P.-G. Delisle (p. 259-260).


L’AUTOMNE


Sunt lacryma rerum


N’en doutons pas, il est des larmes dans les choses.
Et notre terre boit des océans de pleurs !
C’est l’automne, et le ciel a pris des traits moroses,
Sous des nuages noirs il cache ses douleurs !

Les ronces des sentiers ont étouffé les roses ;
Dans les vallons jaunis dépérissent les fleurs ;
Les coroles des lis à peine sont écloses
Qu’un orage flétrit leurs brillantes couleurs ;


Le fleuve en soupirant raconte à ses rivages
De lugubres secrets et d’horribles naufrages ;
L’arbre se plaint, la brise a des gémissements !

Tout souffre et semble en proie à la lutte suprême.
Comme l’humanité, la nature elle-même
À ses heures de deuil et ses abattements !…


Pointe-au-Pic Novembre 1880,




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