Le premier livre des Sonnets pour Hélène/Ce siecle où tu nasquis
X
Ce siècle où tu nasquis ne te cognoist, Helene :
S’il sçavoit tes vertus, tu aurois en la main
Un sceptre à commander dessus le genre humain,
Et de ta majesté la terre seroit pleine.
Mais luy tout embourbé d’avarice vilaine,
Qui met comme ignorant les vertus à desdain.
Ne te cognut jamais : je te cognu soudain
A ta voix, qui n’estoit d’une personne humaine.
Ton esprit en parlant à moy se descouvrit,
Et ce-pendant Amour l’entendement m’ouvrit,
Pour te faire à mes yeux un miracle apparoistre.
Je tiens (je le sens bien) de la divinité,
Puisque seul j’ay cognu que peut ta Deité,
Et qu’un autre avant moy ne l’avoit peu cognoistre.