Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 115-116).
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PRenez les herbes suivantes, qui auront esté sechées à l’ombre ; à sçavoir, Rhuë, calament, origan, pouliot, de chacune une poignée, semences de pastenades, de cumin, de fenouil, bayes de laurier, de chacune une once, huile d’olive deux livres, vin blanc une livre ; mettez en poudre les semences, & concassez les herbes, le tout ensemble dans un pot de terre vernissé, mettant un autre pot par dessus un peu moindre que celuy de dessus pour couvercle, luttant les jointures avec de la terre grasse ou de la pâte : faites cuire à feu lent jusqu’à la consomption de la moitié du vin, ce qui se fera environ dans six heures. Laissez-le refroidir à demy : passez l’huile, & la remettez avec quatre onces de poulpe de coloquinte dans le mesme pot, couvrez-le & le lutez de mesme, puis le faites cuire pendant six ou huit heures à une chaleur modérée : ensuitte faites bouillir à gros bouillons une demy heure, & le laissez à demy refroidir, puis Chap.
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découvrez le pot, coulez & exprimez, & gardez cette huile dans un vaisseau.

Dans un lavement ordinaire trois ou quatre onces de cette huile feront tres-bien pour chasser les vents & entraîner les humeurs visqueuses, qui bien souvent & presque toujours causent les tranchées : Cette huile est excellente pour les lavemens, elle fait plus que les électuaires qui coûtent bien plus cher ; l’experience vous en fera connoistre la bonté.

J’ay veu mourir des Chevaux par des tranchées causées de ventositez, ausquels tous les remedes precedens n’ont pû apporter de soulagement, quoy qu’on les aye pratiqué avec soin : comme on les a fait ouvrir estant morts, les boyaux se sont trouvez aussi enflez, que si on les avoit souflé à dessein. De remede à cela je n’en sçache point d’autre que de bons lavemens, de promener incessamment le Cheval, & ne luy donner de repos, que le moins qu’on peut, luy donner deux pilulles puantes, & une heure apres encore deux, si le mal continue, une troisieme prise encore une heure apres, on peut donner des lavemens entre les deux prises de pilulles, & par cette methode les vents pourront se dissiper. Il ne faut pas apprehender de donner trois prises de pilulles en trois heures, ils n’échaufferont pas trop, & pourront guerir le Cheval.