P.-G. Delisle (p. 249-250).


LE LIVRE DE LA VIE




Le livre de la vie est vraiment monotone ;
Le nombre des feuillets en est seul varié.
La préface promet beaucoup plus qu’il ne donne,
Et le bonheur en est le chapitre oublié !

Sa lecture jamais n’a satisfait personne.
En brochure il se brise, et s’il est relié
N’est-ce pas en chagrin ? Pour moi ce qui m’étonne,
C’est qu’on lise toujours ce livre décrié !


Il est vrai que parfois la tranche en est dorée,
Mais l’or est toujours mince et dure peu de temps ;
L’hiver flétrit si tôt les couleurs du printemps !

La page en est aussi quelquefois décorée ;
Mais les gais ornements sont rares et perdus
Parmi les dessins noirs et les pleurs répandus !



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