Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 392-396).
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LE battement de cœur ou palpitation, est un mouvement violent precipité du cœur oppressé qui se veut délivrer de ce qui luy est nuisible : la cause la plus ordinaire de ce travail est une vapeur ou fumée maligne, qui procede en partie de l’humeur mélancolique, lorsqu’elle croupit dans les veines, & passe dans la grande artere, qui fait le battement de cœur : la mauvaise nourriture, & les fatigues extraordinaires, les eaux corrompuës, & tout ce qui cause chaleur ou obstruction, sont les causes de cette maladie.

Le battement de cœur est aisé à appercevoir, car lors que le cœur palpitte, il semble qu’à l’endroit qui est entre l’épaule & la sangle, il doit rompre les côtes pour sortir. Lors que la palpitation est violente le cœur bat si fort contre les côtes, que l’on voit visiblement mouvoir la peau à chaque battement, & si l’on approche l’oreille des côtes, on entend dans le corps du Cheval un coup comme d’un marteau, & cela de tous les deux côtez à la fois. En Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/407 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/408 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/409 Chap.
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Breuvage cordial pour la Palpitation.

Prenez les herbes de chardon benit, de fauge, & de romarin, de chacune demie poignée, faites une chopine de décoction, faifant boüillir les herbes demie heure, dans trois demy-septiers d’eau ; puis les coulez, & y adjoûtez une chopine de vin blanc, & les poudres suivantes, bayes de genevre, aristoloche ronde, myrrhe, & raclure d’yvoire de chacune une dragme, galanga, canelle & giroffle de chacune un scrupule, & six grains de saffran : donnez le tout tiede au Cheval, promenez-le une demie heure, & deux heures apres donnez-luy un lavement carminatif, comme nous l’avons décrit cy-devant.

Continuez à le traitter de cette methode, vous conformant au temps & à l’occasion : pour sa nourriture le son luy est bon, le foing & le pain de froment ; les Chevaux ne meurent gueres de cette maladie : le mal est quelquefois fort violent, mais il disparoist bien-tost pour revenir une autre fois.