Le premier livre des Sonnets pour Hélène/Le Soleil l’autre jour
XI
Le Soleil l’autre jour se mit entre nous deux,
Ardent de regarder tes yeux par la verrière :
Mais luy, comme esblouy de ta vive lumière,
Ne pouvant la souffrir, s’en-alla tout honteux.
Je te regarday ferme, et devins glorieux
D’avoir veincu ce Dieu qui se tournoit arrière,
Quand regardant vers moy tu me dis, ma guerriere,
Ce Soleil est fascheux, je t’aime beaucoup mieux.
Une joye en mon cœur incroyable s’en-vole
Pour ma victoire acquise, et pour telle parole :
Mais longuement cest aise en moy ne trouva lieu.
Arrivant un mortel de plus fresche jeunesse
(Sans esgard que j’avois triomphé d’un grand Dieu)
Tu me laissas tout seul pour luy faire caresse.