Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 77-84).
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LEs Chevaux peuvent avoir des maux aux Yeux ou par fluxion ou par accident, c’est à dire, ou par cause interne ou externe.

La fluxion est une inflammation de l’œil qui survient en cette partie par le transport & l’envoy des humeurs acres & picquantes, qui échauffent & font de la douleur, ce que vous connoistrez en ce que les yeux seront pleurans, chauds, rouges, & enflez : Et comme la fluxion ne vient pas pour l’ordinaire tout d’un coup, vous pouvez tous les jours remarquer le progrés du mal.

Lors que les maux des yeux sont causez par un coup, heurt ou blessure, bien-tost apres l’accident arrivé, le mal est presque au plus haut point où il puisse aller, de plus on connoist au dehors de l’œil qu’il y a écorchure ; le plus seur est d’estre adverty du coup reçcu, qui dénote que le mal est fait par cause externe : le mal qui provient d’un coup a les mesmes signes que celuy de la fluxion, il est pourtant moins dangereux, en ce que la mauvaife disposition du corps ne s’y rencontre pas.

Lors qu’on s’est apperçeu que le mal est causé de fluxion, il faut tâcher de découvrir si elle est simpatique ou idiopatique : la fluxion simpatique est celle qui se fait par la simpatie de la partie malade avec une ou plusieurs parties, qui le seront aussi, & celles-cy-cessant & estant remises en bon estat, la premiere le fera : Par exemple, si le foye ou autre partie est fort chaud, & qu’il fasse un sang extrémement subtil & bouillonnant, ce sang pourra causer chaleur & fluxion sur l’œil, quoy que d’ailleurs l’œil soit sans mal en soy, mais il en souffre par la simpatie avec le sang qui est trop chaud & trop subtil pour la nourriture & l’entretien de l’œil, & ainsi des autres parties : si elle est idiopatique, ce sera lors que l’œil dans sa propre substance sera affligé, ou manque de formation, ou manque d’esprits pour l’animer, ou finallement par quelque dissipation ou perte de substance, & ceux-cy sont plus dangereux, & sont presque sans remede : car les fluxions par simpatie se guerissent avec les bons remedes, mais quand le mal est dans l’œil mesme, & qu’il est grand, il y a peu de remedes : c’est en quoy les maux qui ont leur augmentation ou diminution attaché au cours de la Lune sont presque toujours incurables ; ceux-là sont simpatiques & idiopatiques : simpatiques avec le Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/92 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/93 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/94 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/95 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/96 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/97 Chap.
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tendres, & pleurent facilement, mesme souvent l’eau qui en sort est si acre qu’elle corrode la superficie du cuir où elle touche ; il faut bassiner ces yeux là avec de l’esprit de vin ou de l’eau de vie, en moüillant tout le tour de l’œil par en haut & en bas soir & matin, ce qui est assez pour le guerir.