Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 172-173).
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ENtre les deux Nostre-Dame d’Aoust & de Septembre, prenez deux liv. de grains de genevre verds, pilez-les dans un mortier de marbre où de pierre pour les réduire en paste, mélez parmy ladite paste dans le mesme mortier deux livres de beurre frais, & avec le pilon mélez le tout fort exactement, & mélez la composition dans un poëlon sur un feu clair, faites cuire à petits bouillons environ une heure, & passez au travers un linge assez fort pour l’exprimer ensuitte à la presse, jettez le marc, & remettez dans le mesme poëlon, le beurre qui sera passé, adjoûtez y parmy une livre de grains de genevre verds réduits en paste, à force de piler, faites cuire à petits boiiillons pendant une demie heure, puis passez & exprimez à la presse comme cy-devant, faites en en autant une troisiéme fois avec seulement demie livre de grains de genevre verds pilez, que vous mélerez dans le beurre, & l’ayant cuit & pressé comme cy-devant vous le garderez comme le véritable beaume des nerfs.

Lors que vous voudrez vous en servir, il faut frotter la jambe foulée avec la main séche jusques à ce que le nerf soit fort chaud, pour y mettre gros comme une noix de ce Beaume, & par dessus le Beaume frotter avec un demy verre d’eau de vie à chaque jambe pour faire penetrer le Beaume à force de frotter, & mettre peu à peu le demy verre d’eau de vie, à chaque jambe quand on a étendu le Beaume au long du nerf, continuer pendant dix jours puis laver les jambes avec de la laveure d’écuelles pour les bien nettoyer.

Les jambes deroides & séches deviendront belles & souples, si dans le commencement il fait enfler, il ne faut pas s’en étonner, car la plus part des remedes chauds & penetrans font enfler, mais on dissipera facilement l’enflure pourveu que la cause du mal soit ostée, j’ay proposé dans les Chapitres precedens, d’assez bons remedes pour desenfler ; presque toutes les jambes foulées Chap.
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deviennent enflées par le temps.

Beaucoup de gens qui ont leu ce Livre, m’ont dit qu’il leur estoit assez inutile, en ce que demeurant à la campagne, ils ne pourront jamais trouver les drogues qui sont necessaires pour guerir leurs Chevaux, qu’ainsi ils me prioient de leur dire comme quoy il en faut user pour ne pas estre dans cet embarras ; ces Messieurs qui voudroient bien tout sçavoir sans rien apprendre, quand ils entendent nommer les drogues les plus communes, croyent que c’est de l’Hebreu, & qu’on ne peut parvenir à la connoissance de ces ingrediens. Ma réponce a esté que j’ay toûjours cherché les remedes les plus familiers, les drogues les plus en usage, & les plus communs, qu’ils ne manquent pas de Droguistes, & d’Apothicaires, pour les tirer de cet embarras & que je me sers d’un Droguiste qui compose tous les remedes de ce Livre : son addresse est au premier Chapitre. C’est la methode que j’ay donné à ces Messieurs pour n’estre pas dans l’embarras qu’ils se sont figurez, qui ne sera point pour celuy qui a quelque connoissance des remedes. Si on pouvoit guerir les maux sans medicamens, ce seroit la meilleure, & la plus belle chose du monde ; comme cela ne se peut, ou apprenez à les connoistre, ou plûtost ne faites rien du tout à vos Chevaux quand ils sont malades, ils gueriront ou ils ne gueriront pas tres-assurément, & vous n’aurez aucun embarras, sinon d’en acheter d’autres quand ils seront ruinez, estropiez, ou morts ; car de se former des difficultez où il n’y en a point, c’est justement se noyer dans un verre d’eau. Si je sçavois un autre chemin je l’enseignerois.

J’ay mis un Baume ardent cy-apres Chapitre XCV. qui est tres-bon pour les jambes usées, foulées, ou douloureuses ; si vous l’appliquez tous les jours, apres avoir fort échauffé le nerf avec la main, il ne causera aucune enflure, & ne fera pas tomber un poil de la jambe.