H. Daragon (p. 115-118).
VII
 
Incubat, Succubat
 

Rappelons ces lignes de Paracelse :

« Dieu permet que les Nymphes non seulement soient vues de certains hommes, mais encore entretiennent des relations avec eux et en aient des enfants. Ces enfants sont de race humaine parce que le père, étant homme et descendant d’Adam, leur donne une âme qui les rend semblables à lui. Et je crois que la femelle qui reçoit cette âme est, comme la femme, rachetée par le Christ. Nous ne parvenons au royaume divin qu’au tant que nous communiquons avec Dieu. De même, cette femelle n’acquiert une âme qu’au tant qu’elle connaît un homme. Le supérieur, en effet, communique sa vertu à l’inférieur. Ces êtres recherchent notre amour pour s’élever, comme les païens recherchent le baptême pour acquérir une âme et renaître avec le Christ. »

L’Église confesse l’existence des Élémentals, et permet de les invoquer. Elle permet également à l’homme d’entretenir des relations avec eux, et ne déclare pas ce commerce impie, Elle autorise donc l’incubat et le succubat, (L’incubât est le commerce d’un être de l’invisible avec une femme, le succubat celui d’un être de l’Invisible avec un homme).

Pourtant, certains rituels disent qu’elle les proscrit. Il faut distinguer : elle proscrit l’incubat et le succubat exercés par des démons, mais non ceux exercés par des Élémentals. Car, les incubes et succubes sont tantôt démons, tantôt Élémentals[1].

Ils sont, quelquefois aussi, animaux.

Bien entendu, l’incubat ou le succubat est tantôt voulu, désiré, tantôt contraint. En ce cas, il faut se dépêcher de chasser l’élémental ou le démon selon les moyens indiqués. Il est voulu chez les spirites.

Voici ce que Del Rio déclare dans ses Controverses et recherches magiques :

« … Les Démons peuvent prendre les corps de quelques trépassés, ils peuvent les mouvoir et les enchanter à leur volonté. Il peut naître quelque chose de l’accouplement d’un incube avec la sorcière ; Satan se sert en cela de la semence que l’homme perd en songe ou bien en quelque autre façon, car les démons manquent eux-mêmes de semence, laquelle est le résidu des viandes mieux cuites dans l’estomac des hommes.

« De l’accouplement du démon incube avec la femme, il peut naître quelque chose ; le démon n’en est pas le vrai père, mais l’homme dont le démon a pris la semence,

« Toutes les sorcières s’accordent en cela que la semence qu’elles reçoivent du diable est froide comme glace et qu’elle n’apporte aucun plaisir, mais horreur plutôt. C’est quand il n’a point intention d’engendrer ce qui arrive lorsqu’il se couple avec celles qui, comme les sorcières, n’ignorent pas que ce soit un démon. (Avec les autres, au contraire, le diable ne doit pas faire horreur ! il doit, pour se les attacher définitivement, leur procurer le plus de plaisir possible ! — Note de l’auteur).

« Les démons peuvent faire qu’une vierge d’âme et de corps conçoive, non toutefois sans semence d’homme. Car ils peuvent jeter une seconde et vraie semence prise dans la nature d’une fille endormie ou n’y pensant point, sans qu’elle soit aucunement corrompue. Mais ils ne sauraient faire que sa virginité se conserve en l’accouchement. »

Pour mémoire, il importe de rappeler des mots « incubation » et « succomber » ; il y a une étrange analogie…

Jacques de Voragine raconte qu’un prêtre tenté par un succube nu lui jeta son étole à ta tête et qu’il ne resta devant lui que le cadavre d’une femme morte que le Diable avait animé pour le séduire.

« Dans les cloîtres, dit J. K. Huysmans, des religieuses sont chevauchées sans arrêt pendant deux, trois, quatre jours par des incubés !

« L’organe de l’être incube se bifurque, et, au même moment, pénètre dans les deux vases, D’autres fois, il s’étend, et pendant que l’une des branches de la fourche agit par les voies licites, l’autre atteint en même temps le bas de la face… »



  1. Ils peuvent être, aussi, des Anges. Et, naturellement, l’Église autorise le commerce avec les Anges. Il faut bien se rappeler que l’Église donne aux Anges un corps ; voici un passage textuel du Concile de Latran ; « Les anges sont des intelligences non tout à fait dépourvues de corps et non insensibles : ils ont un corps subtil de la nature de l’air ou du feu. On les a vus sous la figure humaine. »

    Où s’arrête l’amour spirituel ? On se rappelle dans La Faute de l’abbé Mouret, le chef-d’œuvre de Zola, l’abbé Mouret terrassé par son amour pour la Vierge. Et certains passages de Sainte Catherine de Gênes et de Sainte Madeleine de Pazzi ne laissent aucun doute sur la nature de l’amour qu’elles éprouvent pour Jésus et la Vierge.