P.-G. Delisle (p. 261-262).


DEUX AMOURS




Un jour, je pénétrai dans une humble chapelle.
La nef était déserte ; une lampe y brûlait,
Emblème d’un amour dont la flamme immortelle
Sous mes regards brillait.

À travers une grille, au fond du sanctuaire,
Austère, agenouillée aux pieds d’un crucifix,
Une femme portant l’habit du monastère
Priait, les yeux ravis.

Dans ses traits se peignait l’extase de son âme,
À l’Époux répondant et parlant tour à tour ;
Et dans son œil brillait une céleste flamme
De bonheur et d’amour.


Le lendemain, à l’heure où le soleil s’incline,
Je passais en rêvant près d’un jardin en fleurs,
Et le long d’un sentier tout bordé d’aubépine
Je vis deux promeneurs.

Ils échangeaient souvent des regards pleins de charmes,
Et, la main dans la main, ils marchaient en causant ;
Ils semblaient partager un bonheur sans alarmes,
Mais serait-il constant ?

Bien des fois, jeune fille, à cet âge où l’on aime,
Vous avez vu passer en rêve ces tableaux.
Il vous reste à choisir ; l’embarras est extrême :
Tous deux semblent si beaux !



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