il vous plaît cet écheveau de laine rouge, volontairement emmêlé. Le vote du budget communal, recettes et dépenses, la fixation et la répartition des impôts, l’administration des biens communaux, sont des droits qui appartiennent indubitablement à la Commune ; si elle ne les avait pas, elle n’existerait pas. Et pourquoi lui appartiennent-ils ? Parce qu’elle seule peut savoir, sur ces points, ce qui lui est bon, et qu’elle peut prendre ici telle décision qu’elle voudra sans nuire au pays tout entier. Mais il n’en est pas ainsi des mesures qui concernent la magistrature, la police et l’enseignement. Eh bien, si un beau jour, une commune s’écriait : « Des magistrats ? je n’en veux pas, moi. Ils ne me servent à rien ces gens à robe noire ; libre à mes sœurs de nourrir des fainéants qui envoient aux galères de braves filous et d’honnêtes assassins. J’aime les assassins et j’honore les filous, et dorénavant, chez moi, ce seront les coupables qui jugeront les procureurs de la République. » Si une commune disait cela, ou quelque chose d’approchant, que pourriez-vous répondre ? Absoment rien ; car, selon votre système, chaque localité de la France a le droit d’organiser sa magistrature à son gré. En ce qui concerne la police et l’enseignement, il serait aisé de faire des hypothèses analogues et de démontrer ainsi l’absurdité de vos prétentions communales. « Désormais on n’arrêtera plus personne, et il sera défendu, sous peine de mort, d’apprendre par cœur la fable le Loup elle Renard. » Que dire à cela ? Rien, sinon que vous vous êtes trompés tout à l’heure en affirmant que l’autonomie de la Commune ne doit avoir pour limite que le droit d’autonomie égal pour toutes les autres communes. Il existe une autre limite, et c’est l’intérêt général du pays, du pays qui ne peut pas souffrir qu’aucune de ses parties nuise aux autres par le mauvais exemple ou de toute autre façon ; le pouvoir central a seul qualité pour connaître des questions à propos desquelles une seule mesure absurde — dont plus d’une « localité » se rendrait probablement coupable — compromettrait l’honneur ou les intérêts de la France, et la magistrature, la police, l’enseignement sont, de toute évidence, des questions de cette nature.

Les autres droits de la Commune sont, toujours d’après la Déclaration au peuple français : « le choix par l’élection ou le concours, avec la responsabilité, et le droit permanent de contrôle et de révocation, des magistrats ou fonctionnaires communaux de tout ordre,

« La garantie absolue de la liberté individuelle, de la liberté de conscience et de la liberté du travail.

« L’intervention permanente des citoyens dans les affaires communales par la libre manifestation de leurs idées, la libre défense de leurs intérêts : garanties données à ces manifestations par la Commune, seule chargée de surveiller et d’assurer le libre et juste exercice du droit de réunion et de publicité.

« L’organisation de la défense urbaine et de la garde nationale, qui élit ses chefs et veille seule au maintien de l’ordre dans la cité. »

À propos de l’affirmation de ces droits, nous pourrions répéter ce que nous avons dit plus haut, c’est-à-dire que quelques-uns appartiennent à la Commune en effet, mais que la plupart ne lui appartiennent pas.

« Paris ne veut rien de plus à titre de garanties locales, à condition, bien entendu, de retrouver dans la grande administration centrale… »


Remarquer qu’on ne dit pas : « gouvernement, » mais ce serait à peu près la même chose sous un autre nom, n’est ce pas ?


« … Dans la grande administration centrale, délégation des communes fédérées, la réalisation et la pratique des mêmes principes. »


Ce qui veut dire, en d’autres termes, que Paris consentirait volontiers à être de l’avis des autres, si tout le monde était de son avis.


« Mais, à la faveur de son autonomie et profitant de sa liberté d’action, Paris se réserve d’opérer comme il l’entendra, chez lui, les réformes administratives et économiques que réclame sa population ; de créer des institutions propres à développer et propager l’instruction, la production, l’échange et le crédit ; à universaliser le pouvoir et la propriété… »


Aïe ! universaliser la propriété, qu’est-ce que cela signifie, s’il vous plaît ? Le « communalisme, » roi, ressemble singulièrement au « communisme. »


« … Et la propriété, suivant les nécessités du moment, le vœu des intéressés, et les données fournies par l’expérience.

« Nos ennemis se trompent ou trompent le pays quand ils accusent Paris de vouloir imposer sa volonté ou sa suprématie au reste de la nation, et de prétendre à une dictature qui serait un véritable attentat contre l’indépendance et la souveraineté des autres communes.

« Ils se trompent ou trompent le pays quand ils accusent Paris de poursuivre la destruction de l’unité française, constituée par la Révolution, aux acclamations de nos pères accourus à la fête de la fédération de tous les points de la vieille France.

« L’unité politique, telle qu’elle nous a été imposée jusqu’à ce jour par l’Empire, la monarchie et le parlementarisme, n’est que la centralisation despotique, intelligente, arbitraire ou onéreuse.

« L’unité politique, telle que Paris la veut, c’est l’association volontaire de toutes les initiatives locales, le concours spontané et libre de toutes les énergies individuelles en vue d’un but commun, le bien-être, la liberté et la sécurité de tous.

« La révolution communale, inaugurée par l’initiative populaire du 18 mars, inaugure une ère nouvelle de politique expérimentale, positive, scientifique. »


Ne vous semble-t-il pas que, depuis quelques paragraphes, le ton de la déclaration s’est quelque peu modifié ? On dirait que Félix Pyat, fatigué, a cédé la plume à Pierre Denis ou à Delescluze. Après le communalisme, le socialisme.


« La révolution communale, c’est la fin du vieux monde gouvernemental et clérical, du militarisme, du fonctionnarisme (ce nouveau rédacteur paraît aimer les mots en isme), de l’exploitation, de l’agiotage, des monopoles, des privilèges, auxquels le prolétariat doit son servage, la patrie ses malheurs et ses désastres. »


Eh ! mon Dieu, je ne demanderais pas mieux, moi ; mais si j’étais bien sûr ique le citoyen Rigault, au moyen d’une loupe perfectionnée qui lui permet de nous observer à plusieurs kilomètres de distance sans quitter son cabinet ni son fauteuil, si j’étais bien sûr que le citoyen Rigault n’est pas en train de lire, par-dessus mon épaule, ce que j’écris en ce moment, je me permettrais peut-être d’insinuer que la révolution du 18 mars, au contraire, me paraît, jusqu’à cette heure, le triomphe éclatant de la plupart des crimes qu’este prétend avoir supprimés.


« Que cette chère et grande patrie, trompée par des mensonges et des calomnies, se rassure donc ! »


Dame ! pour qu’elle se rassure, il y a un moyen : allez vous-en !


« La lutte engagée entre Paris et Versailles est de celles qui ne peuvent se terminer par des compromis illusoires. L’issue n’en saurait être douteuse. (Oh ! non, elle n’est pas douteuse !) La victoire poursuivie avec une indomptable énergie par la garde nationale restera à l’idée et au droit. »


« Nous en appelons à la France ! »


À quoi bon, puisque vous avez l’indomptable énergie de la garde nationale ?


« Avertie que Paris en armes possède autant de calme que de bravoure… »


Voilà une chose que vous persuaderez difficilement à la France !


« Qu’il soutient l’ordre avec autant d’énergie que d’enthousiasme… »


L’ordre ! l’ordre ! sans doute, celui qui régnait à Varsovie, l’ordre qui régnait le lendemain du 4 décembre.


« Qu’il se sacrifie avec autant de raison que d’héroïsme… »


Oui, la raison d’un homme qui se précipite du quatrième étage pour prouver à la rue que sa tête est plus dure que les pavés.


« … qu’il ne s’est armé que par dévouement pour la gloire et la liberté de tous. — Que la France fasse cesser ce sanglant conflit ! »


Elle le fera cesser, soyez tranquilles, mais pas de la façon dont vous l’entendez.


« C’est à la France de désarmer Versailles… »


Convenons que jusqu’à présent elle a fait précisément le contraire.


« … par la manifestation de son irrésistible volonté. Appelée à bénéficier de nos conquêtes, qu’elle se déclare solidaire de nos efforts, qu’elle soit notre alliée dans ce combat qui ne peut finir que par le triomphe de l’idée communale ou la ruine de Paris. »


La ruine de Paris, ce n’est, je suppose, qu’une expression figurée ?


« Quant à nous, citoyens de Paris, nous avons la mission d’accomplir la révolution moderne la plus large et la plus féconde de toutes celles qui ont illuminé l’histoire.

« Nous avons le devoir de lutter et de vaincre ! »

La Commune de Paris.


Telle est cette longue déclaration emphatique et souvent obscure. Elle ne manque pas pourtant d’une certaine éloquence ; et, bien qu’entachée à chaque instant d’exagérations manifestes, elle contient çà et là quelques idées justes ou du moins conformes aux vœux de la grande majorité. Détruira-t-elle le mauvais effet produit par les défaites successives des fédérés à Neuilly et à Asnières ? ramènera-t-elle à quelque faveur pour la Commune les esprits qui, de jour en jour, s’éloignent davantage des hommes de la Commune ? Non, il est trop tard. Affichée il y a quinze ou vingt jours, cette proclamation aurait été approuvée en quelques-unes de ses parties, et l’on aurait discuté les autres. Aujourd’hui, on passe et l’on sourit. Ah ! c’est que depuis trois semaines il s’est passé bien des choses. Les actes de la Commune de Paris ne nous permettent plus de prendre ses déclarations au sérieux, et nous jugeons ses membres trop fous — sinon pires, — pour croire que par hasard ils ont pu être raisonnables. Ces hommes ont fini par rendre exécrable ce qu’il y avait de bon dans leur idée.