P.-G. Delisle (p. 247-248).


DANS LES MONTAGNES




La neige couronnait le front des Laurentides,
Et, de sa toison blanche entassant les flocons,
Étendait son tapis sur les sommets arides,
Ou dans les sapins verts suspendait ses festons.

À l’horizon brumeux, derrière les collines,
S’annonçait du soleil le disque radieux ;
Mais il ne colorait de teintes purpurines
Que les crêtes des monts se perdant dans les cieux.

Dans les flancs ténébreux de la montagne altière,
Et sous les bois touffus la nuit régnait encor ;
Mais bientôt le soleil poursuivant sa carrière
Jusqu’au fond des ravins lança ses rayons d’or.


Et je songeais au temps où, dans l’ombre du vice,
Après avoir longtemps dormi son lourd sommeil,
Le monde vit enfin le Soleil de Justice
Se lever rayonnant à l’horizon vermeil !

Mais l’Homme-Dieu, pensais-je, en luisant sur le monde
N’éclaira par d’abord les sommets et les grands ;
Les humbles, les premiers, à sa lueur féconde
Virent la Vérité pénétrer dans leurs rangs.

Le rayon du soleil descend des hautes cimes ;
Mais celui que Jésus verse sur l’univers,
Avant de s’élever à des hauteurs sublimes,
Éclaira les vallons, les grottes, les déserts.

Des huttes des bergers, du seuil de la chaumière,
Il monta lentement ; puis on le vit grandir,
Inonder les palais d’un fleuve de lumière,
Et sur le monde entier s’étendre et resplendir !


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