Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 494-495).
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LEs tenesmes, les flux de ventre, les hemorroïdes, d’avoir coupé la queuë, & autres maux font faire de si violens efforts, ou causent de si grandes douleurs aux Chevaux, que le fondement leur en sort, & paroist évidemment hors de sa place. Il arrive aussi pour quelque grand effort que le fondement tombe à un Cheval, & le plus souvent d’avoir coupé la queuë ; cette incommodité est allez considerable, car elle peut avoir des suittes fâcheuses ; il faut donc le frotter avec de l’huile rosat tiede, ensuite tâcher à le remettre : que si apres l’avoir fait deux ou trois fois, on n’apperçoit aucun amendement, faites le remede suivant.

Prenez demie livre lait de chévre, ou de vache au deffaut, qui est un demy-feptier, six dragmes sel de Saturne, battez bien le tout ensemble jusqu’à ce qu’il se lie & prenne quelque consistence, ce qui se fera en cette sorte : broyez fort dans un mortier de marbre le sel de Saturne, puis mélez un peu de lait, & broyez & incorporez bien ensemble, adjoûtez encore un peu de lait, broyez comme auparavant, jusqu’à ce que vous ayez reduit le tout en forme de serat liquide. S’il y a du lait de reste, il le faut jetter, car quelquefois le sel de Saturne en boit plus, d’autres fois moins, ainsi il faut se regler jusqu’à ce que le tout soit reduit en onguent fort liquide, duquel vous frotterez une tante que vous mettrez dans le fondement, & en appliquerez tout autour, le remede estant continué, fera rentrer ce qui estoit sorty, & guerira le Cheval.

Nottez que les Chevaux ausquels le fondement sort pour avoir eu la queuë coupée, s’il y a grande enflure, sont en danger de mort, car c’est presque toujours un signe de gangrene dans la queue, qui gagne le filet des reins ; le remede precedent y peut estre appliqué, & s’il ne reussit, comptez pour un Cheval perdu celuy qui a ce mal.

Autre Remede.

Prenez de la poudre d’escailles d’huistres bien brûlées, deux onces, l’écorce du milieu du bois de fresne toute fraîche quatre onces, un quarteron de bon miel, demie livre pâte de seigle preste à mettre au four, c’est à dire de la pâte levée, pilez Chap.
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l’écorce de fresne bien exactement, puis mélez avec la pâte & la poudre d’écaille, calcinée & le miel, & du tout faites un cataplasme qu’il faut avoir bien mélé & l’appliquer à froid, le lier le mieux qu’on pourra sur le fondement, reïterer de douze en douze heures en remettant du nouveau, c’est à dire renouveller l’appareil.

Si vous ne pouvez avoir de l’écorce du milieu de fresne toute fraîche, prenez de la séche seulement deux onces, & la mettez en poudre pour la méler avec la pâte comme cy-devant.

Le serat refrigerant de Galien, l’Album rasis, & autres remedes Galeniques feront quelque chose à ce mal, mais les remedes precedens feront plus d’effet.

Et si le fondement ne vouloit pas rentrer par tous les remedes precedens, comme il arrive souvent, l’inflammation & la grande chaleur en estant ôtées, & ne pouvant mieux faire on coupe ce qui sort du fondement, & qu’on ne peut remettre : on le coupe avec un couteau de feu bien tranchant, afin d’empécher l’émorragie, à quelques-uns il r’entre d’abord qu’ils ont esté un quart où demie heure arrestez ; mais si vous les faites trotter seulement trente pas, d’abord il sort, c’est une marque qu’il y a fistule : il faut prendre le temps qu’elle est hors du fondement, la lier avec une bonne ficelle, & la couper toute entiere avec un couteau de feu tranchant.

Il faut ensuite graisser la playe tous les jours avec de l’Album rasis, jusqu’à ce que l’escarre soit tombée, puis frotter la chair vive avec du Siccativum rubrum, bien des Chevaux sont échapez par-là, & beaucoup de Mareschaux à Paris, ont fait cette cure par mon ordre qui jamais ne l’avoient veu faire, quoy que d’ailleurs habiles dans leur art, & qui ont vû guerir les Chevaux de leurs fistules.