Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 398-401).
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LEs causes ordinaires de la fiévre, sont toutes les choses qui peuvent contribuer à l’ébulition & fermentation des humeurs, comme tout ce qui échauffe, soit exercice violent, soit l’usage d’alimens chauds, principalement en esté : Par exemple, tout ce qui contribue à la plénitude, car dans une trop grande repletion la nature n’est pas maistresse des humeurs, qui luy resistent & qui croupissent, ce qui cause leur pourriture & leur ébulition : comme aussi tout ce qui bouche les passages, tant pour l’évacuation des excremens, principalement de ceux de l’habitude du corps, qui sont en tres-grande quantité, que pour le cours libre naturel du sang, qui passe tant de fois le jour du cœur aux arteres, & des arteres aux veines, & de celles-cy au cœur ; Ainsi un Cheval échauffé qu’on expose à un air froid, ou qui boit de l’eau vive, pour peu de disposition qu’il y ayt, est fort susceptible de la fiévre : Enfin, tout ce qui peut troubler l’œconomie du corps, est capable de donner la fiévre.

Les signes de la fiévre, sont la respiration frequente & difficile, avec de grands battemens de flanc, chaleurs à la bouche, à la langue, & par tout le corps, les lévres & les oreilles pendantes & basses, les veines enflées : De plus, le Cheval chancele en cheminant, il ne se couche que rarement. S’il se couche il se releve d’abord, ne pouvant demeurer couché, à cause qu’il a en cette posture plus de peine à respirer que lors qu’il est débout : il perd absolument le manger, ou ne mange que par boutade : le cœur luy flotte & bat contre les côtes : il a les yeux tristes & luisans, il chemine avec peine, il ne regarde point ceux qui approchent de luy, Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/413 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/414 Chap.
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& on y met du sucre à discretion : L’orge doit cuire cinq heures à feu lent.

A Paris on trouve de la farine d’orge chez les Grenetiers, il faut en prendre cinq quarts de livre, la tamiser pour ôter le gros son, & du reste avec deux pintes d’eau en faire de la boüillie, qu’il faut faire cuire jusqu’à ce qu’elle s’épaississe, lors ajoûtez deux onces de sucre, & faites avaller le tout tiede au Cheval, cela suffira pour le nourrir vingt-quatre heures, au bout de ce temps vous recommencerez.

Il est souvent necessaire de reïterer la saignée quand le mal ne diminue pas, la continuation des frictions, & lavemens est toûjours profitable.

Il est tres-important pour guerir la fiévre, de sçavoir de quelle cause elle vient, car si c’est d’avoir souffert du froid & du serain, il faudra fouvent reïterer les frictions, & tenir le Cheval couvert, luy donnant souvent des lavemens ; si son mal vient d’avoir souffert d’extremes fatigues, il luy faut souvent presenter à boire de l’eau qui ait boüilly, & en suite mettre dedans une poignée de farine d’orge, & luy donner des feuilles de vigne, si c’est au temps & qu’il en vueille, ou bien il faudra le nourrir avec panades ou pain cuit, bien clair, sans graisse, beurre, ny sel, mais seulement avec du sucre.

S’il a la fiévre pour avoir mangé des vivres corrompus, il sera bon de reïterer la saignée, & de donner des lavemens avec une décoction émolliente, dans laquelle vous mettrez une poignée de fiente de pigeon bien pillée, & demie livre de beurre salé, & une chopine de vin émetique.

Je me suis toûjours bien trouvé de l’usage du vin émetique dans des lavemens, mais il n’en faut pas abuser ; Comme les fiévres sont fort dangereuses, souvent on accuseroit le remede, & non pas la violence du mal.

Cette sorte de fiévre demeurant simple, sera guerie sans doute par ces remedes ; mais elle degenere souvent en putride.